Lait en poudre : l’effet d’une révision de politique

Lait en poudre : l’effet d’une révision de politique
Le Pénitentier Drummond (Photo TC Media - archives)

ALIMENTATION. L’heure est aux coupures au pénitencier de Drummondville. Après la mise en place du programme de cuisson-refroidissement qui a enlevé la préparation de repas dans les cuisines de la prison drummondvilloise, plats qui sont dorénavant cuisinés à Sainte-Anne-des-Plaines puis refroidis pour être livrés et réchauffés à Drummondville, voilà qu’une nouvelle politique touche l’alimentation des détenus de cet établissement. Depuis quelques jours, les détenus n’ont plus le loisir de boire un verre de lait frais de Waterloo. Ils sont dorénavant nourris avec du lait en poudre provenant de… Winnipeg.

Une révision de politique est à l’origine de cette volte-face laitière. «Le 1er novembre 2012, le SCC s’est engagé à moderniser son modèle de prestation des services d’alimentation aux détenus. Cette initiative s’inscrit dans les efforts consacrés par le gouvernement afin d’améliorer l’efficacité des services et de réduire le déficit», indique Véronique Rioux, conseillère principale en relation avec les médias au SCC.

Cette dernière mentionne que les pénitenciers situés dans les régions des Prairies et du Pacifique utilisent du lait en poudre depuis quelques années. «La transition vers le lait en poudre dans les régions de l’Ontario, du Québec et de l’Atlantique a débuté en août 2014», ajoute Mme Rioux.

La porte-parole du SCC mentionne que l’utilisation du lait en poudre satisfait aux normes de nutrition pertinentes. «Chaque menu doit être examiné et approuvé par un diététiste agréé. L’utilisation du lait en poudre est plus rentable que le lait liquide et répond également aux exigences du Guide alimentaire canadien.»

3,6M $

Pour la fourniture de lait écrémé en poudre dans l’ensemble des pénitenciers fédéraux du Canada, le SCC a octroyé, le 27 janvier 2015, un contrat de 3 636 158,54$ à l’entreprise Premier Packaging Services Inc, qui opère sous le nom de Medallion Milk Co. Cette entreprise est basée à Winnipeg, au Manitoba. Le contrat est valide du 1er février 2015 au 31 janvier 2016.

Avec cette nouvelle façon de faire, le SCC compte économiser 3,185M $ par année, notamment en centralisant les achats, en utilisant des produits à faible coût et «en augmentant la capacité de l’organisation d’acheter des produits en grande quantité pour négocier le prix par unité», poursuit Mme Rioux.

Or, l’octroi de ce contrat a eu des répercussions négatives pour une entreprise de Waterloo. Depuis 15 ans, la Laiterie Chagnon fournit en produits laitiers le pénitencier de Drummondville. L’entreprise laitière fournissait également la prison de Drummondville depuis dix ans.

Denis Chagnon, président de Laiterie Chagnon, a su au début du mois de janvier que son entreprise allait effectuer une dernière livraison de lait frais, le 12 janvier, dans les deux pénitenciers.

«Ça fait mal, concède M. Chagnon. On va travailler à remplacer ce volume de production par autre chose. Nous allons avoir besoin de l’appui des consommateurs pour contrecarrer cette initiative», indique-t-il.

Pour la Laiterie Chagnon, cela représente un manque à gagner annuel de près de 300 000$. Selon le dernier contrat accordé en 2014, et dont GranbyExpress.com a obtenu copie, la fourniture de lait frais, de yogourt et de crème sure de la Laiterie Chagnon aux pénitenciers de Drummondville et de Cowansville, pour la période du 1er mars 2014 au 28 février 2015, a rapporté 265 805,30$ à l’entreprise créée en 1954. Selon Denis Chagnon, aucun des 32 employés ne perdra son emploi. Certains ajustements pourraient toutefois être faits.

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