Lors d’un incendie, Shade a fait bien plus que son travail

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Par Ghyslain Bergeron
Lors d’un incendie, Shade a fait bien plus que son travail
Sonia Lemoyne et Madeleine Arsenault accueillent des chiens d'assistance en formation de l'Academie Stella. (Photo : Ghyslain Bergeron)

BIEN ÊTRE. Le 12 juillet dernier, Shade, une chienne d’assistance formée pour intervenir auprès des gens qui vivent avec un choc post-traumatique, a fait bien plus que son travail. Elle a aboyé en plein milieu de la nuit pour avertir ses maîtres qu’un incendie avait éclaté l’autre côté de la rue, sur la rue Holmes, à Drummondville.

Elle s’appelle Shade et fait partie de la grande famille de l’Académie Stella chien d’assistance. Elle est une chienne bouvier bernois de 18 mois. Bientôt, elle terminera sa socialisation au sein de la famille Lemoyne. Il y a quelques semaines, Shade dormait paisiblement aux côtés de Sonia Lemoyne, la maîtresse de la maison, quand un sinistre est survenu.

«Elle s’est mise à aboyer un peu avant que l’on constate l’incendie. Elle a certainement vu ce qui se passait. Par la suite, elle ne cessait de bouger de tous les bords et elle continuait à japper. On a réalisé qu’il y avait un feu sous l’escalier de l’immeuble en face de chez nous. Elle a fait ça d’instinct, car ce ne sont pas des choses que l’on apprend au chien», avait raconté Mme Lemoyne lors du sinistre.

Stella. (Photo Ghyslain Bergeron)

À la suite de ces événements, après que les Lemoyne aient réintégré leur résidence, Shade a fait ce qu’elle sait le mieux faire : réconforter.

«Elle est venue se coller sur nous, car elle savait que nous avions vécu une situation pour le moins inhabituelle, voire stressante. Ça, c’est son vrai travail et elle l’a bien fait», a indiqué Mme Lemoyne.

Qu’est-ce que l’Académie Stella

L’Académie Stella chien d’assistance se spécialise dans la formation de chien au niveau du stress post-traumatique. Elle est basée dans la région de Québec.

«C’est né de l’idée d’un policier vétéran des Forces armées canadiennes, Éric Racicot, qui a vécu un choc post-traumatique dans ses fonctions. Il s’est dit que si ça avait fonctionné avec lui et son chien Stella (d’où l’origine du nom de l’organisme), ça pourrait aider d’autres gens», a expliqué Madeleine Arsenault qui est aussi famille d’accueil.

Constatant le manque flagrant de services thérapeutiques, M. Racicot a alors entamé une formation comme entraîneur canin et s’est entouré d’une équipe pour développer le programme de l’organisme à but non lucratif.

«On accueille des chiens qui peuvent être âgés de seulement deux mois et ils retrouvent leur bénéficiaire vers 18 mois.

Toutes les fois, ça nous vire le cœur de voir partir nos chiens, mais comme nous avons des rencontres régulières avec les bénéficiaires, on apprend à les connaître et on est sécurisées», ont confié avec émotion les deux femmes qui sont impliquées avec l’organisme depuis quelques années.

Même si les chiens ne sont pas formés intensivement, les bêtes doivent tout de même acquérir un minimum de capacités cognitives et être soumises au plus de stimuli possible avant de pouvoir intervenir auprès de leur bénéficiaire. Par la suite, la formation se poursuit avec le bénéficiaire et un éducateur canin de la fondation.

«Il y a une liste de choses à travailler. Par exemple, Shade vivait dans le bois avec sa famille d’accueil. Alors, ils me l’ont envoyée pour qu’elle découvre la ville, les bruits urbains, être capable de se faire promener en laisse et qu’elle puisse sociabiliser avec le plus de monde possible. Quand nous avons besoin de conseils, l’équipe de l’académie est facile à joindre. Elle réussit très bien, c’est vraiment une bonne chienne», a ajouté Mme Lemoyne.

L’Académie Stella est un OSBL peu connu, mais qui a tout de même formé une quarantaine de chiens au cours des dernières années. «L’acceptation sociale est bonne. Avec le foulard et le harnais, les gens comprennent que c’est un chien d’assistance. Plus ça ira, plus les citoyens vont reconnaître le foulard bleu qui caractérise l’académie. C’est aussi plaisant de voir des parents expliquer aux enfants qu’il ne faut pas toucher au chien, car il travaille», ont précisé les deux femmes.

Sonia Lemoyne et Madeleine Arsenault accueillent des chiens d’assistance en formation de l’organisme Stella. (Photo Ghyslain Bergeron)

Accueillir un chien d’assistance en formation est une tâche à temps plein et nécessite une implication totale de la famille.

«Nos conjoints et les enfants font partie du processus. C’est important de le dire. Nos chiens doivent suivre en tout temps, alors quand je vais enseigner, Shade vient avec moi et, sans nécessairement travailler, elle sécurise des élèves régulièrement», a expliqué Mme Lemoyne.

«Pour notre part, quand on sait que le chien va être redirigé vers son bénéficiaire, on le sort! On va faire du camping, on va au ciné-parc. On s’attache, mais on le fait pour la cause même si parfois c’est difficile», a raconté émotivement Mme Arsenault.

Dans la région, quatre familles accueillent des chiens d’assistance. Récemment, six chiots ont vu le jour et pourront aider dans un futur pas si lointain des personnes vivant avec un choc post-traumatique.

Pour joindre l’Académie Stella chien d’assistance ou devenir famille d’accueil, il faut visiter le https://stellapourlavie.ca/.

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