Toutou recherche député d’accueil

Toutou recherche député d’accueil
(Photo : Unsplash )

ENFANCE. «Olivia, cinq ans. En foyer d’accueil depuis l’âge de deux ans et demi. S’automutile. Mère déficiente intellectuelle. Répète sans cesse qu’elle retournera chez sa maman bientôt. William, huit ans, hyperactif. Troisième foyer d’accueil. Agressif envers ses professeurs. Encouragé par son père à mal se comporter avec sa famille d’accueil. A connu une maison familiale avec bouteilles de boisson et armes qui traînent.»

Ce sont là quelques exemples des notes biographiques que portent à leur cou les huit toutous en peluche que les représentants de l’Alliance du personnel professionnel et technique du réseau de la santé et des services sociaux (APTS) vont remettre en personne, au cours des prochaines semaines, aux huit députés de la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec pour leur rappeler leur engagement unanime à faire de la protection de la jeunesse une «priorité nationale». Voilà l’objectif de l’opération «Toutou cherche député·e d’accueil», lancée la semaine dernière par l’APTS.

Ces toutous personnifient les milliers d’enfants confiés chaque année à la DPJ. Ainsi qu’il arrive à ces enfants, chacun de ces toutous sera remis à un député à titre de parent d’accueil, le temps que notre système cesse d’être dysfonctionnel.

«Ce toutou doit leur servir de rappel quant à l’urgence de la situation et à leurs responsabilités envers tous les enfants du Québec, pour la protection desquels ils se sont engagés solennellement au Salon bleu de l’Assemblée nationale. La misère, la négligence, les abus et la violence faites à nos enfants ne prennent malheureusement pas de répit. Il faut des solutions énergiques immédiates pour nos enfants. Ça presse!», a indiqué d’entrée de jeu Sylvie Godin, représentante nationale APTS pour la Mauricie et le Centre-du-Québec.

«La création de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ), même si elle est bienvenue, ne constitue que l’un des deux versants de la “priorité nationale” évoquée par nos élus. L’autre, c’est la mise en place de mesures énergiques immédiates pour s’attaquer aux causes qui ont conduit au décès d’une fillette de sept ans à Granby, troisième événement du genre en autant d’années et preuve de l’urgence de la situation, ce contre quoi la CSDEPJ ne peut rien actuellement», a ajouté Sylvie Godin.

La pénurie de personnel, la surcharge de travail des intervenants, l’allongement des listes d’attente, etc., rien n’a vraiment changé sur le terrain aux yeux de l’APTS. Résultat : un autre drame pourrait se produire demain matin. Et les différents rapports sur l’ampleur de la crise à la DPJ remis au ministre Carmant à son entrée en poste, et obtenus par les médias, semblent donner raison au syndicat représentant 90 % des intervenants dans les centres jeunesse à travers le Québec.

«Si le gouvernement ne fait rien de vraiment significatif ces prochaines semaines et qu’un tel événement devait survenir, un sérieux examen de conscience s’imposerait à lui, a prévenu Sylvie Godin, pour n’avoir pas donné suite aux appels à l’aide et aux multiples solutions de nos intervenants depuis plusieurs semaines déjà.»

L’APTS craint que la création de la CSDEPJ, la fin des travaux parlementaires ainsi que les vacances estivales nous fassent collectivement baisser la garde et qu’elles freinent l’élan de bonne volonté qui s’est enclenché le 2 mai dernier, d’où le lancement de cette opération toutou. Ces peluches se sont spontanément imposées comme symbole par excellence des enfants négligés et de l’empathie des Québécois envers eux. Elles symbolisent la souffrance et le désespoir de tous ces enfants anonymes et, désormais, leur vibrant appel à l’aide. (LT)

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