SPORT ¬ Journée de première pour Marika Blanchette. La Drummondvilloise a participé à sa première compétition de gymnastique rythmique au Défi sportif Altergo à Montréal. Puis, une première entrevue journalistique avec L’Express. Mais au fait, «qu’est-ce qu’une entrevue?», demande-t-elle.
La fillette de neuf ans, atteinte de paralysie cérébrale, n’a pas peur de poser des questions. Son côté fonceur lui a permis de découvrir toutes sortes d’univers de l’équitation à la paranatation avec le club Les Requins. Voyant sa sœur Alexia Forcier pratiquer la gymnastique depuis de nombreuses années, elle s’est tout simplement dit «pourquoi pas moi!».
«J’ai trouvé un arrangement et je fais de la gymnastique rythmique», explique-t-elle tout sourire quelques minutes après sa performance. Lorsque le Centre de réadaptation en déficience physique InterVal a annoncé qu’une nouvelle discipline s’ajoutait en vue du Défi sportif, Marika a fait le saut. Elle ne se doutait pas cependant que ce serait l’entraîneure de gymnastique de sa sœur que la vie placerait sur son chemin.
En stage en ergothérapie à InterVal, Marie-Christine Jutras-Côté a mis à profit ses connaissances sportives et a enseigné à la jeune fille les principaux aspects techniques en vue d’effectuer la routine avec un ruban. Après plusieurs heures de répétitions, le jour est venu de présenter sa chorégraphie devant les juges du Défi sportif. «J’ai gardé le bras tendu surtout», commente-t-elle après coup, en référence à ce qu’elle a appris avec son entraîneure.
Marika Blanchette est une adepte du Défi sportif. Elle participe à sa cinquième édition au complexe Claude-Robillard en compagnie de responsables du Centre de réadaptation en déficience physique InterVal et de sa mère, Jessica Laterreur. Une course de 60 mètres à la marchette est également à son programme jeudi. D’autres disciplines l’ont occupé par le passé comme le lancer du poids et la natation.
Habituée à faire fi des différences, sa présence à l’événement sportif, dédié aux personnes ayant des limitations physiques, est une occasion de se surpasser. Sérieuse et compétitive, elle a appris à travers les années à faire sa place. «Il y a eu beaucoup d’amélioration dans son corps parce qu’elle grandit et est plus forte, mais aussi au niveau de son comportement», constate la kinésiologue du centre de réadaptation, situé au Centre-du-Québec, Marie Hébert. Alors qu’elle misait beaucoup sur la possibilité de médailles par le passé, elle s’est dite satisfaite d’avoir relevé le défi avant même d’apprendre que les juges lui ont décerné l’or lundi. C’est qu’elle était l’unique ambassadrice de l’InterVal en gymnastique rythmique. Un signe de maturité développé en moins de neuf ans.
Le Défi sportif est l’occasion de démontrer également aux parents les progrès faits par leurs jeunes. Dans les estrades, certains adultes ont les yeux humides, mais remplis de fierté. Quant aux enfants handicapés, ils découvrent un nouveau monde et quittent leur quotidien pour quelques jours. «On sort de la routine», fait valoir Marie Hébert. Rien n’est laissé au dépourvu. Les groupes se préparent de décembre à avril en vue de cette journée où la différence n’est plus une distinction, mais la norme pendant une semaine. «Ils deviennent la norme au défi. Ça, c’est un élément important», conclut Mme Hébert.
Défi sportive 2014
-Une vingtaine de jeunes du Centre InterVal (Drummondville et Victoriaville)
-Champion 2013 en titre au boccia dans la catégorie école primaire (à suivre jeudi)
La paralysie cérébrale en bref
Selon l’Association de paralysie cérébrale du Québec, la paralysie cérébrale engendre des problèmes de coordination des mouvements, c’est-à-dire que le cerveau n’envoie pas les bons ordres aux muscles. Des difficultés d’élocution, d’ouïe et de vision peuvent aussi survenir. La majorité des personnes qui vivent avec la paralysie cérébrale possèdent toutes leurs capacités intellectuelles.
