Quand le mauvais sort s’acharne

Photo de Marilyne Demers
Par Marilyne Demers
Quand le mauvais sort s’acharne
Marie-Claude Boisclair a dû se faire amputer la jambe gauche jusqu’à mi-mollet en décembre dernier. (Photo : Gracieuseté)

En décembre dernier, Marie-Claude Boisclair a subi l’amputation d’un membre en raison d’une tumeur cancéreuse. Les traitements de chimiothérapie lui ont ensuite fait perdre ses longs cheveux bruns frisés. Ce sont toutefois les démarches pour obtenir de l’aide du gouvernement qui lui ont enlevé le peu d’énergie qu’il lui restait.

Marie-Claude était à deux doigts – ou plutôt une session – de tenir son diplôme d’agronomie entre ses mains. La vie en a toutefois décidé autrement. La jeune femme de 25 ans ressentait de la douleur à son pied gauche depuis une dizaine d’années. Les médecins et les spécialistes n’avaient rien trouvé d’anormal. Du moins, jusqu’à l’an dernier.

Le diagnostic : le sarcome synovial, une forme de cancer rare. Marie-Claude a dû se faire amputer la jambe gauche jusqu’à mi-mollet. Elle a entrepris des traitements de chimiothérapie préventifs. Cinq jours de traitements, cinq heures par jour, deux semaines pour se relever. Cinq cycles.

Elle a mis un terme au troisième. «Je n’étais plus capable. Que j’en aurais fait cinq ou pas du tout, ça se peut que le cancer revienne. Les médecins ne le savaient pas. J’ai pris la décision d’arrêter», indique-t-elle, les émotions à fleur de peau.

Avec la chimiothérapie venait aussi le risque, à 80%, de devenir stérile. Marie-Claude a refusé qu’on lui enlève le privilège d’être mère. La jeune femme a fait des traitements de stimulation ovarienne, qui devraient lui permettre de porter un enfant dans le futur.

L’avenir, elle ignore toutefois ce qu’il lui réserve. En juin, elle devra se soumettre à un examen. Il permettra de dépister toute récidive du cancer. «Si jamais le cancer revenait, les chances de guérison sont presque nulles», confie sa mère, Joanne Bahl.

Cri du cœur
Même si les plans de Marie-Claude sont sur pause depuis des mois, la vie ne s’arrête pas pour autant. La Cyrilloise doit subvenir à ses besoins, dont les allers-retours à Québec pour les examens médicaux, l’achat de nouveaux vêtements en raison de la prise de poids causée par la médication et le coût des traitements de stimulation ovarienne.

Forcée de quitter ses études, elle s’est vu retirer ses prêts étudiants. N’ayant pas accumulé assez d’heures au travail, elle ne peut avoir recours au chômage. En convalescence chez son père, elle se retrouve à la charge de ses parents.

Elle ne peut donc avoir droit à de l’aide sociale, et ce, malgré un papier signé du médecin. «J’ai perdu bien des affaires, mais perdre mon autonomie, c’est difficile», déplore Marie-Claude, qui se sent comme un «fardeau» pour ses proches.

Tel qu’indiqué dans une lettre du gouvernement provincial adressée à sa mère et son père, la prestation a été établie en tenant compte de la contribution parentale. En d’autres mots, ce sont les parents qui doivent soutenir financièrement Marie-Claude pendant cette épreuve.

Pour la mère, qui a dû recevoir des prestations de l’assurance-emploi le temps de se rendre disponible pour sa fille, ce montant est fixé à environ 1600$ par mois. Son père doit lui aussi remettre une contribution parentale à Marie-Claude d’ici à ce qu’elle retourne sur le marché du travail, possiblement dans un an, si tout va bien.

Marie-Claude Boisclair tente de garder le sourire, malgré cette épreuve.

«Ça m’a pris tellement d’énergie, pour finalement me faire dire que ma condition n’était pas assez grave pour que je reçoive de l’aide du gouvernement. Qu’est-ce que ça prend de plus? C’est assez apparent que je ne peux pas travailler», déplore la jeune femme.

«Le pire dans tout ça, c’est qu’après, toute ma vie, je vais devoir payer de l’impôt, pour de l’aide sociale. La seule fois dans ma vie où j’en aurais eu vraiment besoin, personne ne peut m’aider. Je ne suis pas admissible nulle part. On dirait que c’est un moule. Tu remplis ton formulaire et si tu ne rentres pas là-dedans, ils refusent de t’aider.»

Devant ce refus, les proches de Marie-Claude se sont mobilisés. Une collecte de canettes et de bouteilles vides s’est organisée pour lui donner un coup de pouce. Elle a aussi reçu une somme des Chevaliers de Colomb. «Il y beaucoup de gens dans la région qui sont derrière nous. Une canette va faire la différence», lance Joanne Bahl.

Cette dernière espère que leur cri du cœur se fasse entendre. «On est heureux que Marie-Claude soit avec nous. C’est ça l’important. On vit ça au jour le jour. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, mais si on peut aider d’autres Québécois et faire bouger les choses, tant mieux», conclut la mère.

Bientôt, Marie-Claude pourra porter une prothèse. Ce sera le début de sa période de réadaptation.

Partager cet article