«C’est moi le cobaye…»

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Par Marilyne Demers
«C’est moi le cobaye…»
Denis Chapdelaine veut sensibiliser les élus à la sécurité des piétons. (Photo : Marilyne Demers)

MOBILITÉ DURABLE. Près de cinq mois après s’être fait frapper par une voiture au centre-ville de Drummondville, Denis Chapdelaine a interpelé les élus afin d’améliorer la sécurité des piétons.

Le 1er juillet dernier, le Drummondvillois traversait à l’intersection des rues Marchand et Lindsay. «En bon citoyen, j’attends le signal pour les piétons. Je traverse ensuite la tête heureuse. C’est mon droit, c’est ma priorité», raconte le septuagénaire.

C’est alors qu’il s’est fait renverser par un véhicule qui tournait à gauche. Conséquence, il a dû passer trois mois à l’hôpital en raison de blessures importantes, dont une fracture à sa jambe droite. «J’ai encore de la misère à marcher. Je dois aller à des séances de physiothérapie. Je vais peut-être avoir des séquelles à vie. J’ai encore trois rendez-vous chez le médecin», indique-t-il.

Canne à la main, le Drummondvillois s’est rendu au lutrin durant la période de questions de la récente séance du conseil. «Quelles avaient été les mesures préventives pour avertir les gens que la signalisation était changée? Il a fallu que je m’en rende compte par moi-même. Est-ce que chaque citoyen devait faire la démarche de s’en rendre compte?», a-t-il questionné.

«Depuis mon accident, il y a plein de monde qui m’ont dit que parce que j’ai paru dans L’Express, ils ont été alertés. Donc, c’est moi le cobaye qui a dû servir d’élément informatif à un tas de monde. Je ne suis pas jaloux de mon rôle», poursuit-il.

(Photo: Marilyne Demers)

En réponse au citoyen, le conseiller en relations médias à la Ville de Drummondville, Thomas Roux, a fait savoir que l’information concernant la nouvelle signalisation a été transmise par communiqué, puis annoncée dans les médias en septembre 2018. À la suite d’une étude, il avait été recommandé d’accorder un passage simultané pour les passants et les automobilistes aux intersections du Pont et Heriot, Lindsay et Cockburn, ainsi que le carrefour Lindsay et Marchand.

Par ailleurs, la Ville a aussi mentionné qu’elle voulait mettre en place un projet-pilote pour améliorer la sécurité des piétons alors qu’entre 2013 et 2017, 180 accidents impliquant des passants sont survenus sur son territoire.

«Il y a des accidents, mais il y a aussi toutes les fois où les gens ont peur et qui n’arrive rien. Ce n’est pas comptabilisé. Le partage de la route, c’est une question de bon sens, de valeur. C’est une question de valeur qui ne passe pas nécessairement par un règlement municipal ou une façon de gérer les intersections. Il faut porter ce message-là et c’est ce qu’on vise avec notre plan de mobilité durable», a commenté le maire de Drummondville, Alexandre Cusson.

Tel qu’annoncé dans son plan d’action en mobilité durable 2020-2024, le projet-pilote, qui s’amorcera l’an prochain, mènera sur l’utilisation de feux pour piétons en mode semi-protégé à certaines intersections du boulevard Saint-Joseph. Par exemple, le feu vert permettrait seulement aux véhicules d’aller tout droit durant la première partie de la phase piétonne, puis autoriserait ensuite de tourner dans toutes les directions.

La Ville compte également évaluer la sécurité des emplacements où le virage à droite au feu rouge est permis afin d’apporter les ajustements requis. D’ici quatre ans, des feux pour piétons seront également implantés sur l’ensemble des feux de circulation.

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