Un locataire lui fait vivre l’enfer

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Par Frederic Marcoux
Un locataire lui fait vivre l’enfer
Le loyer était méconnaissable, après le départ de Carl Tremblay. (Photo : Gracieuseté)

HABITATION. Après avoir vécu l’enfer avec un mauvais locataire pendant un an et demi, Fleurette Demers s’apprête à tourner la page. La dame âgée de 77 ans estime que sa mésaventure lui a coûté 30 000 $.

La Drummondvilloise croyait que le deuxième étage de son duplex pourrait lui permettre de faire un peu d’argent pour profiter d’une belle retraite. Tout le contraire s’est produit. Le comportement du locataire du deuxième étage a hanté ses nuits.

«C’était un beau parleur qui savait jouer du violon, pour le dire comme ça. J’ai été trop naïve et j’ai le sentiment de m’être fait abuser», d’opiner Fleurette Demers avant de raconter son histoire.

Dès les premières semaines, après la signature du bail, en juillet 2017, Carl Tremblay a commencé à effectuer des travaux dans l’appartement, sans son accord. L’homme en question s’est même permis d’enlever un mur, de retirer une rampe de sécurité dans la partie arrière du loyer et de réaliser des travaux électriques, sans être qualifié pour la tâche, selon Fleurette Demers.

Des bris et l’absence de certaines armoires étaient visibles, dans les jours qui ont suivi l’expulsion.

En novembre 2017, la septuagénaire a entamé le long processus à la Régie du logement pour pouvoir montrer la porte de sortie son locataire. À un certain moment, Tremblay s’est présenté comme une victime, puisqu’elle insistait pour qu’il soit expulsé. Il a lui-même envoyé une mise en demeure de près de 70 000 $. La situation a grandement stressé la propriétaire des lieux. Près de 13 mois jour pour jour après le dépôt de la plainte, et plusieurs rencontres à la Régie du logement, Fleurette Demers a finalement obtenu gain de cause pour pouvoir expulser Carl Tremblay, deux semaines avant Noël. Le temps des Fêtes a cependant retardé son départ.

En janvier, l’homme a omis de quitter le loyer, même après l’avertissement d’un huissier. Dans les heures qui ont précédé le départ forcé, le 10 janvier 2019, Fleurette Demers a entendu du vacarme (un éclat de vitre) au-dessus de son appartement. Dans cette histoire, Carl Tremblay est accusé d’avoir commis des méfaits de plus de 5000 $ à l’intérieur de la résidence située rue Chabanel à Drummondville et d’avoir volé de Fleurette Demers des tuiles de plancher, des armoires et des rampes d’escalier d’une valeur dépassant les 5000 $. Les délits se seraient produits entre le 1er juillet 2017 et le 10 janvier 2019.

Carl Tremblay a été transporté de la prison pour se rendre au Palais de justice de Drummondville, pour comparaître dans ce dossier, le 8 mai dernier. Son dossier reviendra à la cour le 5 juillet prochain. Il purge présentement une peine de 18 mois de prison pour une histoire de fraude. L’homme âgé de 42 ans avait notamment subtilisé plus de 57 000 $ des régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER) de sa mère, en 2015, afin de payer sa drogue.

Plancher pourri par l’urine de chat

Fleurette Demers garde un mauvais souvenir des derniers mois. (Photo Ghyslain Bergeron)

Lorsque Fleurette Demers a constaté l’état de l’appartement qu’elle louait, il était méconnaissable, se rappelle-t-elle. La dame n’a pas eu d’autre choix que de refaire le plancher de la quasi-totalité de la demeure.  Une odeur nauséabonde d’ammoniac émanait des lieux. Une portion importante du plancher a été pourrie par de l’urine de chat. Des excréments de félins se fondaient dans le décor de l’appartement.

«Je ne suis pas une femme riche. Ce qui me fait beaucoup de peine, c’est que je ne suis même plus en mesure de me nourrir sainement comme avant. Je n’ai jamais vécu dans le luxe, mais que je sois forcée de vivre dans une situation indécente après tout ça, à mon âge, je trouve ça vraiment difficile», s’attriste Fleurette Demers.

Elle a perdu espoir de retrouver l’argent qui lui est dû. La propriétaire a dressé un document de ses pertes financières. Carl Tremblay a omis de lui payer 15 mois de location, selon Mme Demers. La dame est en droit de porter plainte, mais ses frais d’avocats et de huissiers dépassent déjà les 4000 $. Pour ce qui est des dépenses, afin de remettre le loyer à l’ordre, la somme dépensée est de plus de 20 000 $ et les travaux ne sont pas terminés.

La rampe d’appui essentielle à la sécurité a été retirée, sans l’accord de Fleurette Demers. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Le pire dans tout ça est que j’y ai laissé ma santé. Ça m’a fait vraiment vieillir. J’ai pris un coup de vieille, insiste la principale intéressée. Je souhaite que la Régie du logement change sa façon de faire pour nous aider. Il devrait aussi y avoir un site internet qui pourrait rassembler tous les mauvais payeurs pour éviter que la situation ne se reproduise.»

Dès que Fleurette Demers a présenté la résidence en question à L’Express, un sourire est immédiatement apparu sur son visage. Les travaux redonnent de l’éclat à l’appartement, au grand plaisir de la propriétaire. Même si la remise en état ne sera pas terminée en juillet, l’arrière-grand-maman se rattache à l’espoir de finalement trouver un locataire digne de confiance.

«Une quiétude, au fond de moi, c’est tout ce que je veux», conclut-elle.

 

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