Le Café Chèvre et Pommes ferme ses portes

Le Café Chèvre et Pommes ferme ses portes

Le 25 février prochain, Joanie Bourgault mettra la clé sous la porte de son café communautaire Chèvre et Pommes, ayant pignon sur rue Hériot. À moins qu’une bonne âme intéressée à la soutenir dans sa mission éducative et culturelle se pointe à la toute dernière minute.

«Je crois que l’histoire du café nous a permis de rassembler des gens généreux, drôles, gentils, et de former une grande famille avec des valeurs similaires», annonçait Joanie Bourgault depuis quelques jours sur sa page Facebook.

La jeune Drummondvilloise de 32 a toujours eu cette fibre humanitaire, ce besoin d’aider les autres. Pas pour rien que ses amis l’appellent Jojo Térésa.

Après avoir étudié en tourisme, en psychologie, et œuvré comme éducatrice à l’enfance et auprès de la population moins nantie, au Carrefour d’entraide, elle a un jour eu l’idée d’offrir un lieu de rencontre intergénérationnel et de partage culturel et éducatif. Un café différent, de type communautaire, comme ceux qu’elle voyait à Montréal lorsqu’elle y vivait.

Mission sociale

Depuis l’ouverture du café, à l’été 2015, Joanie a présenté une foule d’activités venant démocratiser l’accès à la connaissance: ateliers de création, cours de langue, yoga, taï-chi, affichage d’œuvres. Les amateurs de poésie, de concerts musicaux acoustiques intimes et de swing s’y sont aussi réunis.

Des romans et livres éducatifs traînaient un peu partout, ce qui attirait des clients de tout âge, autant les grands que les enfants, qui pouvaient s’asseoir dans un coin pour dessiner ou colorier.

«C’est un lieu de partage. Les jeunes y côtoyaient des gens plus âgés et créaient des liens. En laissant des livres, je  voulais créer une ouverture sur le monde, que les gens voient ce qui se passe ailleurs», confie celle qui a eu la piqûre de l’ailleurs dès le premier périple qu’elle a fait à 20 ans, au Costa Rica.

Au début de février, un piano a pris place à l’entrée. Des passants s’arrêtaient pour pianoter sur l’instrument au panneau lumineux.

Seule à tout faire

Au menu, des cafés spécialisés, quelques viennoiseries, boulangeries et des grilled cheese créatifs. Une offre toute simple pour la propriétaire, davantage nourrie par une mission davantage communautaire que par l’ambition commerciale. Au point d’y consacrer plus de 65 heures de sa semaine.

Trois mois après l’ouverture du café, Joanie s’est retrouvée seule à tout faire: administration, cuisine, service à la clientèle, achats, conception et préparation de projets. Plus de vingt mois plus tard, Joanie est épuisée.

Au centre-ville de Drummondville, la concurrence entre les cafés est forte. Malgré une clientèle régulière, les chiffres dans ses livres de compte ne lui permettent pas l’embauche d’un employé qui allégerait ses tâches.

Et malgré tout,  la vocation communautaire à la base de son commerce n’a pas facilité ses démarches en vue d’obtenir une quelconque aide financière ou subvention lui permettant de le maintenir ouvert.  

«Des questionnements sur son avenir et le mien depuis quelque temps, des facteurs réunis m’ont finalement confirmé que je suis allée chercher le meilleur pour moi dans cette expérience et qu’elle ne convenait plus», affirme la commerçante sur la page Facebook de Chèvre et Pommes.

L’Inde

Joanie s’en désole d’autant plus qu’elle caresse un beau projet humanitaire, celui d’offrir un lieu éducatif aux femmes ou aux enfants de Varnasi, une ville de l’Inde près du Gange qu’elle a visité en janvier 2015.

Elle a eu un véritable coup de cœur pour l’Inde où la pauvreté est légion. Depuis, l’idée d’aller y gérer un projet humanitaire la motive. Jusqu’à tout récemment, elle amassait une partie des profits de son commerce à ce grand projet. «C’est très important qu’on fasse une différence dans le monde…et on peut le faire. Beaucoup de ces enfants n’ont rien ni même la possibilité d’un avenir et ne prendront jamais de livres entre leurs mains», assure-t-elle.

L’aventure du Café Chèvre et Pommes prendra fin, ce samedi, avec une soirée musicale, dès 19h30. Quoi qu’il en soit, Joanie Bourgault promet de donner suite à ses projets communautaires et humanitaires.

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