«Qu’est-ce qu’on a fait pour que nos enfants ne soient pas ici ce soir?» – Pierre Céré

«Qu’est-ce qu’on a fait pour que nos enfants ne soient pas ici ce soir?» – Pierre Céré

DRUMMONDVILLE. Cinq indépendantistes convaincus, cinq grands tribuns, cinq candidats à la chefferie du Parti québécois se sont adressés avec passion et confiance aux quelque 250 personnes rassemblées dans une salle du Motel Blanchet, hier soir, à Drummondville.

Dans l’ordre, Pierre Karl Péladeau, Martine Ouellet, Pierre Céré, Alexandre Cloutier et Bernard Drainville ont bénéficié d’une période de 15 minutes chacun, incluant le temps des questions-réponses, afin d’expliquer les raisons pour lesquelles ils feraient, chacun à sa manière, le meilleur successeur à Pauline Marois. L’ex-ministre Yves-François Blanchet a joué le rôle de modérateur.

Plusieurs enjeux névralgiques, pour ne pas dire cruciaux pour l’avenir du PQ, ont été abordés. L’indifférence des jeunes a fait l’objet d’une question à Pierre Karl Péladeau. «Ça va prendre une politique de proximité avec les jeunes, consulter plus souvent la population sur les grandes décisions et continuer à investir dans l’éducation. Il faut dire aussi que la dernière décennie, celle de Charest, a jeté un sinistre sans pareil», a-t-il exposé.

Mettant de l’avant les motifs qui doivent appuyer la marche vers le pays, le célèbre homme d’affaires a fait le tour de toutes les souverainetés, depuis celle de la culture jusqu’à celle de l’énergie, advenant une adhésion du peuple québécois à son indépendance. «Pour moi, la souveraineté c’est l’essentiel, le référendum c’est l’accessoire. Vous le savez, je veux faire du Québec un pays… un pays riche».

Martine Ouellet a fait valoir, pour sa part, qu’on peut opposer à l’austérité du gouvernement Couillard un développement intelligent, notamment dans les régions. «Il faudrait investir un milliard $ sur 10 ans dans les régions pour créer 30 000 emplois. Penser à un développement vert en mettant l’accent sur le moteur électrique. Donner de l’oxygène aux familles en rendant gratuit le matériel pour le primaire et le secondaire», a-t-elle suggéré sans omettre de rappeler que l’indépendance devra se faire dans le premier mandat d’un prochain gouvernement péquiste. «On a sept ans pour se préparer».

Pierre Céré est peut-être celui qui a lancé la phrase la plus lapidaire. Ayant sans doute remarqué que l’âge moyen des citoyens assis dans la salle dépassait les 55 ans, il a affirmé : «Pourquoi faire l’indépendance? Parce qu’on est une nation. Mais qu’est-ce qu’on a fait pour être la seule nation à ne pas avoir son pays en Amérique du Nord? Qu’est-ce qu’on a fait pour que nos enfants ne soient pas ici ce soir?»

Alexandre Cloutier a commencé son discours avec des félicitations pour le succès de Drummondville dans l’organisation des Jeux du Québec. «Les prochains seront à Alma et nous tenterons de faire aussi bien». Pour lui, les moyens que se donnent les riches pour contourner les règles de l’impôt, les médicaments trop chers et les dépenses éhontées entourant l’informatisation (1,5 milliard $, selon lui) sont autant d’éléments à dénoncer.

M. Cloutier prétend par ailleurs que le PQ est dans un état critique. «C’est pour ça que mon slogan c’est : maintenant. Il faut ouvrir un nouveau cycle, ça va prendre trois millions de Québécois pour voter en faveur de l’indépendance. On va y arriver avec la clarté de nos propos».

Bernard Drainville a abondé dans le même sens. «Il faut s’assumer comme indépendantiste. Il ne faudra jamais plus entreprendre une campagne électorale sans dire pourquoi on existe. Il n’y a plus de troisième voie. On veut rester une province ou devenir un pays? C’est ça la vraie question au fond. Voyez ce qu’on a fait en 400 ans avec une main attachée dans le dos, imaginez ce qu’on pourrait faire avec nos deux mains libres».

À une question lui demandant comment faire pour aller chercher les indépendantistes de la CAQ, M. Drainville a répliqué : «Dites-leur qu’on ne paierait plus pour deux ministères de l’environnement, deux ministères du revenu, deux ministères de çi et de ça. Servez-leur comme argument qu’on pourrait scraper une des deux bureaucraties, ils n’aiment pas ça eux autres des dépenses inutiles…»

Yves-François Blanchet a apprécié son expérience d’animateur qu’il avait entamée en début de soirée en clamant «bienvenue dans Johnson». À l’invitation de L’Express, il a résumé sa pensée de la façon suivante : «On a entendu de belles idées, sans le filtre des médias sociaux. À mon avis, ces cinq candidats forment déjà une meilleure équipe ministérielle que celle de Couillard».

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