Un mauvais rêve?

Un mauvais rêve?
(Photo : L'Express)

François Bonnardel, ministre des Transports,

Monsieur le ministre, en mars 2015, nous avons acquis la totalité des 35 permis de taxi pour l’agglomération A-29 (Drummondville), via l’acquisition de Taxi Central.

La portion «permis» de cette acquisition a représenté à elle seule un coût de 3,5 M$ (100 000 $/permis), sans compter un extra de 100 000 $ pour tout l’équipement nécessaire à l’opération de ces taxis. Le tout fut financé sur une période de 15 ans et il reste encore 11 années de remboursement à faire.

Votre projet de loi 17 a pour effet pervers de réduire la valeur de mes permis à 0.00 $ dès l’an prochain. Il m’est impossible de trouver une base rationnelle dans le fait que mon gouvernement propose une loi qui fait en sorte que je devrai faire une radiation totale, dès 2020, d’un actif payé 3,5 M$ en 2015, alors que la Loi l’exigeait ainsi. On ne peut même pas prétendre ici à une expropriation, cette dernière devant faire l’objet d’une négociation de bonne foi, basée sur des évaluations professionnelles.

Personne n’arrive à croire que d’ici 12 mois, mon investissement de 3,5 M$ sera réduit à néant, par le seul effet d’une loi. C’est hors de tout entendement, d’autant plus que je devrai continuer à rembourser la dette jusqu’en 2030 au minimum, en sachant dès maintenant que je n’ai plus rien en retour de ces 3,5 M$. Bien entendu, ceci ne sera possible que si mon créancier veut toujours financer des permis qui n’existeront plus. Qu’en pensez-vous?

Au final, si jamais ce projet de loi 17 va de l’avant, vous devez distribuer les compensations de façon équitable soit en tenant compte de la première distribution inégale et en réajustant les montants de façon à ce que TOUS les propriétaires reçoivent au final leur juste part de ce 500 M$, soit 73 529$ par permis (1/6800e) et non un maigre 1000$ tel que nous avons reçu l’automne dernier chez Taxi Central.

J’aimerais bien que votre projet de loi 17 ne soit qu’un mauvais rêve. Le genre de rêve qui vous empêche de dormir jour après jour mais qui, au final, n’est qu’un mauvais rêve.

Malheureusement, la situation actuelle semble bien réelle, mon gouvernement s’apprête à me faire perdre 3.5 M$, tout en me disant que cela allégera mon fardeau fiscal, que ce sera plus équitable, et que j’en sortirai gagnant.

Vivement, que mon cadran sonne!

PS : une question au passage, que fera la CAQ quand UBER Vino ou UBER Tobacco apparaîtront au Québec? Du vin à moitié du prix de la SAQ et des cigarettes à moitié du prix du dépanneur (grâce aux taxes ou permis impayés), le tout commandé via une application mobile, livré par un chauffeur UBER, facturé directement aux clients, heureux et comblés? Allez-vous accueillir ces technologies à bras ouvert sous prétexte que le client en sort gagnant? Permettez-moi d’en douter.

Charles Lambert

Président

Taxi Central

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