Laura Bouthillette a traversé le Canada à vélo

Laura Bouthillette a traversé le Canada à vélo
Laura Bouthilette a quitté le Québec en mi-juin dernier en vélo. Elle compte se rendre dans la vallée d’Okanagan, en Colombie-Britannique. (Photo : Gracieuseté)

DÉFI. Laura Bouthillette est partie de Drummondville en direction de l’Ouest canadien à la mi-juin avec comme seul moyen de transport son vélo. Pour ce parcours qui dépasse facilement les 4000 kilomètres, elle n’avait planifié aucun itinéraire et elle n’a utilisé ni GPS ni internet.

Laura Bouthillette caressait le rêve de sillonner la route entre Québec et Vancouver en vélo depuis près de deux ans. «Ce qui me plait avec le vélo, c’est l’idée de prendre le temps, pour une fois, de vivre les choses. Par exemple, je n’ai pas le choix de plonger dans la rivière quand j’ai trop chaud. Je ne fais pas que regarder les rivières, je les goûte», relate-t-elle.

Une grande partie de son parcours est aujourd’hui derrière elle puisqu’elle se trouvait — au moment de l’entrevue — à Canmore, près de Banff. Celle qui travaillait comme préposé aux bénéficiaires auprès d’un homme quadriplégique a réellement eu un «appel du cœur» pour ce périple. «J’avais besoin de ça dans ma vie», confie-t-elle au bout du fil.

Le goût de la nature

Avant le grand départ, Laura Bouthillette ne se considérait pas comme une sportive ni comme une adepte de vélo. Ce dernier aspect a beaucoup changé depuis. Elle a aussi arrêté de fumer alors que son voyage était déjà commencé. «Je n’ai pas d’autre choix que de me surpasser tous les jours», soutient-elle en riant.

Pour choisir sa route, elle utilise une carte ou elle demande son chemin aux passants qu’elle croise. (Photo gracieuseté)

C’est sa soif de montagnes et d’aventures qui l’a poussée à se lancer à la découverte du Canada ainsi. «Après avoir terminé de grimper la première grosse montagne qui se trouvait sur ma route, je me suis mise à pleurer et à crier de joie. Quand je suis avec les montagnes, ça me comble énormément. C’était vraiment ça mon rêve», confie-t-elle.

Chaque matin, l’aventurière se réveille vers 9 h après avoir passé la nuit avec les animaux sauvages comme les coyotes et les orignaux. Elle attend que la rosée se disperse avant d’enfiler la selle de son vélo. Elle traîne avec elle sa maison, une petite tente et un sac de couchage, et tout ce dont elle a besoin pour cuisiner. Pendant une journée, elle roule entre 100 et 150 kilomètres.

Parfois, elle se perd, mais elle n’hésite pas à demander sa route aux passants. Il lui est arrivé quelques fois de s’égarer… et de pédaler des kilomètres pour rien. «Pour m’orienter, je demande mon chemin à ceux que je rencontre. Après, je suis aussi la direction des vents, pour m’aider à avancer, souligne-t-elle. Je me rappelle au Manitoba, il ventait tellement que j’avais envie de pitcher mon vélo. Je n’avais plus d’eau et j’étais vraiment découragée. Puis, j’ai croisé des gens qui m’ont offert du melon d’eau et de remplir mes bouteilles», se remémore-t-elle.

Mme Bouthillette a eu un plaisir fou à rencontrer toutes ces personnes qui se sont retrouvé sur son chemin. «À travers mon périple, j’ai souvent pu constater à quel point les Canadiens sont des personnes très généreuses. C’est toujours dans les moments où je n’en pouvais plus que j’ai fait les plus belles rencontres.» La Drummondvilloise âgée de 25 ans a déjà la tête pleine de souvenirs, mais son plus grand coup de cœur est «les moments qu’elle a partagés avec les gens.»

D’ailleurs, le défi le plus inattendu qu’elle a affronté jusqu’à présent n’est pas les montagnes canadiennes, mais plutôt la solitude qu’elle vit au quotidien. «J’ai toujours eu de la difficulté à être seule et ça m’est souvent arrivé pendant mon voyage. Je suis contente de l’avoir vécu», confie-t-elle.

(Photo gracieuseté)

Questionnée à savoir pourquoi elle parlait de la solitude en utilisant des verbes au passé, elle explique : «C’est parce que je me sens maintenant complète avec moi-même. Ça m’a permis de découvrir une force intérieure que je ne pensais pas avoir».

Au moment de l’entrevue, Laura Bouthillette se trouvait en Alberta où elle a rejoint des amis pour quelques jours. Elle profitait de sa soirée avec ses copains pour faire de l’escalade. «Je déborde d’énergie», ajoute-t-elle en riant.

En ce qui concerne la suite de son voyage, elle sait qu’elle doit se rendre dans la vallée d’Okanagan pour le 1er septembre, où elle ira cueillir des pommes dans un verger. Par contre, elle ne sait pas ce qui l’attend après, mais elle a envie de continuer sa route, toujours en vélo. «Je pense à l’Australie», laisse-t-elle finalement tomber la tête dans les nuages.

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