Un projet inclusif pour des jeunes de la région

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Par Marilyne Demers
Un projet inclusif pour des jeunes de la région
Samuel en compagnie de son père Yves et de sa mère Louise lors de la conférence de presse mardi avant-midi. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Samuel vit avec une maladie dégénérative nommée l’ataxie télangiectasie et une légère déficience intellectuelle. À 25 ans, il vient de réaliser un rêve, celui de travailler le bois, comme son père.

La maladie dégénérative atteint son équilibre, sa motricité et son langage, alors que la légère déficience intellectuelle avec laquelle il vit l’empêche d’acquérir certaines notions de base comme lire, écrire, compter ainsi que le rapport au temps et à l’heure.

«Pourtant, il a une mémoire d’éléphant puisqu’à l’école, il apprenait les pièces de théâtre par cœur ainsi que les rôles de ses amis. Il lui est même arrivé de leur dire s’ils se trompaient», raconte sa mère, Louise Desserres, lors d’une conférence de presse mardi avant-midi, au CLSC Drummond.

Plus jeune, il fréquentait une école régulière avec aide, avant de se joindre à une école adaptée répondant à ses besoins. «Nous avons accepté qu’il aille dans une école spécialisée pour qu’il vive enfin des réussites», indique-t-elle.

Dans cette école, il recevait des ateliers de cuisine et de bois. «Évidemment, ses classes-ateliers sont vite devenues ses périodes préférées de la journée, au point de rêver, utopiquement, d’aller travailler à l’usine avec son père. Touché du bois est devenu est vraie passion», souligne la maman de cinq enfants.

Lorsque les jeunes graduent du secondaire, ils effectuent un pas vers leur vie d’adulte. Pour ceux ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme (DI-TSA) et présentant un faible potentiel d’employabilité, c’est une tout autre réalité.

«À 21 ans, l’école se termine. Pas question pour nous de laisser Samuel à la maison, branché sur la télé ou sur ses jouets électroniques. Nous lui avons fait comprendre que malgré ses difficultés, il pouvait faire des choses», soutient Mme Desserres.

L’absence de préposés aux soins dans les milieux de travail le contraint toutefois à entrer sur le marché du travail. «C’est au Centre d’activité de jour du CRDI [Centre de réadaptation en déficience intellectuelle] que Samuel se retrouve. Il fait des tâches simples selon ses capacités, mais les TOC des autres usagers plus lourdement handicapés que lui sont vite devenus difficiles à supporter. Depuis tout ce temps, il n’a jamais cessé de rêver. Il nous revenait régulièrement avec son désir de travailler le bois comme son père. Mais où et comment?», questionne-t-elle.

À l’automne 2018, son souhait est exaucé. Dans le cadre du projet FORCES, Samuel et sa famille reçoivent un appel, les invitant à visiter une usine de bois où œuvrent des personnes ayant des difficultés.

Depuis quelques mois, Samuel se rend, un après-midi par semaine, à L’Autre Fabrik de Victoriaville. «Il rentre à l’usine comme son père. Il sable des pièces de meubles et pile des planches à la sortie de la grosse sableuse ou du planeur. Ces trois heures le rendent vraiment heureux», se réjouit la mère.

«Vous permettez à Samuel de réaliser son deuxième plus grand rêve, le premier étant de devenir le boss de son père», lance-t-elle, en s’adressant aux intervenants présents.

Projet novateur
C’est pour permettre à des jeunes de 21 ans et plus ayant une DI-TSA et ne pouvant intégrer le marché du travail que le projet FORCES a vu le jour au Centre-du-Québec en juin dernier.

Jacinthe Cloutier

«On va se rendre à l’école trois ans avant la sortie du scolaire des jeunes concernés, puis on va commencer à planifier cette intégration-là. On va regarder avec eux quels sont leurs intérêts et dire qui pourrait les accueillir dans la communauté», explique Jacinthe Cloutier, la directrice adjointe des services spécifiques et spécialisés, clientèle adulte DI-TSA 22 ans et plus au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

À Drummondville, deux organismes communautaires se sont impliqués dans le projet jusqu’à maintenant. Il s’agit du Centre Normand-Léveillé et de Parrainage Civique Drummond.

Jusqu’à maintenant, le projet a permis à 11 jeunes de la région de participer à des activités dans la communauté. «Avant, ils venaient toujours au Centre d’activité de jour au CIUSSS. Ils pouvaient y rester longtemps ou moins, selon leurs intérêts. Ils étaient moins amenés à côtoyer la communauté», indique Mme Cloutier.

Présent lors de la conférence de presse mardi, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a souligné l’apport du projet FORCES au sein de la communauté. «La capacité de permettre aux parents de continuer à travailler quand leur enfant termine l’école, la capacité aux jeunes de pouvoir s’intégrer dans la communauté, la capacité que notre société devienne plus inclusive, ce sont toutes des raisons de célébrer ce projet.»

«On va rendre ce projet permanent et on va travailler pour l’exporter ailleurs dans le reste du Québec», a-t-il ajouté.

Le projet pourrait ainsi inspirer le développement d’un cadre structurant national pour soutenir des démarches partenariales semblables à celle-ci.

 

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