Sans frein, à 200 km/h

Sans frein, à 200 km/h
Par un samedi matin pluvieux et nuageux

TESTÉ POUR VOUS. L’homme a toujours rêvé de voler. Bon d’accord, je ne volais pas, je tombais. Mais reste que la sensation d’être libre m’a offert une expérience inoubliable alors que j’ai effectué un saut en tandem à l’école de parachutisme Nouvel Air, à Farnham.

C’était un samedi matin nuageux et pluvieux. J’ai quand même décidé de prendre la route pour Farnham afin d’effectuer mon saut, car les cartes météo semblaient favorables en après-midi. À mon arrivée, je suis accueilli avec le sourire par Mario Prévost, copropriétaire de l’école. Il est 11 h et le ciel est couvert. Il a bien pris le temps de m’expliquer que le parachutisme n’est pas un sport dangereux, mais qu’il faut que tous les éléments externes soient favorables afin d’effectuer un saut sécuritaire.

«Nous examinons plusieurs données comme les vents en altitude et au sol, les lignes d’orages et tous les risques potentiels avant de faire décoller un avion. S’il y a le moindre risque, l’avion reste cloué au sol», a expliqué M. Prévost.

Sur le site, je peux sentir l’impatience des parachutistes qui sont déjà sur place. Régulièrement, ils sortent du bâtiment d’accueil afin de scruter le ciel et espérer voir un peu de bleu au-dessus leurs têtes. La direction m’informe à intervalle régulier sur la situation en m’encourageant de garder espoir. En attendant, je regarde une vidéo explicative sur les consignes et la façon d’exécuter mon saut. J’attends patiemment, mais mon adrénaline est quand même «dans le tapis».

Finalement, après trois heures d’attente, Francis, l’entraîneur avec qui mon saut est planifié et qui a effectué plus de 3000 sauts en 10 ans, se pointe le bout du nez dans la porte et me lance: «Y a-t-il un gars ici qui veut faire son saut en tandem?» N’ayez crainte, je me suis levé d’un trait pour aller le rejoindre pour l’habillage. Dans la zone réservée aux sauteurs, j’ai enfilé une combinaison et un harnais. L’instructeur ajuste et vérifie à plusieurs reprises mon équipement afin que je sois confortable. Près de nous, neuf autres parachutistes se préparent fébrilement. Ils pratiquent une formation qu’ils exécuteront dans le ciel. Quelques-uns ont même une caméra vidéo sur leurs casques afin de revoir le saut effectué.

Ensemble, nous marchons tranquillement vers l’avion, un Twin Otter de 23 places. Assis confortablement face à l’instructeur, les deux hélices se mettent à tourner, le son des moteurs me donne une poussée d’adrénaline, et l’avion quitte la piste.

Notre montée est rapide. En 15 minutes, nous atteignons les 4100 mètres (13 500 pi). Les maisons et les routes ne semblent plus qu’une maquette de jeu.  Entretemps, Francis s’est littéralement accroché à moi à l’aide de quatre crochets de sécurité.

Nous survolons la zone de sauts, l’avion ralenti et la porte s’ouvre. Mon moment préféré! L’habitacle se remplit de vent, les sauteurs se souhaitent un bon saut et les sourires apparaissent, surtout le mien. J’enfile mes lunettes de protection. Les parachutistes devant nous s’approchent de la porte de l’avion pour ensuite littéralement disparaître dans le ciel. Lentement, nous pointons le nez dans la sortie. C’est à ce moment, à genoux devant le vide, que le cerveau fait 1000 tours. Mais pourquoi sauter en bas d’un avion en parfait état de marche? Pour le plaisir. Rien d’autre.

Francis me lance à l’oreille le décompte. 3-2-1… En symbiose, nous sortons de l’appareil en effectuant une rotation vers l’avant. Les yeux bien ouverts, je vois l’avion s’éloigner alors que je peux sentir la force de l’air qui pousse sur mon corps. La position idéale est rapidement stabilisée et nous sommes en chute libre pour une cinquantaine de secondes. On effectue des virages à gauche et à droite. J’ai le temps d’admirer le paysage et de profiter de ce moment unique. Tout se passe en même temps, mais du même coup, il ne se passe rien. On tombe.

Un autre moment qui m’a marqué, l’ouverture du parachute. On est écrasé dans le fond du harnais alors que la chute est ralentie au fur et à mesure que la voilure se déploie et non, on ne remonte pas! C’est une illusion, car le caméraman continue de tomber alors que nous ralentissons notre chute. À ce moment, le plaisir est loin d’être terminé. On passe entre 5 et 8 minutes suspendus dans les airs avant de rejoindre le plancher des vaches. Par beau temps, on peut voir les montagnes qui entourent la région. L’instructeur fait tourner le parachute à vive allure afin de me faire vivre l’expérience au maximum.

La descente achève. Je repère au sol les marqueurs orange qui indiquent où l’atterrissage doit se faire. En approche finale, face au vent, je relève les pieds afin de laisser mon instructeur mettre les pieds au sol en premier. Finalement, mes souliers foulent le gazon sur le sol humide en raison de la pluie des dernières heures, et la voilure tombe au sol.

Quelques secondes plus tard, je suis libéré de mon instructeur. Je prends quelques secondes pour remercier Francis qui m’a habilement dirigé tout au long du processus du saut. De retour à l’accueil, je reçois des mains de Francis mon certificat de premier saut afin de ne jamais oublier ce merveilleux moment… mais j’ai triché! En fait, au début des années 1990, j’ai obtenu une licence «A» et effectué 70 sauts. La direction était au courant, mais après plus de 20 ans, j’avais quelque peu oublié la sensation que j’ai eu un malin plaisir à retrouver.

Croyez-vous aux anges? Moi oui. En 1990, quand j’ai effectué mon premier saut, un responsable m’avait demandé à quoi je penserais dans la porte de l’avion. J’avais répondu à mon père décédé qui avait toujours rêvé de faire du parachutisme. Cette fois-ci, on aurait dit que le paternel avait tassé les nuages afin que je puisse m’envoyer en l’air lors de cette journée grise. Une toute petite plage, une toute petite éclaircie bleue m’a permis de renouer avec le ciel et la liberté.

Nouvel Air

L’école de parachutisme Nouvel Air de Farnham constitue le plus gros consortium du genre au Canada. Mario Prévost (14 000 sauts), Michel Lemay (18 800 sauts) et Daniel Paquette (21 000 sauts), sont les copropriétaires. Si l’expérience vous intéresse, vous pouvez vous inscrire au 450 293-8118 ou visiter le www.nouvelair.ca.

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