Du Brésil à Drummondville pour apprendre le français

Du Brésil à Drummondville pour apprendre le français
Giovanna Yamashita adore particulièrement la poutine et a été émerveillée par la neige.

EXPÉRIENCE. Giovanna Yamashita est Brésilienne et a 17 ans. Il y a dix mois, elle ne parlait aucun mot français et s’apprêtait à vivre l’expérience la plus enrichissante et transformatrice de sa vie : étudier pendant presque un an à Drummondville. Rencontre avec une jeune participante du programme AFS interculture Canada.

Giovanna songeait depuis un bon moment à quitter son pays natal pour pouvoir apprendre une autre langue et faire de belles rencontres. Elle avait vu partir ces dernières années sa sœur et son cousin aux États-Unis et en revenir transformés et la tête remplie de beaux souvenirs. Elle s’est donc décidée l’an dernier à faire le saut. Son premier choix était le pays de l’Oncle Sam. Pour différentes raisons, sa demande lui a été refusée. Puis, le Canada, précisément le Québec, s’est offert à elle.

«Je me débrouillais en anglais, c’est l’une des raisons pourquoi je voulais aller aux États-Unis. Finalement, je suis contente d’être venue ici, car je peux maintenant parler trois langues», fait savoir la jeune fille dont la langue maternelle est le portugais.

C’est avec beaucoup de détermination, mais non sans aucune crainte que Giovanna s’est envolée vers Montréal en septembre dernier.

«Avant de partir, j’avais peur, parce que je ne savais pas à quoi m’attendre et je me demandais comment ça serait être seule. Je me posais beaucoup de questions, comme "est-ce que je vais aimer ça?" et "est-ce que ça va passer vite?" (…) Heureusement, je me suis sentie bien accueillie, ç’a aidé», se souvient-elle.

Un lots de défis et de petits bonheurs

Elle ne se cache pas pour dire que les premières semaines d’école (Marie-Rivier) ont été difficiles étant donné qu’elle ne pouvait nullement s’exprimer dans la langue de Molière ni la comprendre.

«Le français est une langue vraiment difficile à apprendre, mais le fait que ma famille d’accueil m’a tout de suite parlé en français et qu’aucune autre langue n’était utilisée dans les conversations, ç’a été plus facile. Aussi, chaque fois que je ne comprenais pas un mot, peu importe avec qui j’étais, la personne prenait le temps de me l’expliquer», indique-t-elle avec un joli accent portugais.

Si elle peut maintenant parler et comprendre sans trop de difficultés le français, Giovanna admet que l’écriture n’est pas une mince affaire.

Se faire des amis a été une autre embûche pour la jeune fille.

«C’est très difficile. Tu arrives dans un endroit où tout le monde se connaît depuis quatre ans et toi, tu ne parles pas français (…) Dans la vie, je ne suis pas une fille gênée, mais au début de l’année scolaire, j’étais vraiment timide. Je mettais mes écouteurs et restais dans un coin. Aussitôt que j’ai pu me débrouiller en français, j’ai commencé à faire plus d’efforts et tout d’un coup, les gens sont devenus curieux et me posaient des questions. L’école a vraiment été un défi.»

Sans oublier le choc culturel auquel elle a dû faire face.

«Le choc culturel était bel et bien là au début, car on entendait parler souvent du Brésil, contrairement à aujourd’hui», souligne Dominick Blanchette, bénévole du comité local d’AFS Canada.

Giovanna confie qu’elle a eu des moments plus moroses et des questionnements en raison notamment des habitudes de vie si différentes de son pays.

«J’ai remarqué que quand c’était difficile, c’était souvent à cause de ma culture. Mais au fil du temps, tu te ressaisis plus rapidement, car tu comprends pourquoi telle chose est comme ça», note-t-elle.

Elle cite en exemple les horaires d’école. Au Brésil, les jeunes peuvent choisir d’aller à l’école le matin, l’après-midi ou le soir. En ce qui concerne Giovanna, ses soirées étaient consacrées à ses cours.

«Donc j’ai eu toute une adaptation à faire. Nous autres, c’est normal de se lever à midi. Autre chose différente, j’habite à São Paulo où il y a 11 millions d’habitants. Il y a tout le temps beaucoup de monde, ça va vite. Ici, c’est tranquille, c’est plus routinier, ça, c’est bon, mais c’est un choc culturel. Aussi, il y a toujours quelque chose à faire au Brésil, ici, quand il fait -30 °C, c’est difficile… en tout cas, pour moi!», expose-t-elle en riant.

La variété d’aliments lui plaît énormément et elle avoue avoir un faible pour la poutine.

«Chez moi, je mange du riz, de la viande et des <@Ri>beans<@$p>. C’est tout. Ici, chaque jour les repas sont différents et ma famille aime manger santé avec de bons légumes.»

Qui plus est, elle se souvient du jour où elle a vu de la neige pour la première fois, un moment magique.

«Un jour, tu vois les arbres, les maisons et les rues et tout d’un coup, ça devient blanc partout. C’est incroyable. C’est vraiment beau, mais c’est vraiment froid!» souligne-t-elle en éclatant de rire.

À quelques semaines de son départ (8 juillet), Giovanna avoue que cette expérience l’a fait grandir. Cela lui a aussi permis d’apprendre à se connaître davantage.

«J’ai beaucoup changé en dix mois et ma vision du monde est différente. Avant, je n’étais pas vraiment proche de mes parents, mais le fait qu’ici les familles sont tissées serrées, ça m’a fait prendre conscience de quelque chose. Maintenant, je suis plus famille, plus ouverte avec mes parents naturels.»

À la question si elle ferait à nouveau cette expérience, elle répond par l’affirmative sans hésitation : «J’ai vraiment le goût de revenir ici. Comme je disais tantôt, au début, tu de demandes si ça sera long, mais quand c’est fini, tu te dis pourquoi c’est déjà la fin. Le temps passe vraiment vite. C’est la plus belle expérience de ma vie», conclut-elle avec un large sourire et les yeux pétillants.

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