Le prix de l’essence est-il plus élevé à Drummondville?

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Par Jean-Pierre Boisvert
Le prix de l’essence est-il plus élevé à Drummondville?
Tous les prix affichés se situaient exactement 1,22.9 cents le litre lundi matin à Drummondville. (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

AFFAIRES. Est-il possible que Drummondville paye plus cher que dans les régions environnantes le prix de l’essence à la pompe?

La question peut être oui une certaine journée et non le lendemain. Elle mérite néanmoins d’être posée à la lumière des comparaisons qui sont disponibles sur différents sites internet dont celui de CAA.

Au matin du lundi 25 mars, le prix affiché partout à Drummondville se situait à 1,22 $ pour un litre d’essence, à 1,18 $ à Trois-Rivières et Saint-Hyacinthe et même à 1,09 $ à un certain endroit à Victoriaville. En Estrie, on le donnait à 1,19 $.

Pourquoi un tel écart entre des villes voisines?

Ici il n’y a pas qu’une seule réponse valable, comme le fait valoir d’entrée de jeu Annie Gauthier, porte-parole de CAA Québec. «C’est un libre marché et les décisions corporatives vont varier d’une compagnie à une autre. Un propriétaire d’une station-service peut décider de vendre beaucoup moins cher que le prix réaliste parce qu’il juge qu’il aura plus de clients, mettant ainsi une pression sur une baisse des prix, alors qu’un autre jugera qu’il maintient le prix sachant qu’il ne perdra pas tant que ça de sa clientèle.

«À Drummondville, ajoute-t-elle, je n’ai pas vraiment d’explication. Les motifs d’une hausse ou d’une baisse du prix du litre d’essence diffèrent d’une ville à l’autre».

Se peut-il que la compagnie Harnois Énergies, qui a acheté Pétro-T de Léo-Paul Therrien, il y a quatre ans, contribue à tirer vers le haut le prix de l’essence? Alors que, les Drummondvillois en sont témoins, Pétro-T cherchait autant que faire se peut à garder le prix le plus bas possible, forçant ses concurrents à en faire tout autant.

«Oui, la transaction peut être une partie de l’explication, mais c’est loin d’être la seule. Il arrive que le prix dépende de la vision d’un propriétaire, mais, je le répète, c’est un libre marché. L’automobiliste doit surveiller sa consommation. On n’est pas toujours obligé de faire le plein si l’on juge que le prix est plus élevé que d’habitude. Il n’y a pas de recette miracle», d’admettre Annie Gauthier.

L’Express a voulu en parler avec Harnois Énergies, basée à Saint-Thomas près de Joliette, mais la compagnie nous a plutôt redirigés vers l’Association des distributeurs d’énergie du Québec (ADEQ) et de sa présidente-directrice-générale Sonia Marcotte. Celle-ci reconnaît que la situation est complexe et qu’une comparaison, aussi sérieuse soit-elle, ne peut être concluante si elle est faite sur une seule journée.

«Ça varie d’une journée à l’autre et d’une région à l’autre. Dans une ville voisine de la vôtre, il peut y avoir une guerre de prix qui porte à faire baisser les prix. Cela peut durer un certain temps mais pas tout le temps car la marge de profit est parfois à zéro», met-en en contexte.

«Si on jette un regard sur une année, on voit par exemple qu’en 2018 la marge a été plus élevée d’un cent à Drummondville par rapport à Victoriaville, selon ce qu’indique la Régie de l’énergie. Les propriétaires de station-service doivent composer avec le prix à la rampe de chargement des raffineries plus les taxes qui s’ajoutent et, à partir de là, ils doivent fixer un prix du litre d’essence qui tient compte de leur coût d’exploitation, lequel est estimé à 5,5 cents du litre dans des régions comme Trois-Rivières, Sherbrooke et Drummondville, communément appelée la zone 2. Il y a deux raffineries au Québec, Suncor à Montréal et Valero à Lévis. Il y a également au Québec un importateur indépendant, Norcan, qui est en fait le seul au Canada. Il peut jouer un rôle de chien de garder en quelque sorte car il peut acheter du pétrole moins cher si les deux raffineries veulent vendre avec une trop grande marge de profit par rapport à ce qu’elles ont payé pour le brut. Le brut se négocie à l’international, le prix à la raffinerie est d’ordre continental alors que le prix du litre est décidé au niveau local. Ce n’est pas facile à saisir mais tous les détails du prix de l’essence et de ses composantes se trouvent sur internet. Et le produit est le même partout», ajoute-t-elle.

Sonia Marcotte est toutefois d’avis que le Centre-du-Québec, où se déroulent régulièrement des guerres de prix, est une région qui affiche les prix parmi les plus bas au Québec. «Du moins, pour les récentes années, précise-t-elle, car, encore une fois, la situation varie».

À noter en terminant que la Régie de l’énergie, qui est chargée de surveiller les prix des produits pétroliers afin de renseigner les consommateurs, effectue des relevés sur les prix affichés dans les diverses régions du Québec. Elle estime également pour ces régions les coûts totaux que doit supporter un détaillant. Les résultats des plus récents relevés et estimations sont disponibles sur son site internet dans la section intitulée Publications.

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