Élizabeth Verrier, de professionnelle à bénévole à plein temps

Élizabeth Verrier, de professionnelle à bénévole à plein temps
Élizabeth Verrier est la présidente de la Fondation René-Verrier.

Aux études, elle avait un rêve : assurer la relève de son illustre père qui était l’un des fondateurs du bureau de comptables Verrier Paquin Hébert. Aujourd’hui,  même si son parcours n’est pas nécessairement celui qu’elle avait prévu, Élizabeth Verrier peut certainement dire «mission accomplie» puisqu’elle est à la tête, non pas d’un bureau de comptables même si elle détient un bac et une maîtrise en comptabilité, mais bien d’un organisme dont la réputation n’est plus à faire, soit la Fondation et la Maison René-Verrier.

Et aujourd’hui, c’est en faisant avancer l’un des rêves de son père René, soit celui de donner au suivant, que Élizabeth Verrier vit passionnément sa profession de «bénévole à plein temps», en investissant une trentaine d’heures par semaine au sein des organismes précités.

Début cinquantaine, Élizabeth Verrier sourit à la vie. Elle a donné un sens à sa vie et elle apprécie, plus que jamais, le moment présent. «Au fil des ans, les rêves de jeune femme ont changé ou ont pris une autre direction et je dois avouer que je ne regrette en rien tout le cheminement que j’ai parcouru», avoue spontanément la principale intéressée.

Cette semaine, L’Express Week-End a rencontré cette femme dynamique pour en savoir un peu plus sur elle. Portrait rêvé d’une professionnelle devenue bénévole.

Les études?

«Dès l’âge de cinq ans, je faisais des dessins dans lesquels je me voyais assise dans un gros fauteuil de cuir. Je voulais vraiment suivre les traces de mon père et c’est pour ça que j’ai fait mes études et ma maîtrise en comptabilité à l’Université de Sherbrooke. Pour moi, le destin était tracé comme ça.»

Et la carrière ?

«Au début, j’ai vraiment emprunté le sentier de la comptabilité. J’étais presque devenue une ¨workaholic¨, en ce sens qu’en plus de mon travail régulier, je donnais aussi des cours au cégep le soir et je faisais du coaching pour ceux et celles qui voulaient se présenter aux examens de comptable agréé. Puis, il y a eu l’arrivée de trois enfants en un peu plus de quatre ans et mes plans ont complètement changé. Toute une remise en question. C’est à ce moment-là que j’ai avisé mon père que je délaissais la pratique pour me concentrer sur ma famille. Comme emploi d’étudiante, j’avais enseigné le patin artistique. Ce fut une belle découverte et j’avais pris goût à l’enseignement. En 1996, une nouvelle aventure s’est présentée et j’ai commencé à enseigner les techniques en administration, à temps plein, au Cégep de Drummondville. Après 15 ans dans l’enseignement, j’ai décidé de relever un autre défi en 2012, soit celui de la Fondation René-Verrier.»

Comment est venue l’idée de lancer la Fondation René-Verrier ?

«L’idée a germé fin 1998, dans le dernier mois de vie de René. Tout au long de sa vie, René a su s’investir dans la communauté et nous voulions, les membres de sa famille, poursuivre cette façon de faire, sans nécessairement savoir à l’époque dans quel domaine : le sport, la santé, le communautaire. René ayant manifesté le désir de mourir à domicile, c’est en se basant sur cette «aventure» que l’idée a vraiment pris forme de mettre sur pied des services de soins palliatifs à domicile et la création d’une maison en soins palliatifs du style de la maison Aube Lumière de Sherbrooke. L’idée a rapidement fait boule de neige de sorte que dès le début de 1999, nous avions notre charte en mains.»

Une maison de sons palliatifs, était-ce un rêve ou une promesse que vous aviez faite ?

«Non, mais c’était devenu comme une mission. C’était une décision familiale et personne dans la famille ne connaissait le fonctionnement du système de la santé. On a mené le bateau comme on le pouvait, en y investissant beaucoup de temps et en contactant bon nombre de gens d’affaires du milieu susceptibles de nous aider et de nous guider dans cette aventure.»

À l’époque, c’était une ressource inexistante à Drummondville ?

«C’est vrai et il a fallu trimer dur pour en arriver là nous nous sommes aujourd’hui. Puis en 2012, il a fallu embaucher quelqu’un à temps plein pour faire avancer les choses. L’arrivée de Marie-Julie Tschiember s’est avérée très importante. Elle a su mener à bien plusieurs projets pour la Fondation René-Verrier. En 2013, il y a eu l’implantation d’un projet-pilote pour des services de soins à domicile et l’approbation pour la construction de la Maison René-Verrier. Et c’est à partir de ce moment que le rêve ou la mission a vraiment pris forme.»

Fière du chemin parcouru ?

«C’est certain et René aussi doit être très fier. Même si la création de la Fondation René-Verrier est devenue ma mission, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un projet familial auquel ont adhéré tous les membres de la famille. Il est certain que j’aurais pu prendre la relève de René en comptabilité ou encore que j’aurais pu continuer à enseigner, mais je me rends compte que ma place, elle est à la Fondation et à la Maison René-Verrier. Personnellement, c’est un honneur de travailler à la Fondation et aussi de porter le nom de Verrier. Ce dernier point, je le dois sûrement à ma mère Nicole Lupien.»

Des heures et des heures de bénévolat ?

«Effectivement. Il y a eu et il y a toujours beaucoup de boulot. Avant la construction de la Maison René-Verrier, j’investissais en moyenne une quarantaine d’heures semaine. Depuis un an, j’ai réduit à 25-30 heures semaine. Par chance que j’ai l’appui inconditionnel de mon conjoint, de mes enfants et des membres de ma famille.»

Une grande équipe ?

«Près de 200 personnes oeuvrent à l’intérieur des organismes René-Verrier, c’est-à-dire la Fondation, la Maison et les Services à domicile, dont près de 150 bénévoles.»

Sur un plan plus personnel, la petite famille ?

Mon conjoint Pierre Vaillancourt et moi avons trois enfants, Mérédith qui a 25 ans, Jeffrey 24 ans et Nathan 21 ans.»

Très engagée dans la société ?

«J’appuie plusieurs organismes en participant à des événements. Toutefois, je ne fais partie d’aucun autre conseil d’administration par manque de temps. Toutes les missions sont importantes et différentes et je ne voudrais pas être en conflit avec la mission de la Fondation René-Verrier. Par ailleurs, il y a quelques années, je me suis grandement impliquée au sein du tennis intérieur René-Verrier. Cet engagement a duré près de dix ans.»

Une journée type pour Élizabeth Verrier, ça ressemble à quoi ?

«Je vais tous les jours à la Maison et les journées sont très variées. En plus de tâches administratives, je visite les patients, je jase avec les familles et leur fais visiter la Maison, je fais toutes les commissions, je fais partie du comité du tournoi de golf et j’en passe. En fait, je suis à la Maison de 4 à 6 heures par jour.»

Le plus bel engagement ?

«Sur le plan professionnel, c’est sans aucun doute cet engagement aux organismes René-Verrier. Sur le plan personnel, c’est d’avoir réussi ma vie familiale et d’avoir accompagné mes enfants dans leur cheminement.»

Un bon cercle d’amis ?

«Même si je suis une personne qui apprécie ses moments de solitude, je suis très bien entourée d’amies. J’ai un bon cercle et j’aime bien les sorties entre amies.»

Les loisirs ?

«Ça me prend du sport dans ma vie. En fait, je consacre de une à deux heures par jour à des activités sportives, que ce soit la marche, le tennis, l’entraînement, les randonnées en montagne, le ski en hiver, souvent même en famille. Ça me prend cela pour un bon équilibre.»

Un petit côté que les gens ne connaissent pas ?

«J’aime bien les mets italiens mais je n’aime pas cuisiner. La mode actuelle autour de l’ilot de la cuisine, ce n’est pas pour moi. Je ne prends pas le temps qu’il faut, ce n’est pas inné. Je suis plus du genre manger pour vivre. Voilà.»

S’il était possible de changer une chose, ce serait quoi ?

«Que tout un chacun ait un petit côté tourné vers autrui. Ainsi, tous les organismes ne s’en porteraient que mieux.»

En terminant, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

La santé et d’en profiter pleinement. D’apprécier aussi le moment présent et d’avoir plein de petits projets qu’il est possible de réaliser tout de suite. Et en bout de ligne, pourquoi pas d’aller au bout de ses rêves», de conclure Élizabeth Verrier qui apprécie la chance qu’elle a et qui a décidé, un de ces jours, de mettre un terme à des «j’aurais donc dû».

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