Ode au végétarisme

Ode au végétarisme
(Photo : Depositphoto)

CHRONIQUE. Il y a cinq ans, j’ai décidé de devenir végétarienne. Mon seul regret : ne pas l’avoir fait avant (c’est un cliché qui me fait grincer des dents, mais c’est vrai, que voulez-vous.)

J’ai commencé par l’ovo-lacto-végétarisme, donc je consommais des œufs et des produits laitiers, mais pas de viande, ni poisson, ni fruits de mer. Depuis quelques mois, je tends de plus en plus vers l’alimentation végétalienne, donc je délaisse de plus en plus les œufs et les laits, yogourts et fromages.

Il y a plusieurs sortes de végétarisme, et toutes sont bonnes. S’agit de voir ce qui nous convient davantage. Ce n’est pas un régime alimentaire où les règles sont bien définies, et c’est la beauté de la chose : on peut l’adapter au gré de nos envies. Juste le fait de faire des efforts est une excellente chose, à mon avis. Célébrons nos petites victoires et soyons indulgents avec nous-mêmes. Ce n’est pas une prison!

Je ne me souviens pas qu’il y ait eu un élément déclencheur particulier. Ça s’est fait tout seul, en fait : je suis partie en appartement à 17 ans, et je ne me souviens pas d’avoir cuisiné de la viande depuis ce moment. J’ai appris un peu sur le tas, en lisant des livres de cuisine végé et en faisant des essais-erreurs pas toujours très appétissants.

Maintenant que je maîtrise beaucoup mieux l’art de la cuisine, je me gâte : sauté de tofu au cari, couscous marocain, chili sin carne, potages en tout genre, pâtes aux épinards et tomates séchées… Mes papilles gustatives festoient tous les jours.

Pourtant, des commentaires plus ou moins intelligents, j’en ai entendus plus que ma part. On m’a même déjà lancé que «manger trop de légumes rendait débile». Je pense sincèrement que mon quotient intellectuel se porte plutôt bien, malgré la quantité de végétaux que j’ingère. En tout cas.

J’ai l’impression que le seul fait d’être végétarien dérange. Qu’on le veuille ou non, c’est une façon implicite de remettre en question le mode de vie de bien des gens. Pas besoin d’être militant ou de porter un carré rouge : la seule présence d’un végé crée des réflexes de défense.

Je vous rassure : je n’ai pas la prétention de tout savoir et mon rôle n’est pas de faire la morale à qui que ce soit. Continuez de manger du bacon si cela vous chante, ce n’est pas à moi de gérer ça. Arrêtez, par contre, de me demander comment je fais pour ne pas en manger. C’est probablement la question la plus impertinente qu’on m’ait posée de toute ma vie.

Je ne suis pas là pour tenter de vous convaincre (même si, je l’avoue, ça me ferait un petit velours), et j’ai appris à lâcher prise à ce sujet. Je ne force personne, mais je n’ai plus envie de me justifier toutes les cinq minutes. Vivre et laisser vivre, n’est-ce pas?

Je pense néanmoins que nous sommes à une époque où il devient de plus en plus important de s’informer sur cette option, que ce soit pour des raisons d’environnement, de santé, d’éthique ou d’économies (Dieu sait qu’une conserve de pois chiches coûte beaucoup moins cher qu’un paquet de bœuf haché…).

Le stéréotype du végétarien pâle et à l’œil vitreux, qui souffre de carences nutritionnelles en protéines (les sacro-saintes protéines!) et en fer a la vie dure, même en 2018.

Cependant, lorsqu’on prend le temps de lire un peu de littérature scientifique, on se rend compte que ces craintes sont fondées non pas sur des faits, mais sur des croyances. Au final, on peut en conclure que n’importe quel régime alimentaire non-équilibré est susceptible de créer des carences.

L’Academy of Nutrition and Dietetics (AND), la plus grosse association mondiale de professionnels de la nutrition, a d’ailleurs pris officiellement position en ce sens en 2016 [en traduction libre] : «Une diète végétarienne ou végétalienne bien planifiée est santé, nutritionnellement adéquate et peut aider à prévenir certaines maladies.»

Et j’en profite pour glisser une information à saveur écologique : d’après Bernard Lavallé, nutritionniste et vulgarisateur scientifique, la production d’un seul kilo de bœuf nécessite environ 15 415 litres d’eau. C’est neuf fois plus qu’un kilo de céréales, seize fois plus qu’un kilo de fruits.

Et on m’a déjà dit, il y a quelques années, qu’un végétarien en Hummer pollue moins qu’un omnivore en Smart. J’aime bien cette image.

Ça fait réfléchir un peu, n’est-ce pas?

Est-ce que tous les végétariens sont en santé? Probablement pas.

Est-ce une solution miracle à tous les problèmes de l’humanité? Non plus.

Mais je pense qu’il n’est jamais trop tard pour se questionner. Et dans un monde où les changements climatiques font partie de nos vies (quoi qu’en dise Donald Trump), l’alimentation devient une option accessible pour qui souhaite réduire son empreinte écologique.

À mon sens, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des petits gestes.

On parle de plus en plus de ce mode de vie et, à mon avis, c’est une excellente chose. D’ailleurs, le Guide alimentaire canadien, qui devrait être présenté cette année par Santé Canada, devrait laisser une place de choix aux fruits, aux légumes, aux grains entiers et aux aliments riches en protéines d’origine végétale.

Le professeur et chercheur Jean-Claude Moubarac disait également ceci, dans une entrevue accordée à Radio-Canada en juillet 2017 : «On essaie d’orienter les consommateurs à diminuer leur consommation de produits laitiers et de viandes dans un souci écologique, ce qui est une innovation assez intéressante. Là, réellement, Santé Canada endosse le souci environnemental.»

Est-ce que le futur est végé?

À vous d’y répondre.

Quelques trucs

– Jeter son dévolu sur deux ou trois recettes végétariennes savoureuses et bien les maîtriser avant d’élargir ses horizons.

  • Ne pas se mettre trop de pression. Ça ne sert à rien. Un petit pas à la fois!
  • Voir les choses plus positivement : par exemple, au lieu de penser à toutes ces ailes de poulet qu’on ne pourra jamais manger, songer plutôt à tous les merveilleuses recettes de brownies vegan qui existent. Que de délices!
  • Les épices, bon Dieu! N’hésitez pas à utiliser les épices, c’est ce qui donne du goût à un plat.
  • Allez-y lentement. C’est la clé du succès.

 

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