«J’ai sorti mon commerce dehors pour survivre, mais je me fais menacer de recevoir des «tickets» – Mike Lemay

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Par Ghyslain Bergeron
«J’ai sorti mon commerce dehors pour survivre, mais je me fais menacer de recevoir des «tickets» – Mike Lemay
Mike Lemay, propriétaire de la Maison d'Herbes de la rue Lindsay. (Photo Ghyslain Bergeron) (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

AFFAIRES. Le monde des affaires tourne au ralenti depuis le début de la crise sanitaire. Plus vulnérables, les petits commerces, fermés pendant plusieurs semaines, doivent user d’ingéniosité pour attirer la clientèle, comme l’a fait le propriétaire de la Maison d’herbes de la rue Lindsay avec sa nouvelle terrasse. Mais voilà qu’il se fait couper l’herbe sous le pied avec des exigences soumises par la Ville de Drummondville qu’il considère comme exagérées.

«Je ne veux pas être rebelle, je suis prêt à collaborer, mais dans toute cette insécurité, je trouve ça exagéré ce qu’ils me demandent», lance Mike Lemay, propriétaire de la Maison d’herbes.

L’entrepreneur a acquis le commerce et a ouvert ses portes en février. Malgré la pandémie, il est resté ouvert pour accueillir la clientèle. «J’ai un permis de restauration parce que je vends du café et des sandwichs. J’ai pu continuer à faire des affaires, mais j’ai des pertes de 60 à 70 %. Je me suis «tappé» toutes les heures pour survivre et j’ai même travaillé sur la construction. Je me suis dit que si les gens ne peuvent entrer, je vais aller vers eux. Quand le beau temps est arrivé, j’ai aménagé ma terrasse de belle façon pour que ce soit invitant et ç’a marché! Mais là, question d’être conforme et avoir une unité au centre-ville, ils (la Ville) veulent que j’investisse sur une clôture pour délimiter ma terrasse. Pour le moment, sortir 3000$ ou 4000$ de mes poches c’est risqué. Imagine s’il y avait une deuxième vague de confinement… je ne passerais pas au travers», explique M. Lemay.

D’autant plus que la Maison d’herbes ne se qualifie pas dans les prêts que le gouvernement accorde aux entreprises en raison de sa raison sociale. «La banque considère que je fais la promotion du cannabis, alors que c’est faux. Juste pour ça, je suis bloqué de partout. Il y a encore beaucoup de préjugés sur le chanvre et pourtant, tout le monde peut en consommer. Il n’y a pas la molécule qui fait planer dans les produits. Si c’était le cas, il y a longtemps que la police aurait débarqué!», lance M. Lemay en riant.

Sandy Marseille, gérante et Mike Lemay, propriétaire, tiennent le fort avec le reprise économique qui s’effectue graduellement.

L’homme d’affaires comprend le point de vue de la ville, mais estime que son espace est sécuritaire et visuellement attrayant. «Quand les voitures sont arrêtées au feu rouge, les occupants regardent vers la terrasse. Certains me font des pouces en l’air. Des passants qui avaient des préjugés envers ma boutique viennent maintenant acheter, car ils ont découvert qui j’étais. Les commerces voisins trouvent ça beau, propre et bien fait. J’ai sorti mon commerce dehors pour survivre, mais je me fais menacer de recevoir des «tickets». Tout ce que je demande c’est une dérogation. Je pense qu’il y a moyen de s’arranger», précise le propriétaire qui compte même bonifier son offre au cours des prochaines semaines en offrant des produits d’herboristerie.

Un avenir incertain à la bibliothèque

Mike Lemay est aussi propriétaire du café qui se trouve à l’intérieur de la bibliothèque municipale de la Ville de Drummondville. «Depuis que c’est fermé, je n’ai fait aucune vente. Au moins, ils ne me chargent pas de loyer. Il y a quelques irritants à cet endroit en temps normal, alors je suis en questionnement. Je vais devoir prendre des décisions. Une fois de plus, si une deuxième vague arrive, je ne sais pas si je serai en mesure d’absorber les pertes», exprime-t-il en conclusion.

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