Soutien psychosocial : une meilleure prise en charge pour diminuer l’engorgement des urgences

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Par Cynthia Martel
Soutien psychosocial : une meilleure prise en charge pour diminuer l’engorgement des urgences
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SANTÉ MENTALE. Les personnes présentant une problématique psychosociale et demandant de l’aide seront dorénavant prises en charge plus adéquatement et rapidement. Un projet vient d’être mis sur pied en ce sens dans la région. Cela contribuera du même coup à utiliser judicieusement les transports ambulanciers et désengorger les salles d’urgence.

Le Centre de communication santé de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CCSMCQ) et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) se sont associés pour ce projet qui a pris forme en 2018 et qui devait être lancé au début de 2020.

«Au cours des trois dernières années, nous avons remarqué une hausse des appels de nature psychosociale au 911. Il faut comprendre que les services préhospitaliers dans lesquels on opère sont principalement conçus pour répondre de manière médicale à des situations d’urgence vitale, c’est-à-dire lorsque la vie de la personne est en danger ou, du moins, lorsque sa santé peut se détériorer rapidement. Le projet d’aujourd’hui concerne les demandes d’aide de personnes en détresse psychologique qui ne représentent pas un danger immédiat pour elle-même ou pour autrui», a précisé d’entrée de jeu Philippe Trudel, directeur général du CCSMCQ, en conférence de presse virtuelle le 8 juin.

Bon an mal an, 600 demandes au 911 se soldaient par un transport ambulancier ou la visite de policiers alors qu’une prise en charge par un intervenant psychosocial aurait suffi. Et cette donnée tendait à augmenter.

«Par cette nouvelle pratique, nous souhaitons élargir notre offre actuelle en nous ajustant aux besoins de la population. L’urgence d’un hôpital n’est pas la porte d’entrée de prédilection pour une personne qui a une problématique de nature psychosociale non urgente. À l’urgence, elle devra attendre pendant plusieurs heures avant de voir un professionnel parce que sa situation n’est pas considérée comme urgente. De plus, elle ne sera pas nécessairement prise en charge et orientée vers un service. En ce sens, un transfert d’appel au 811 Info-Social nous permettra d’agir de façon proactive et préventive pour bien repérer les besoins psychosociaux sur le terrain et de s’assurer que tout le soutien pouvant être offert à la personne le soit rapidement», a soutenu Marc-Antoine Tessier, chef de service Info-Santé et Info-Social au CIUSSS MCQ.

Précisément, lorsqu’un des répartiteurs du 911 évaluera qu’il s’agit d’une situation nécessitant un soutien psychosocial ne demandant pas le déploiement immédiat d’une ambulance, celui-ci transférera l’appel de la personne vers le 811 Info-Social, tout en demeurant en ligne jusqu’à ce qu’un intervenant prenne le relais.

«Pendant ce temps, les ambulanciers sur le terrain pourront se consacrer à des demandes nécessitant leurs compétences médicales, à des interventions prioritaires», a fait valoir M. Trudel.

Le délai de prise en charge par un intervenant psychosocial est estimé à deux minutes.

L’intervenant psychosocial qualifié offrira écoute, soutien, conseils et informations à la personne selon l’évaluation de son besoin. Celui-ci pourra également référer vers la ressource ou le service le plus approprié. Si l’intervenant évalue que la personne au bout du fil est en situation de crise, des intervenants de l’équipe de crise se rendront alors à domicile pour désamorcer la crise. La personne sera ensuite dirigée immédiatement vers un intervenant qui prendra en charge les prochaines interventions.

Assurer la sécurité

Ce projet prometteur a reçu l’aval du Dr François Parent, directeur médical régional des services préhospitaliers d’urgence.

«Cette initiative aura des répercussions positives à plusieurs niveaux, que ce soit pour la personne elle-même qui sera prise en charge rapidement ou les intervenants qui pourront répondre aux besoins urgents nécessitant réellement une ambulance et un suivi médical. Cette pratique prometteuse permettra aussi de diminuer l’engorgement de l’urgence».

Il a également tenu à préciser que la sécurité des patients demeure une priorité.

«Nous allons nous assurer que toutes les normes de qualité et de sécurité sont respectées», a-t-il assuré.

À cet effet, le CCSMCQ et le CIUSSS MCQ procéderont à un suivi rigoureux des situations où un transfert téléphonique vers le 811 sera réalisé.

«Enfin, nous rappelons à la population qu’elle peut communiquer en tout temps avec le service Info-Santé Info-Social, en composant le 811, pour une réponse immédiate à une problématique de santé non urgente ou de nature psychosociale. Des intervenants sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour vous soutenir et vous accompagner. De plus, il ne faut pas hésiter, en cas de problématique de santé majeure et urgente, à se présenter directement à l’urgence ou appeler le 911», a insisté le Dr Parent en guise de conclusion.

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