Un débat où les enjeux locaux sont quasi absents

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Par Cynthia Martel
Un débat où les enjeux locaux sont quasi absents
Environ 75 personnes ont assisté au débat. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉLECTIONS. Les candidats aux élections fédérales de quatre des huit partis représentés dans Drummond ont croisé le fer, hier, à l’hôtel Le Dauphin, lors d’un débat durant lequel les lignes de partis ont pris le dessus sur les enjeux locaux.

Durant cet exercice, qui a duré deux heures, François Choquette, député sortant et candidat du Nouveau parti démocratique (NPD), Martin Champoux, du Bloc québécois (BQ), Jessica Ebacher, du Parti conservateur du Canada (PCC), et William Morales, du Parti libéral du Canada (PLC), ont débattu sur différents enjeux divisés en cinq grands thèmes : développement économique et finances publiques, développement régional, main-d’œuvre et immigration, environnement et transition énergétique et santé.

Sans surprise, les candidats ont affiché des divergences sur la question du financement de l’industrie pétrolière.

«L’environnement est une priorité pour nous. Il n’y a aucun autre gouvernement qui en a fait autant pour l’environnement.  Oui, il y a le pipeline, mais pour chaque dollar investi dans ce projet, 15 $ sont investis pour les questions environnementales», indique M. Morales.

William Morales (Photo Ghyslain Bergeron)

Le député sortant François Choquette suggère plutôt d’investir dans une banque de climat afin que des sous reviennent aux régions.

«Les libéraux ont investi environ 15 milliards de dollars en subventions dans les pétrolières et gazières. Ces sous-là, s’ils avaient été investis dans une banque de climat, la Ville de Drummondville aurait pu aller chercher de l’argent en déposant un projet d’adaptation en changements climatiques, notamment pour les épisodes de pluies torrentielles. Il y en a eu trois en six ans. On les voit normalement aux cent ans. Ç’a fait des dégâts partout et causé des problèmes à bien des citoyens. Dans des cas comme ça, c’est important que l’argent revienne.»

«Je ne pense pas que c’est en achetant avec l’argent des contribuables un pipeline qu’on va arriver à une saine gestion des finances publiques et à une transition écologique. Il faut aussi voir d’où provient le pétrole. Est-ce qu’on le prend à 100% au Canada ou on investit ailleurs en donnant nos sous aux États-Unis ou à des états voyous pour lesquels le transport du pétrole sera très discutable?» se questionne Mme Ebacher.

Martin Champoux (Photo Ghyslain Bergeron)

«Nous n’avons aucun besoin d’augmenter la production de pétrole pour combler nos besoins. Et si on prévoit une augmentation de consommation de pétrole, bien c’est parce qu’on n’a pas compris. Il faut commencer maintenant une transition énergétique (…) Au Québec, nous sommes des leaders, on est capable de développer les énergies vertes et d’être avant-gardiste. Nos taxes et nos impôts financent du pétrole que nous n’avons pas besoin. Le pipeline qui passe à travers le Québec ne servirait qu’à l’exportation, donc ce que le Québec en retirait, c’est uniquement les risques environnementaux et les coûts rattachés à ça», poursuit M. Champoux.

François Choquette (Photo Ghyslain Bergeron)

Toujours en matière d’environnement, le député sortant et candidat néodémocrate François Choquette y est allé d’une affirmation marquante : «L’environnement, ce n’est pas juste un mot, c’est toute ma vie, c’est ma priorité. Le Bloc québécois parle beaucoup d’environnement, mais sa priorité c’est la souveraineté du Québec et c’est correct. Moi, j’ai deux priorités : la justice climatique et la justice sociale. Quand je me couche la nuit, je rêve à ça, quand je me lève le matin, c’est dans mon bol de céréales, quand je soupe c’est dans mon bol de soupe. Je pense toujours à l’environnement et c’est pour ça que j’ai été reconnu à deux reprises ecoleader par un comité neutre (…) et pour ça aussi que j’ai été élu président du caucus de tous les partis politiques sur les changements climatiques. C’est donc pour ça que je vais continuer à travailler en environnement pour Drummond et pour le Canada.»

Avortement

Par ailleurs, les gens dans la salle ont été tout ouïe lorsque le modérateur du débat, Dave Beaunoyer, a demandé de se positionner sur l’avortement. La candidate conservatrice a été très claire sur le sujet en rappelant que la position de son chef est «personnelle et doit demeurer personnelle». Tout comme ses homologues, elle se dit pro-choix et en faveur du droit des femmes de décider.

Jessica Ebacher (Photo Ghyslain Bergeron)

«Advenant qu’un député dépose un projet de loi privé [sur l’avortement], ce dépôt va être stoppé dès la première étape (…) Maintenant, vous savez que la position du chef est personnelle et vous savez ma position, donc le débat est clos!»

Qui plus est, les candidats étaient unanimes face au projet de train à grande fréquence : il s’agit d’une priorité pour tous.

Ils étaient en général d’accord pour dire que l’immigration représente une partie de la solution à la pénurie de main-d’œuvre, mais que des problèmes doivent être réglés avant.

Mme Ebacher et M. Champoux croient qu’il est nécessaire que le gouvernement du Québec ait plus d’autonomie dans l’élaboration des critères d’admissibilité des immigrants et travailleurs étrangers. Les deux croient aussi que les aînés pourraient recevoir des incitatifs.

Pour sa part, M. Choquette a souligné que son parti versera 73 millions de dollars de plus spécifiquement pour s’attaquer à la francisation qui est actuellement un enjeu. Il ajoute que l’immigration est un élément important, mais qu’il faut aussi s’attaquer à la formation des gens sans travail.

«Il faut se parler davantage pour créer une formule gagnante pour permettre aux immigrants de pouvoir apprendre la langue, mieux s’intégrer et d’occuper des postes», est d’avis M. Morales.

Finalement, les candidats jugent primordial de mieux encadrer le cannabis médical.

L’économie, l’accès à internet haute vitesse, le commerce en ligne et les compensations aux agriculteurs ont aussi été au cœur des échanges.

Bref, le débat s’est voulu civilisé, sans artifice, sinon que quelques échanges plus animés entre le candidat libéral et le député sortant. Jessica Ebacher n’a également pas hésité à lancer quelques flèches à son adversaire bloquiste, Martin Champoux, notamment quant à son lieu de résidence.

«Je me questionne. Comment un candidat qui réside à l’extérieur de la circonscription peut bien représenter la circonscription et travailler à faire avancer les dossiers d’ici», soulève-t-elle.

Soulignons que le débat sera diffusé sur les ondes de Cogeco ce vendredi à 10 h et 19 h, aux mêmes heures samedi ainsi que dimanche à 19 h.

Les électeurs sont invités aux urnes le 21 octobre.

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