Racisme : du chemin reste à faire à Drummondville

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Par Emmanuelle LeBlond
Racisme : du chemin reste à faire à Drummondville
Mariam Simbré est propriétaire du Super Marché Tropical Africa. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

COMMUNAUTÉ. Même si Drummondville se définit comme une société d’accueil, la communauté noire subit encore du racisme, et ce, à travers les petits gestes du quotidien. La situation s’est améliorée à travers les années, mais la discrimination raciale reste toujours d’actualité.

Mariam Simbré est propriétaire du Super Marché Tropical Africa sur la rue Linday, au centre-ville. Elle habite à Drummondville depuis maintenant treize mois. Selon elle, le racisme est présent partout. Drummondville n’en fait pas exception.

«Avant, il n’y avait pas beaucoup de Noirs à Drummondville. Maintenant, il y en a. Il y a des Drummondvillois qui sont surpris de nous voir. Ils disent qu’on les ‘’envahit’’. Moi personnellement, je ne réponds jamais aux provocations», confie-t-elle.

Mme Simbré ne veut pas se laisser affecter. «Quelqu’un qui me dit que je commence à l’envahir parce que je suis Noire, c’est parce que la personne n’est pas instruite. La personne ne sait pas quelle est la valeur de l’humain et du Noir. Les Noirs ont autant d’intelligence que les Blancs.»

«Pourquoi les gens sous-estiment les Noirs? C’est parce qu’ils ne sont pas sortis. Ils ne sont pas allés chez les Noirs. Les gens utilisent les Noirs comme des pauvres. Pourtant, la pauvreté existe dans tous les pays. C’est en Afrique qu’il y a l’or, des diamants et le pétrole», ajoute celle qui provient du Burkina Faso.

À son avis, tout est une question de perspective. «Mon chum est un Québécois. Il est rentré chez moi en Afrique. Il n’a pas été rejeté. On est allé jusqu’au village, où il y a des gens qui n’ont jamais vu de peau blanche. Certains touchaient son corps et d’autres lui donnaient des cadeaux. Quel que soit le cadeau, c’est un geste d’amour. Tout homme blanc qui visite l’Afrique, il va se trouver bien accueilli. Ici, l’accueil est très différent», soutient-elle.

Mme Simbré a obtenu la citoyenneté canadienne depuis environ quinze ans. Des citoyens l’ont interpellé à plusieurs reprises pour lui demander d’où elle vient. «Je réponds que je suis Africaine. Ils me demandent ma nationalité. Je réponds que je suis canadienne québécoise. Ils disent que ça n’existe pas une Québécoise noire. Ils ne veulent pas l’accepter», raconte-t-elle.

Une vision qui a évolué

Pour sa part, Yamilay Giamet considère que Drummondville a beaucoup évolué depuis les dix dernières années. «Quand je suis arrivée ici, il y a dix ans, je me faisais mal regardé. Il y a des hommes qui nous traitaient comme si on était des prostituées. Ils avaient tendance à regarder nos formes. Aujourd’hui, c’est beaucoup mieux», commente celle qui vient d’ouvrir son commerce au centre-ville, Afro Cubain.

Yamilay Giamet vient d’ouvrir son commerce au centre-ville, Afro Cubain. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

À son arrivée, peu de citoyens avaient été en contact avec des membres de la communauté noire. «J’étais allée à une fête à la Maison des arts et j’étais vraiment la seule noire. Il y avait même des enfants qui me demandaient si ma couleur de peau était comme ça parce que j’avais trop mangé de chocolat.»

Il y a deux ans, sa fille a été victime de discrimination à l’école primaire. «Ma fille se faisait dire qu’elle n’était pas belle parce que ses cheveux et sa peau étaient différents. Elle ne voulait pas aller à l’école. Ma fille avait les cheveux longs. Elle voulait que je lui fasse des cheveux de princesse. Elle voulait avoir des cheveux longs, blonds et droits.» Mme Giamet a dû travailler avec sa fille pour qu’elle accepte ses différences.

Combattre le racisme

«Tant au niveau individuel qu’au niveau collectif, on a une responsabilité de combattre le racisme. On vit ensemble. Il faut vraiment favoriser le rapprochement interculturel entre les personnes issues de l’immigration et les citoyens de longue date. C’est notre rôle en tant que société», amène Dominic Martin, directeur général du Regroupement Interculturel de Drummondville (RID).

«À Drummondville, le racisme n’est pas un enjeu en ce moment qui est majeur, mais il ne faut jamais baisser la garde. On est une société d’accueil à Drummondville. On reçoit des personnes avec le statut de réfugié. Il faut toujours être à nos aguets. Le racisme est un combat de tous les jours.»

Selon M. Martin, il est primordial de mettre en lumière les histoires à succès qui découlent de l’immigration.

Malick Gueye en est la preuve. Originaire du Sénégal, il a habité avec sa famille pendant 25 ans en France avant de venir s’établir à Drummondville, il y a trois ans. Il excelle dans le domaine de l’ingénierie. Depuis son arrivée, il n’a jamais été victime de discrimination, tout comme son entourage.

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