L’hygiène publique à Drummondville durant les années 1930-1940

Jean Thibault
L’hygiène publique à Drummondville durant les années 1930-1940
(Photo : Source : Société d’histoire de Drummond, Fonds Abbé Jean-Noël Laplante ; P78, S2, D23, P9))

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE. L’urbanisation rapide que connut Drummondville dans les années 1920 amena son lot de problèmes dans le domaine de l’hygiène publique; les gens arrivés de la campagne étaient peu sensibles au problème des déchets, ayant vécu dans un habitat dispersé.

Pendant l’hiver, la population avait la mauvaise habitude de lancer dans les cours les détritus de toute sorte, dont les restes de table, sans conséquence immédiate car ces déchets étaient vite recouverts par les chutes de neige successives. En avril 1932, l’éditorialiste Adélard Rivard incitait ses concitoyens à débarrasser les cours des déchets et des détritus qui s’étaient accumulés pendant l’hiver. Autrement les mouches s’y reproduiraient par milliers, pour devenir le pire cauchemar des ménagères. Il y allait de la santé publique, les mouches étant la cause indirecte de nombreuses maladies infectieuses.

On discutait encore en 1932 de la nécessité d’obliger chaque propriétaire ou locataire à avoir un réceptacle en bois ou en métal muni d’un couvercle et de deux poignées.  Un règlement municipal fut adopté en 1935 : on devait déposer dans les poubelles les boîtes de conserve, les restes de table, la cendre; il était interdit aux chiffonniers d’y toucher. Les journaux devaient être mis à part, roulés et attachés. Les ordures étaient ramassées toutes les semaines; les résidents devaient placer les poubelles à dix pieds du trottoir avant 7 heures; les contrevenants risquaient une amende de 20 $ ou deux mois de prison. Mais les mauvaises habitudes avaient la vie dure; encore en 1941, on dénombrait de nombreuses plaintes au sujet des vidanges, car les gens négligeaient de les déposer dans des réceptacles convenables.

Les ordures étaient acheminées au bout de la rue Dumoulin semble-t-il, et les résidents n’en pouvaient plus des mauvaises odeurs; la municipalité ouvrit donc un nouveau dépotoir en dehors de la ville. On confiait à un entrepreneur l’enlèvement des ordures : Cyprien Hébert se chargea de cette besogne en 1936 pour la somme de 2036 $. Les rivières et leurs berges ont longtemps servi de dépotoirs même pour les municipalités : le conseil de comté dut interdire à la Ville de Drummondville de déposer ses vidanges dans la rivière Noire en 1943.

La situation n’était guère meilleure dans les rues, déplorait-on en 1940, car les gens y jetaient tout ce dont ils voulaient se débarrasser, détritus de tout genre, papiers, boîtes vides, carton.  Ce n’était pas les boîtes à déchets qui manquaient, car la Ville en avait installé le long des rues trois ans auparavant. Les terrains vacants étaient couverts de broussailles et de débris. Les jardins et les parterres étaient dans un état lamentable, les maisons étaient mal entretenues, avec leurs galeries écrasées, leurs carreaux cassés, leur peinture négligée, se lamentait le journaliste Rivard en 1941, car certains propriétaires craignaient une hausse des taxes consécutive à une amélioration.  Les taudis étaient une disgrâce pour la ville, certains n’étant même pas raccordés au système d’égout. Il fallut attendre les années 1950 avant de voir la situation s’améliorer, avec l’évolution des mentalités et l’amélioration des services municipaux.

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