Frère et sœur, une même passion

Frère et sœur, une même passion
Sandrine et Elliot Vaillancourt. (Photo : gracieuseté)

MAGAZINE. Ils ont grandi dans une famille où le sport est roi. Aujourd’hui, Elliot et Sandrine Vaillancourt figurent parmi les athlètes les plus prometteurs sur la scène internationale du ski acrobatique. Portrait d’un frère et d’une sœur et animés par la même passion.

Natifs de Drummondville, les enfants Vaillancourt ont été initiés au ski dès l’âge de 3 ans. Chaque fin de semaine, la famille dévalait les pentes des monts Sutton et Sainte-Anne. Constatant la témérité d’Elliot, ses parents ont inscrit le petit casse-cou au club de ski acrobatique du mont Sainte-Anne à l’âge de 6 ans.

«J’ai toujours été quelqu’un d’intense, confie Elliot, qui est aujourd’hui âgé de 20 ans. Je n’aimais pas ça faire du plat : ça ne brassait pas assez pour moi! J’ai tout de suite aimé l’intensité des bosses, parce qu’il y avait de l’action. Tu ne peux pas te reposer une seule seconde, parce que si tu places mal tes skis, tu vas les perdre et tu vas manger une bosse en pleine face!»

Véritable légende vivante du motocross, le père d’Elliot et Sandrine, Carl Vaillancourt, s’implique activement dans la carrière de ses enfants. Également une grande passionnée de sport, leur mère, Karine Lessard, ne demeure pas en reste, elle qui est devenue juge de ski acrobatique.

Carl Vaillancourt. (Photo d’archives, L’Express)

«Nos parents nous donnent souvent leur avis, relate Elliot. Ma mère a un œil de juge, alors c’est parfois la vérité que je ne veux pas entendre. Quant à mon père, il n’avait pas de bagage en ski acrobatique, mais avec les années, ses connaissances ont grandi. Ce qu’il me répétait toujours au début, c’était de vivre mon sport à fond. Il analysait mes performances et celles de mes adversaires pour me conseiller. On a une relation vraiment serrée.»

Le jeune homme voit-il un lien entre le motocross, un sport d’été, et le ski acrobatique, l’une des épreuves reines des Jeux d’hiver? «Ce sont deux sports totalement à l’opposé. Mon père était dans la bouette, moi je suis dans la neige! Ses courses duraient 30 minutes, les miennes 25 secondes. Ce qui nous unit, c’est notre intensité dans notre sport», confie le skieur arborant une flamme orangée sur son casque.

Outre son paternel, Elliot Vaillancourt s’inspire aussi du Drummondvillois Pierre-Alexandre Rousseau, qui a longtemps dominé le circuit de la coupe du monde. Le vétéran a d’ailleurs enseigné au jeune loup il y a quelques années. «Il m’a donné ses trucs, mais encore à ce jour, je n’ai pas atteint son niveau de ski. C’était différent dans le temps : les sauts ont évolué, mais la technique de ski est la même. Chaque printemps, je le croise au mont Sainte-Anne. Il passe à toute allure à côté de moi, avec son petit bandeau dans le vent… et je me dis que j’en ai encore à apprendre. J’aimerais représenter mon pays aussi bien que Pierre-Alexandre l’a fait. J’aspire à atteindre son niveau.»

Objectif : Beijing 2022

Après avoir fait ses classes au sein de l’équipe du Québec, Elliot Vaillancourt a percé la prestigieuse équipe canadienne il y a deux ans. L’hiver dernier, en Italie, le jeune athlète a clôturé sa saison en étant couronné champion du monde junior à l’épreuve des bosses en parallèle.

Cette année, Vaillancourt a percé le groupe de la coupe du monde, lui qui avait été limité aux épreuves disputées en sol nord-américain ces deux dernières saisons. Après avoir pris part à des camps en Colombie-Britannique, en Australie et en Suisse, il prendra la direction de la Finlande pour y disputer la première étape du circuit le 7 décembre.

Elliot Vaillancourt. (Photo gracieuseté Anton van der Merwe, Action Media Projects)

«Pour moi, la saison 2019-2020 est un nouveau départ. Je veux percer la finale le plus souvent possible. J’ai beaucoup travaillé sur mon saut, le Cork 720, que j’effectue sur dans le bas de la piste. Dans le passé, c’était ma bête noire. Sur le portillon de départ, c’est tout ce que j’avais en tête, même si j’avais le saut du haut et 50 bosses à faire avant d’y arriver. Je n’étais pas dans le moment présent. J’ai fait énormément de travail là-dessus. Je me sens prêt. J’ai hâte de voir ce que les juges vont en penser.»

Logiquement, les Jeux olympiques de 2022, qui auront lieu à Beijing, sont dans la mire d’Elliot Vaillancourt. «J’y vais une année à la fois. Cette saison, je concentre mes efforts sur la coupe du monde. L’an prochain, ce sera une année test : je veux me qualifier au championnat du monde. Ça me permettra de me situer par rapport à l’élite mondiale», explique celui qui se décrit comme un athlète hyper intense.

«Je ne suis pas le plus talentueux, mais l’intensité que je mets à l’entraînement me permet de m’améliorer. Je travaille sans cesse pour bien me placer, tant dans les bosses que dans les airs. C’est une bataille sans fin, parce que tout le monde cherche à s’améliorer d’une saison à l’autre.»

Sur les traces de son frère

Pour sa part, Sandrine n’avait pas nécessairement d’intérêt pour le ski acrobatique en bas âge. Menant plutôt une carrière en gymnastique, la jeune fille s’est finalement laissée tenter par les bosses à force de voir son frère dévaler les pentes. «Au début, je ne voulais pas faire de compétition. J’avais du plaisir, mais ce n’était vraiment pas naturel chez moi. Mais à un moment donné, j’ai eu un déclic. J’étais tannée de finir dernière! C’est là que j’ai commencé à mettre les efforts nécessaires pour connaître du succès», raconte la jeune athlète de 18 ans avec son sourire contagieux.

«J’ai toujours aimé la neige et le fait d’être en contact avec l’hiver. J’aime aussi les voyages et toutes les expériences que ce sport nous permet de vivre. Le ski nous sort de notre zone de confort. Quand tu arrives sur une nouvelle piste, tout est à apprendre.»

Sandrine Vaillancourt. (Photo gracieuseté Action Media Projects)

Suivant les traces de son frère, Sandrine Vaillancourt fait aujourd’hui partie de l’équipe du Québec, où elle s’exécute sur le réputé circuit Nor-Am. Ses entraîneurs la décrivent comme une leader positive dotée d’une belle force de caractère. «Le ski est un sport individuel, mais quand ça ne va pas, l’équipe est derrière toi. Je suis toujours là pour mes coéquipières. J’ai aussi un bon mental. Si une descente ne se passe pas bien, je suis capable de passer à autre chose en arrivant en bas de la piste. Je prends mes erreurs en note pour les corriger. J’ai une bonne capacité de rétrospection», explique la double médaillée aux derniers Jeux du Canada.

Victime d’une sévère blessure à un genou en avril dernier, Sandrine a mis les bouchées doubles durant l’été afin d’être rétablie à temps pour le début de la saison. Après un camp d’entraînement au mont Édouard, elle participera à la sélection canadienne, à la mi-décembre, en Colombie-Britannique.

«Revenir d’une telle blessure, c’est un gros défi. Je sais que ce sera une bataille mentale à chaque saut. J’espère que mon genou va bien réagir, mais je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. C’est pourquoi je ne me mets pas de pression. Bien sûr, je vise de faire plusieurs finales et percer l’équipe nationale, mais pour le moment, j’y vais une journée à la fois.»

En plus de s’inspirer de bosseurs de la trempe de Mikaël Kingsbury et Philippe Marquis, Sandrine Vaillancourt voue une grande admiration à l’endroit de son frère. «Elliot a toujours été un bel exemple. Il a percé dans le sport avant moi. À la maison, je le vois travailler fort chaque jour. Il m’a tapé le chemin et je l’ai suivi. Aujourd’hui, je fais mon propre chemin, mais il est toujours une source d’inspiration.»

La jeune skieuse voit d’ailleurs de nombreuses ressemblances entre papa et fiston Vaillancourt. «Mon père nous parle souvent de sa carrière. Il se revoit beaucoup en Elliot, dans le jeune athlète qu’il était à l’époque. J’ai vu de vieux vidéos et je peux dire que c’est le même athlète, mais dans un sport différent! Ils ont tous les deux le même caractère très intense qui les amène à se pousser à fond.»

Partager cet article