Adélard Lambert, ce grand méconnu du folklore canadien-français

Adélard Lambert, ce grand méconnu du folklore canadien-français
Adélard Lambert

HISTOIRE. Le nom d’Adélard Lambert ne dit sans doute rien à une grande majorité des Drummondvillois, lesquels savent encore moins qu’il a vécu le tiers de sa vie ici.

Pour faire découvrir cet incontournable personnage dans le monde du patrimoine vivant québécois et franco-américain et afin de souligner son apport important pour la culture traditionnelle francophone d’Amérique, le Centre Mnémo a conçu une exposition présentement en montre à la bibliothèque publique de Drummondville. Danielle Martineau, médiatrice du patrimoine vivant, collige depuis 2012 les informations, documents et photos, lesquels sont également regroupés sur un site web (lambert.mnemo.qc.ca).

Né à Saint-Cuthbert dans Lanaudière en 1867, cet homme à la fois écrivain, collecteur, bibliophile et mémorialiste a voué sa vie à la sauvegarde de la culture qui a bercé son enfance. Ce sont d’ailleurs les chansons de sa mère qui ont été la plus importante de ses sources en jouant un rôle de premier plan dans sa vocation de folkloriste.

Pour mieux comprendre son unique parcours, les visiteurs de l’exposition peuvent notamment y lire une biographie se déclinant en une vingtaine de faits marquants.

On peut entre autres apprendre qu’il s’est exilé aux États-Unis à plusieurs reprises entre 1869 et 1890. «Ses allers-retours multiples vers la Nouvelle-Angleterre l’auront sans doute rendu particulièrement sensible à la situation fragile de la francophonie nord-américaine», est-il indiqué.

En 1890, il devient agent pour une compagnie de thé à Manchester, aux États-Unis. Une expérience de travail qui sera significative parce que c’est à ce moment que son œuvre de bibliophilie prend forme. De fait, les livres serviront souvent de monnaie d’échange contre un thé. Sa passion pour les livres l’a même amené à créer la première bibliothèque francophone aux États-Unis. Le Drummondvillois d’adoption cède en 1918 son inestimable collection de livres à l’Association canado-américaine de Manchester. Elle comprenait environ 4000 bouquins.

La même année, il fait paraître sa première chanson collectée en 1917 dans une revue montréalaise. Peu de temps après, il tissera des liens avec le fondateur de l’anthropologie canadienne et québécoise, Marius Barbeau.

«Celui-ci lui a envoyé un phonographe à cylindre de cire de même que du papier pour qu’Adélard enregistre et mettre sur papier tout ce qu’il trouve intéressant. Ils feront cet exercice durant 24 ans, et ce, sans se rencontrer. C’est comme ça qu’ils ont constitué l’impressionnante collection de M. Lambert», explique Mme Martineau, indiquant qu’à cette même époque, de 1921 à 1946, il vivait à Drummondville.

La collection totale des chansons recueillies par Adélard compte plus de 500 titres et variantes. À cela s’ajoutent environ 200 contes, rondes et jeux pour enfants. Au moment de sa mort, le 18 mai 1946, il était le plus grand collecteur de chansons (pour le nombre de versions recueillies) après Marius Barbeau.

«Je trouve formidable qu’il ait eu la sagesse de comprendre le rôle fondamental de ces pratiques pour notre culture. Son legs impressionnant témoigne de son amour profond pour la langue française», expose la médiatrice.

Honoré un jour à Drummondville?

Mercredi après-midi, plusieurs descendants d’Adélard Lambert ont participé au vernissage de l’exposition. L’un d’entre eux a témoigné, au nom de tous, sa fierté qu’elle éprouve envers lui et son apport.

«Aujourd’hui, que notre ancêtre sorte de l’ombre ici, à Drummondville, nous comble de bonheur.»

Ces derniers espèrent voir un jour une rue, un parc ou bien un établissement porté son nom.

L’exposition prend place à la bibliothèque tout au long du mois d’octobre. Elle se déplacera ensuite à travers le Québec. Soulignons aussi que le site web sera bonifié au fil des prochains mois par l’ajout de divers documents audio.

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