Les RSE en milieu familial se mobilisent à Drummondville

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Par Emmanuelle LeBlond
Les RSE en milieu familial se mobilisent à Drummondville
Environ 125 participantes se sont rassemblées devant le bureau du député Sébastien Schneeberger. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

FAMILLE. Les membres de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) se sont rassemblés au parc Saint-Frédéric en début d’après-midi, dans le cadre d’une grève rotative, pour soutenir les responsables en services éducatifs (RSE) en milieu familial.

Environ 125 manifestantes ont brandi pancartes et maracas devant le bureau du député Sébastien Schneeberger pour faire entendre leurs revendications. Les participantes provenaient des quatre coins du Centre-du-Québec, soit Plessisville, Victoriaville, Bécancour et Drummondville.

«On est heureuse de voir comment les filles se mobilisent pour leur métier. Elles portent le réseau à bout de bras, mais elles sont au rendez-vous et elles nous le démontrent. C’est magnifique de voir autant de femmes qui tiennent à leur métier. Elles méritent de meilleures conditions de travail. Plus que les filles seront mobilisées, plus qu’on va avoir une écoute de la part de l’équipe du ministère de la Famille», indique Valérie Grenon, présidente de la FIEQ-CSQ, lors d’un point de presse au parc Saint-Frédéric.

Valérie Grenon, présidente de la FIEQ-CSQ, veut que les revendications des éducatrices soient entendues par le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

La principale demande du FIPEQ-CSQ concerne le salaire des RSE en milieu familial, régi et subventionné. «Pour le salaire qu’on a versus toutes les tâches qu’on a à accomplir, on trouve que c’est un salaire dérisoire. Le salaire minimum est à 13,10$ l’heure et on n’a même pas ça. Quand on emploie une assistante ou une remplaçante, on donne plus que ça. Un moment donné, on est obligé de prendre notre salaire pour payer quelqu’un d’autre», témoigne Manon Proulx, une éducatrice qui détient un milieu familial depuis 21 ans.

«Ils nous exigent toujours plus plus plus, mais il n’a jamais rien qui vient en surplus au niveau salarial. C’est frustrant parce qu’on travaille déjà 50 heures semaine, en présence des enfants», ajoute-t-elle. Rappelons que ces éducatrices touchent un salaire qui équivaut à 12,42$ l’heure. Elles réclament une somme de 16,75$.

De plus, les éducatrices demandent des ressources financières pour qu’elles puissent accomplir un portrait périodique de l’enfant. «Elles ont de nouvelles exigences au niveau pédagogique de dresser un portrait de l’enfant et de rencontrer les parents. Elles réclament des journées pédagogiques pour pouvoir le faire», explique Line Camerlain, vice-présidente de la CSQ.

La reconnaissance de la profession est aussi un cheval de bataille important. «On est importante parce qu’on est un soutien pour les parents. On est là pour aider l’éducation des enfants pendant que les parents ne peuvent pas être là. On est présente pour les appuyer et les rendre autonomes pour arriver à l’école. Il y a plusieurs enfants qui ont des besoins spéciaux et on est là pour les aider», mentionne Christine Rivard, une RSE qui œuvre dans le milieu depuis 16 ans.

«Présentement, s’il y a un enfant qui a un besoin particulier, on a une subvention pour aider cet enfant avec des ressources et des services. Si on en a un deuxième ou un troisième, on n’a pas de subvention», complète-t-elle, en précisant que la situation est problématique.

Désertification du milieu

Depuis la dernière année, plusieurs RSE en milieu familial ont fermé leurs portes à cause des conditions de travail difficiles, soutient France Lafond, présidente de l’Alliances des intervenantes en milieu familial (ADIM) Centre-du-Québec.

Christine Rivard et Manon Proulx sont des responsables en service de garde en milieu familial à Drummondville. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

«Au départ, il y avait 500 RSE au Centre-du-Québec. On est rendu à 440. Ça veut dire que 60 travailleuses ont quitté leur emploi en un an. Et ça continue…», souligne-t-elle.

Ces fermetures occasionnent plusieurs tracas auprès des parents. «On reçoit tous les jours des appels pour des parents qui cherchent des places. Il y a des parents qui nous appellent en pleurant. Ce n’est pas drôle», avoue Christine Rivard.

Les éducatrices disent se battre pour la postérité. «Ça fait 31 ans que je fais ça. Je n’ai pas envie de lâcher. Il y en a plusieurs qui lâchent. Je me mobilise pour toutes les autres qui veulent commencer et qui veulent aider notre jeunesse et nos enfants, c’est l’avenir de demain», conclut Manon Proulx.

À noter : si une entente n’est toujours pas intervenue avant le 21 septembre, la FIPEQ-CSQ déclenchera une grève générale illimitée jusqu’à la conclusion d’une entente.

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