Aussi transparentes… que le pétrole brut

Aussi transparentes… que le pétrole brut
Plus de fréquences quotidiennes sont souhaitées à Drummondville en direction de Montréal et de Québec. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. Impossible de savoir ce qui circule sur la voie ferrée qui traverse le centre-ville drummondvillois et qui passe dans plusieurs municipalités du Québec. Il en est de même pour le nombre de wagons transportant annuellement des matières dangereuses dans la Belle Province.

Une fois par année, à l’instar de ses consœurs, la Ville de Drummondville reçoit des données globales annuelles sur les marchandises dangereuses qui ont traversé son territoire. «Malheureusement, les wagons ont déjà passé quand on reçoit toutes les statistiques des matières dangereuses qui passent ici, dans le centre-ville», indique le conseiller en sécurité civile et en mesures d’urgence pour la Ville, Louis Raîche, en mentionnant que si les Villes avaient plus d’informations, elles pourraient mieux se préparer.

Celui-ci explique qu’il est impossible pour lui de révéler ces données annuelles, si globales soient-elles, ni le nombre des wagons, ni leur contenu, puisqu’il a signé une entente de stricte confidentialité avec le CN.

M. Raîche est la personne-ressource auprès de la compagnie ferroviaire et possède ces informations afin d’adapter les plans d’urgence en conséquence. Les services d’incendie ont aussi accès à ces informations pour être adéquatement formés. Ils sont d’ailleurs les premiers à intervenir en cas d’incident.

Pour justifier ce manque de transparence, le CN s’appuierait sur la crainte qu’une personne ou qu’un groupe se serve des données pour attaquer un convoi ou provoquer un déraillement. «En vertu de la réglementation canadienne, les compagnies de chemin de fer ont l’obligation de transmettre l’information à propos du transport de marchandises dangereuses, incluant le pétrole brut, aux services d’urgence des municipalités canadiennes qui en font la demande. Cette information doit être utilisée à des fins de planification et de formation en matière de mesures d’urgence et n’est donc pas rendue publique», a indiqué à L’Express le directeur principal des relations avec les intervenants du CN, Pierre-Yves Boivin.

Les quelques statistiques rendues publiques le sont à l’échelle canadienne et datent pour la plupart de quelques années. L’une d’entre elles, publiée par Statistique Canada, fait état, pour l’année 2011, d’un million de tonnes de mazout et de pétrole brut et de 900 000 tonnes d’essence et de carburant qui ont transigé sur les rails du Québec en 2011.

Quelques organismes font actuellement pression auprès du gouvernement afin que les municipalités puissent savoir à l’avance ou en temps réel ce que contiennent les wagons sur leur territoire. L’application lancée récemment qui permet aux divers intervenants d’urgence de savoir ce que les citernes contiennent peuvent strictement servir en cas d’incident.

«On demande à ce que les municipalités soient au courant de ce qui circulent chez elles», fait savoir le porte-parole en matière de transport pour le NPD, Hoang Mai. Même si son parti représente l’opposition officielle à Ottawa, impossible pour lui d’avoir des données à l’échelle québécoise de la part du gouvernement. «On trouve cela anormal. On demande beaucoup plus de transparence».

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