De petits pas pour la femme ; un grand pas pour l’égalité salariale

De petits pas pour la femme ; un grand pas pour l’égalité salariale

ÉCONOMIE. L’égalité salariale entre les hommes et les femmes, bien qu’elle ait progressé dans les dernières décennies, n’est pourtant pas acquise même en 2017. Une des explications, d’après Partance ? Le manque d’estime de soi.

Le Portrait statistique sur l’égalité homme-femme au Centre-du-Québec, publié par le Conseil du statut de la femme en mars 2016, est sans équivoque au sujet de l’égalité salariale. «Au sein des professions dans lesquelles se concentrent les femmes, le salaire des hommes dépasse parfois de beaucoup celui des femmes. Ainsi, les agentes d’administration gagnent 36 738$, soit 21 395$ de moins que les hommes (58 133$)» pour le même poste, peut-on lire dans le document.

C’est assises autour d’une table ronde et avec une bonne complicité que les intervenantes de l’organisme drummondvillois Partance ont discuté de cette réalité, en fonction de leurs observations sur le terrain.

La conseillère en emploi Chantal Lévesque soutient que d’après elle, les femmes qui viennent la consulter pour des conseils ont d’emblée tendance à viser moins haut. «Lors de simulations d’entrevue, j’ai observé qu’au lieu de revendiquer un salaire précis, les femmes vont avoir tendance à demander ce que l’employeur a à offrir pour être certaines d’obtenir le poste. Je serais curieuse de voir ce qu’un homme répondrait…», illustre-t-elle à titre d’exemple.

«L’employeur doit respecter la Loi sur l’égalité salariale, mais on sait que la négociation du salaire peut jouer un rôle à l’embauche. S’il y a un écart au départ, il restera jusqu’à la fin», précise la conseillère en emploi Barbara Champagne-Bélanger.

La confiance joue donc un rôle primordial dans l’obtention d’un meilleur salaire. Pourtant, d’après les statistiques de Partance, près de 20 % des Drummondvilloises considèrent l’estime de soi comme un obstacle à leur intégration sur le marché du travail.

«Il faut arrêter de se concentrer sur nos failles et plutôt miser sur nos forces», s’est exclamée Chantal Lévesque d’un ton décidé, suscitant des murmures d’approbations de la part de ses collègues.

Le rapport expose également que «le taux d’emploi des femmes demeure inférieur à celui des hommes et qu’elles travaillent davantage à temps partiel que ces derniers.» Une tendance qui peut s’expliquer par l’implication familiale plus marquée chez les femmes envers leurs enfants ou leurs parents, un peu plus tard.

Les métiers non-traditionnels, une planche de salut

La soudure, la mécanique automobile, la charpenterie-menuiserie font partie de ces nombreux métiers traditionnellement considérés comme masculins. Toutefois,  ils pourraient constituer une marche de plus vers l’atteinte de l’égalité.

«Souvent, ce sont les femmes qui se limitent. Elles considèrent des métiers non-traditionnels comme inaccessibles. Il faut pousser fort pour avoir une femme soudeuse, beaucoup plus que pour un DEP en secrétariat par exemple, affirme la coordonnatrice administrative Julie René. On sait qu’il y a de l’emploi, on sait que les salaires sont intéressants, et on veut essayer d’amener plus de femmes vers ces domaines.»

Toutefois, les femmes qui optent pour des métiers plus physiques et qui acceptent de se salir les mains au milieu d’un groupe essentiellement masculin n’ont-elles pas de la difficulté à se faire accepter ? «Une fois que les preuves sont faites, elles sont faites et tout va bien. Ce n’est pas spécifique aux femmes, mais à toute personne qui débute. Une fois que la dame va se rendre compte qu’elle est capable de le faire et qu’elle a confiance en elle, un grand pas est fait», détaille Barbara Champagne-Bélanger.

Dans tous les cas, bien que les Québécoises aient fait des pas de géant au cours des dernières décennies, tout n’est pas gagné. «On peut penser qu’en 2017, la place de la femme sur le marché du travail est acquise, mais il y a encore énormément de choses à faire. »

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