Deuxième journée de grève pour les enseignants du Cégep de Drummondville 

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Par Emmanuelle LeBlond
Deuxième journée de grève pour les enseignants du Cégep de Drummondville 
Une deuxième journée de grève s’est tenue au Cégep de Drummondville, le 13 mai. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

ÉDUCATION. Les enseignants et les professionnels du Cégep de Drummondville ont participé à une deuxième journée de grève, jeudi, pour faire avancer les discussions à la table de négociation, dans le cadre du renouvellement de leur convention collective.

Une soixantaine de participants étaient réunis sur la rue Marchand, à compter de 8h, pour protester contre l’inaction du ministère de l’Enseignement supérieur. Rappelons que la convention collective est échue depuis un an.

Rencontrés sur place, les membres du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Drummondville ont un discours unanime. Ils désirent des avancées concrètes.

Line Faucher est enseignante en soins infirmiers depuis 12 ans. Il y a quelques semaines, le gouvernement a reconnu que les stages dans ce programme représentent une charge importante pour les enseignants. Pourtant, rien n’a été fait pour pallier le problème, souligne-t-elle.

«C’est beau le dire et en parler, mais j’ai hâte de voir des actions concrètes. Pour le moment, il n’y a pas vraiment d’actions concrètes et je trouve ça dommage. En soins infirmiers, on a vraiment une surcharge et ce n’est pas juste le Cégep de Drummondville, c’est dans tous les cégeps à travers le Québec, malheureusement. Les profs sont essoufflés. On fait beaucoup d’heures qui ne sont pas reconnues. Ça a un impact sur nos étudiants», témoigne-t-elle, avec transparence.

Les étudiants sont au cœur des préoccupations des enseignants. «Je peux comprendre qu’on n’a peut-être pas la faveur du public en ce moment parce qu’on est en temps de pandémie. Je le comprends très bien. D’un point de vue extérieur, les gens peuvent penser qu’on se lamente pour rien. Ce n’est pas ça. C’est vraiment pour offrir des services aux étudiants et offrir un enseignement de qualité. Il y a beaucoup d’étudiants qui sont en détresse. On essaie de pallier ça», exprime-t-elle.

Alexandre Boisvert, représentant syndical et enseignant en sociologie. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Une réalité qui a évolué

Selon Alexandre Boisvert, représentant syndical et enseignant en sociologie, la réalité des enseignants a changé au fil du temps. «Depuis les dix dernières années, ici au Cégep, on a connu une augmentation de 200% d’étudiants qui éprouvent des difficultés scolaires, ce qu’on appelle des étudiants en situation de handicap. Ils ont des demandes et des besoins en service adapté. Les services adaptés comblent une partie de leurs besoins, mais le reste des besoins, ce sont les enseignants qui doivent les combler», amène-t-il.

La pandémie a aussi amené son lot de complications. «On est rendu des technos pédagogues avec les cours à distance. Ça demande davantage de formations pour être à jour. Les technologies évoluent. C’est aussi du temps qui doit être libéré pour que les enseignants puissent être en mesure d’aller se perfectionner à ce niveau-là», soutient-il.

En somme, ils veulent améliorer leurs conditions de travail, en ayant la même considération que ceux qui enseignent au niveau primaire et au secondaire. «On comprend  qu’il y avait des priorités au niveau du primaire et secondaire, ainsi que les soins, mais l’école continue aux études supérieures. Il ne faut pas abandonner ces étudiants-là. La meilleure façon pour les venir en aide, c’est d’aider les professeurs à pouvoir les aider.»

Sans oublier les professionnels

Les professionnels de l’éducation ont aussi participé à la grève pour faire entendre leur position. «Les professionnels ne sont pas du tout considérés par le gouvernement. Ils nous disent qu’ils vont faire des pistes d’exploration, mais on n’a jamais de suite», exprime Marc Pepin, conseiller pédagogique au Cégep de Drummondville.

Rappelons que les professionnels de l’éducation sont composés, entre autres, d’aides pédagogiques, de conseillers pédagogiques, de conseillers d’orientation et de psychoéducateur. Ces derniers portent aussi des revendications. «Dans l’équipe des professionnels, on est vraiment sous-payé. Nos corps d’emploi ne sont pas attractifs. On a de la misère à garder nos collègues parce que ce n’est pas rare que les professionnels aient 1000$ de moins que les enseignants.»

«On n’est pas ici par gaieté de cœur. On est ici parce qu’on est rendu-là. On n’est pas entendu donc on veut faire réveiller le gouvernement», complète-t-il.

Les enseignants et les professionnels ont manifesté jusqu’à 10h, pour ensuite entreprendre une marche jusqu’aux bureaux du député de Drummond–Bois-Francs, Sébastien Schneeberger.

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