Un avenir prometteur pour Maxime

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Par Marilyne Demers
Un avenir prometteur pour Maxime
Maxime Bergeron-Chrétien travaille comme aide à la production chez Matritech. (Photo : Ghyslain Bergeron)

PORTRAIT. Maxime Bergeron-Chrétien n’aurait pas pensé un jour décrocher un emploi dans le secteur industriel. Pourtant, le jeune homme atypique travaille aujourd’hui comme aide à la production chez Matritech, un poste créé spécialement pour lui.

Maxime est atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, d’un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité, de troubles sévères d’apprentissage et de dyspraxie.

Chez Matritech, qui se spécialise dans la fabrication de pièces métalliques depuis plus de 30 ans, Maxime est installé à son poste de travail. «J’aime travailler le métal. Je trempe les pièces dans l’antirouille. Après je les compte et je les emballe», décrit le jeune homme de 19 ans, qui opère aussi des presses servant à fabriquer les morceaux et effectue les inspections.

Maxime a découvert ce milieu dans le cadre du programme de Formation préparatoire au travail (FPT) à l’école Marie-Rivier, où les élèves doivent réaliser des stages en milieu de travail. «Ils doivent acquérir sept compétences et réaliser 900 heures de stages afin d’obtenir leur certification. On veut faire découvrir aux jeunes le plus de milieux possible pour aller chercher le plus de compétences possible», explique Anny Chagnon, enseignante en FPT à Marie-Rivier.

Maxime Bergeron-Chrétien travaille quatre jours semaine, de 8h à 15h30. (Photo Ghyslain Bergeron)

Le jeune homme a mis les pieds dans l’usine de la rue Rocheleau, à Drummondville, pour la première fois en septembre 2019. «On a accepté de prendre Maxime sous notre aile parce que ça cadrait avec les valeurs de l’entreprise. Chez Matritech, l’esprit d’équipe et le respect sont importants. Ça fait partie de notre culture. Maxime a 100 % de nos valeurs, souligne Aleck Joly, conseiller en gestion des ressources humaines chez Matritech. Notre décision a d’abord été prise pour aider quelqu’un et par la suite, ç’a été une belle surprise.»

Dès le début de son stage, Maxime a été jumelé à Joanne Bahl, superviseure chez Matritech. «Ç’a été un coup de foudre! Au début, je devais m’assurer de sa sécurité, évaluer ses capacités et ses limites. Rapidement, on a constaté qu’il avait un intérêt pour les machines. Il voulait apprendre. On a tous été agréablement surpris», mentionne-t-elle.

«Maxime suit les étapes. On n’a jamais besoin de répéter deux fois. Il est très concentré sur ce qu’il fait quand il travaille. Il est ponctuel, assidu, toujours de bonne humeur. C’est vraiment agréable de travailler avec lui», ajoute-t-elle.

L’embauche de Maxime s’est officialisée le 24 août dernier à l’usine qui compte près de 140 employés. «Il s’est très bien intégré. J’avais préparé le personnel à l’arrivée de Maxime. On savait ce qu’on allait travailler avec lui. Ce n’était pas dans le jugement. D’ailleurs, tout le monde veut avoir Maxime comme coéquipier. Il est en demande! Il a vraiment sa place chez Matritech. Il fait partie de l’équipe», fait valoir Joanne Bahl.

Évolution
Au travail, l’évolution de Maxime se fait remarquer. À la maison aussi. «Il s’est beaucoup développé chez Matritech. Il a commencé à avoir plus confiance en lui, à parler aux gens. Ce milieu de travail lui permet d’interagir beaucoup plus. Il a découvert qu’il aimait les machines. Il s’est ouvert, il s’est épanoui», remarque sa mère, Christine Bergeron.

«Ça fait du bien parce qu’on s’inquiète toujours comme parents. Moi, tout ce que je voulais dans la vie, c’est que Maxime ait un travail qu’il aime et qui le rend heureux. C’est ce qu’il a trouvé chez Matritech. Il se lève le matin et il est content d’aller travailler», ajoute-t-elle.

Elle a d’ailleurs eu l’occasion de le voir à l’œuvre, à l’invitation de l’entreprise. «J’ai pleuré tout le long de la visite. Je le voyais travailler sur des machines. J’étais fière de lui, indique-t-elle, émue. J’ai beaucoup d’étoiles à donner à Matritech. Ils sont là pour lui et lui ont permis de se dépasser.»

Ce pas de plus vers l’autonomie se veut rassurant pour les proches. «Il reste encore du travail à faire. Il devra probablement rester dans un logement supervisé parce qu’il ne pourra pas toujours rester chez nous parce que je ne vivrai pas éternellement. Mais de savoir qu’il a un emploi, ça va faciliter la transition», soutient Mme Bergeron.

Si Maxime n’avait pas été embauché chez Matritech, il aurait eu la possibilité de poursuivre la Formation préparatoire au travail, bien qu’il ait obtenu sa certification. Ce programme est offert jusqu’à l’âge de 21 ans. «Après, c’est le processus de transition à la vie active qui débute. Des intervenants entrent en ligne de compte et peuvent les soutenir», fait savoir l’enseignante à Marie-Rivier, Anny Chagnon.

S’ouvrir à la différence
À l’instar d’autres entreprises, Matritech doit pallier la pénurie de main-d’œuvre. Engager des personnes atypiques peut faire partie de la solution. «C’est une option intéressante. Ce sont des personnes fières, constantes, qui ont juste besoin de formation et d’être encadrées», indique Aleck Joly.

Maxime Bergeron-Chrétien, entouré d’Anny Chagnon, Aleck Joly et Joanne Bahl. (Photo Ghyslain Bergeron)

L’enseignante en FPT à Marie-Rivier invite les employeurs de Drummondville à donner la chance aux jeunes de ce programme de faire valoir leurs forces. «Ce sont des personnes qui ont des besoins particuliers. Les employeurs doivent être compréhensibles, mais à partir du moment où les jeunes sont bien pris en main, ils peuvent apporter un plus à l’entreprise. Il est aussi possible d’aller chercher des subventions pour les engager», souligne Anny Chagnon.

Cette dernière espère que d’autres institutions emboitent le pas. «Chaque individu qu’on a dans nos classes est différent et c’est pour cette raison qu’on a besoin d’une diversité au niveau des employeurs. On a de beaux milieux à Drummondville qui acceptent de les accueillir, mais au niveau industriel, il y en a moins. Quand on s’ouvre à la différence, on peut avoir de belles surprises. C’est ce qui est arrivé avec Maxime», fait-elle valoir.

Chose certaine, l’histoire de Maxime saura inspirer d’autres jeunes. D’ailleurs, l’expérience ayant été bénéfique, Matritech a décidé d’accueillir un deuxième stagiaire du programme de Formation préparatoire au travail au sein de son entreprise.

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