Cordonniers de grand-père en petit-fils

Photo de Ghyslain Bergeron
Par Ghyslain Bergeron
Cordonniers de grand-père en petit-fils
Lucien Chaput exerce le métier de cordonnier depuis plus de 40 ans. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Ce n’est pas d’hier que les Chaput font tourner leurs moulins à coudre pour réparer les sacs et bottes brisées. Le métier de cordonnier, de moins en moins pratiqué, a traversé les années et a animé les passions de plusieurs générations de cette famille d’artistes de l’aiguille et du fil.

C’est dans son atelier de la rue Saint-Denis que Lucien Chaput travaille depuis 1976. Au travers des retailles de cuir, d’une caisse enregistreuse qui ferait l’envie de bien des collectionneurs et de l’odeur qui caractérise le commerce, le cordonnier parle avec passion de son métier.

«Mon grand-père et mon père étaient des cordonniers. Au milieu des années 1960, j’ai appris de mon père en travaillant après l’école et les fins de semaine dans l’atelier de la rue Lindsay. Il nous faisait coudre des sacs d’école et effectuer des réparations faciles. De plus, c’était la mode de marcher au centre-ville, alors on cirait les souliers des passants pour 0,25 $ au coin de Lindsay et des Forges», a expliqué M. Chaput.

À l’époque, Lucien Chaput avait effacé deux barres sur le »E» pour pouvoir utiliser l’enseigne.

Si de nos jours seulement quelques cordonneries sont toujours actives dans la région, c’est que ce métier plutôt ancestral n’est plus très populaire. Il existe une école de formation dans la région de Saint-Hyacinthe, mais la demande n’est pas très forte.

«Il y a eu une crise quand le plastique est arrivé et plusieurs cordonneries ont dû fermer. J’ai acheté mon équipement (qu’il possède toujours aujourd’hui) et j’ai mis la main sur des stocks, à faible coût, d’une usine de caoutchouc qui avait fermé. À ce moment, en 1977, ç’a vraiment décollé et ça n’a jamais arrêté. Même si je touche à tout, je suis reconnu pour la réparation des équipements de hockey de toutes sortes. Il faut être habile, créatif et débrouillard, car il n’y a pas de mode d’emploi dans ce métier», a ajouté l’homme de 72 ans.

De vieilles pièces d’équipement de hockey ornent l’atelier de cordonnerie.

Après plus de 40 ans, la passion pour le métier est toujours présente. Il compte bien exercer sa profession aussi longtemps que la santé le lui permettra. «Même si mes frères et sœurs sont dans le domaine, je n’ai pas de relève, car mes enfants sont dans des sphères de travail bien différentes. Ça ne m’empêche pas continuer, car j’aime aider les gens, les dépanner et ça me stimule. Quand viendra le temps, je serai en mesure de montrer le métier à un acheteur potentiel, mais la retraite n’est pas pour demain», a conclu Lucien Chaput.

Partager cet article