Le courage d’avancer, ou l’histoire inspirante de Julien Racicot

Le courage d’avancer, ou l’histoire inspirante de Julien Racicot

BONNE CAUSE. Faire Gaspé-Montréal en chaise roulante en 30 jours : c’est le défi que s’est lancé Julien Racicot, lui-même vivant avec un handicap, afin d’amasser des fonds. L’Express l’a rencontré. 

C’est sous les nuages que Julien Racicot est arrivé dans le stationnement du Chocolats Favoris, où son équipe de bénévoles l’attendait. «Je suis parti ce matin de Sorel-Tracy vers 9h20, direction Drummondville. Il a mouillassé un peu, c’était frisquet. Mais dans l’ensemble, j’ai été très chanceux côté météo. Hier a été une journée de pluie, mais c’est une des seules que je ne roulais pas puisque j’ai pris le traversier entre Berthierville et Sorel. Ça a très bien adonné», raconte-t-il. Le conseiller municipal William Morales, au nom du maire Alexandre Cusson, a également tenu à le féliciter.

L’homme de 36 ans, paralysé des bras et des membres inférieurs depuis ses 18 ans à cause d’un accident de la route, a démarré il y a quelques années la fondation Adapte-Toit, qui a pour but d’aider des personnes vivant avec un handicap à adapter leur domicile. C’est donc dans l’optique d’amasser des fonds pour cette cause qu’il s’est lancé le défi un peu fou de traverser le Québec en chaise roulante.

Parti de la Gaspésie le 15 août, il en est aux quelque 200 derniers kilomètres de son périple nommé «La traversée Le courage d’avancer». «Rendu là, je ne compte presque plus», lance-t-il à la blague. Prochaine étape : Saint-Hyacinthe.

«J’ai trouvé ça plus facile que ce à quoi je m’attendais, honnêtement. Mais on n’était pas vraiment préparé pour tout l’aspect des relations publiques, les rencontres avec les municipalités, faire des communiqués… Il a fallu se réajuster en cours de route.»

Si faire Gaspé-Montréal en soi n’est pas une mince affaire, organiser un tel projet est aussi beaucoup de travail. L’équipe devait avoir un permis du ministère des Transports avant d’entamer la traversée du Québec, sauf que pour l’obtenir, ils ont dû demander l’autorisation aux 119 municipalités qu’ils comptaient traverser. «Ça a pris environ deux mois pour tout prévoir», précise Julien Racicot. Il avait notamment des règlements très précis à suivre, comme avoir un drapeau orange sur sa chaise roulante en tout temps et être escorté d’une voiture. De temps en temps, des gens le suivent à vélo pour l’encourager, et il y a même des policiers qui ont joint le mouvement à quelques reprises.

Un homme de Lévis, vivant lui aussi avec un handicap et sensible à la cause, a même prêté son véhicule récréatif déjà adapté pour un montant dit symbolique, ce qui a grandement facilité l’hébergement et limité les coûts, d’après Julien Racicot.

Les objectifs de la traversée

Julien Racicot et son équipe de bénévoles se sont fixés l’ambitieux objectif d’amasser 375 000 $ (un clin d’œil au 375e anniversaire de la Ville de Montréal) et espèrent ainsi pouvoir aider 25 personnes vivant avec un handicap à adapter adéquatement leur lieu de résidence afin de leur offrir le plus d’autonomie possible.

La sensibilisation face à cette réalité est aussi une considération majeure. «La lésion de la moelle épinière est méconnue et pourtant, c’est une situation qui touche des milliers de Québécois chaque année. Ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. En glissant sur une plaque de glace, en changeant une ampoule au plafond, en plongeant dans une piscine… Il faut être prudent, tout en continuant de profiter de la vie.»

«Quand on a les ressources nécessaires pour évoluer malgré le handicap, les possibilités sont infinies. Le plus grand handicap est entre les deux oreilles», conclut le sympathique trentenaire, qui se dirigeait vers le camping des Voltigeurs pour une courte nuit avant d’entamer la route vers Saint-Hyacinthe. 

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