Les silencieux pour les avions : oui mais…

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Par Jean-Pierre Boisvert
Les silencieux pour les avions : oui mais…
La Cour sera saisie bientôt d'un recours de la Coalition pour une qualité Drummond. (Photo : Ghyslain Bergeron archives)

COHABITATION. Les silencieux existent bel et bien pour les avions des écoles de pilotage, mais sont-ils la solution au bruit que déplorent les voisins de l’aéroport de Drummondville? Pas tout à fait.

Selon l’expérience vécue à l’aéroport de Saint-Hubert, où une entente hors cour, suivant un recours collectif, a notamment conduit les écoles de pilotage à munir leurs appareils de silencieux, l’affaire ne semble pas porter ses fruits comme on pourrait s’y en attendre.

«Ces écoles, comme le souligne un article du Courrier du Sud, ont pu bénéficier du programme d’aide financière de 300 000 $, créé par la Ville de Longueuil et destiné aux écoles de pilotage pour l’achat et l’installation de silencieux».

L’Express a demandé à la Ville de Longueuil si le programme en question lui a donné satisfaction. La réponse n’est pas catégorique : «En mettant sur pied un programme d’aide financière pour l’achat et l’installation de silencieux pour les avions des écoles de pilotage opérant à l’aéroport de Saint-Hubert, la Ville de Longueuil a contribué à mitiger le climat sonore de l’aéroport, entre autres, par l’installation des silencieux sur les avions».

Longueuil a également contribué à la mise sur pied du comité consultatif sur le climat sonore de l’aéroport de Saint-Hubert avec la mission de «favoriser l’échange d’informations et de procurer un forum de discussion et de consultation sur toute question touchant le climat sonore, et plus particulièrement, sur les critères acoustiques et les procédures d’atténuation du bruit destinés à améliorer le climat sonore à l’aéroport. Un représentant des citoyens riverains fait partie de ce comité».

L’une de ces écoles de pilotage, Cargair, a confirmé avoir déjà acheté 17 silencieux.

Est-ce que l’installation de ces silencieux en vaut la peine? À cette question, la présidente du Comité anti-pollution des avions de Longueuil (CAPA-L) Johanne Domingue affirme que ce n’est pas le seul facteur à considérer dans une approche de bon voisinage.

«Le bruit comme tel est peut-être abaissé d’une dizaine de décibels. Toutefois, ça ne règle pas tout. Qu’est-ce que ça donnerait d’avoir des silencieux si on a davantage d’avions qui circulent et si les horaires ne tiennent pas compte des plaintes des citoyens? Oui pour les silencieux, mais ça prend aussi un suivi, faire une évaluation, voir les modèles qui en sont équipés et ceux qui n’en ont pas, et même considérer le type d’hélices qui font des bruits différents», fait valoir Mme Domingue.

Selon elle, un véritable plan d’action doit être mis en œuvre par les différents intervenants pour évaluer constamment le climat sonore en lien avec la santé publique et Transports Canada.

Chez Select Aviation, on est au courant du dossier des silencieux et, selon Daniel Cyr, le directeur de l’entreprise drummondvilloise, c’est une chose qui est envisagée.

«Il est vrai qu’un silencieux atténue le bruit», dit-il tout en précisant que le coût à l’achat, l’installation et l’entretien totalisent environ 8000 $ chacun. «Mais on ne réinventera pas la roue avec cette solution. Nous sommes ouverts à cette possibilité, en fait nous sommes ouverts à tout, mais il faudra que ça s’inscrive dans une proposition qui aura des règles claires, dans le cadre d’une négociation intelligente», a-t-il donné à entendre. Rappelons ici que le groupe de Select Aviation et la Ville de Drummondville mènent actuellement des discussions à propos de l’avenir de l’école de pilotage.

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