Handball : les Canadiens visent l’or à Marie-Rivier

Handball : les Canadiens visent l’or à Marie-Rivier
Alexis Bertrand

HANDBALL. Pendant que la planète a les yeux rivés sur les Jeux olympiques de Rio, Drummondville se prépare à accueillir une compétition de handball d’envergure internationale. Du 18 au 21 août, les équipes du Canada rivaliseront pour la conquête du Trophée de la Fédération internationale de handball sur le terrain de l’école Marie-Rivier.

Opposant les pays dits «en développement» sur la scène du handball dans la catégorie junior (moins de 20 ans), la compétition IHF Trophy se subdivise en trois phases se déroulant sur deux ans. Hôte du premier volet, celui de l’Amérique du Nord, Drummondville accueillera donc les formations féminine et masculine du Canada, du Mexique, des États-Unis et de Porto Rico. Les gagnants de ce tournoi obtiendront un billet pour la phase panaméricaine, qui mettra à l’enjeu une place en grande finale intercontinentale.

Du côté féminin, l’équipe canadienne sera dirigée par le Drummondvillois Stéphane Berteau, qui est également le principal organisateur de la compétition.

«On joue chez nous. C’est certain qu’on ne veut pas juste participer. On veut gagner l’or. Mais avant toute chose, on veut avoir du plaisir en jouant; le reste va suivre. Comme notre équipe sera particulièrement vieille, je pense que l’expérience et la maturité physique vont nous aider à bien performer», a expliqué le chevronné entraîneur lors d’une conférence de presse, mercredi.

Possédant une feuille de route bien garnie sur la scène internationale, Berteau a notamment aidé l’équipe féminine canadienne à décrocher la médaille de bronze lors de la finale intercontinentale disputée au Mexique en 2013. Quatre joueuses de la région faisaient partie de cette édition.

Composée de 14 joueuses, dont huit Québécoises, l’édition 2016 de la formation féminine mise notamment sur deux Drummondvilloises. Malgré leur jeune âge, Alexandra Pivin et Jennifer Deslauriers sont déjà des habituées des compétitions internationales.

«Pour nous, ce tournoi est d’abord une occasion de faire découvrir le handball aux gens de Drummondville. Plusieurs pensent qu’on joue au volleyball ou encore au basketball. Même aux Jeux olympiques, on ne voit pas notre sport à la télévision», a raconté Alexandra Pivin.

«C’est en encourageant, car on sait qu’on a des chances d’être très compétitives dans ce tournoi. Le fait d’avoir nos proches près de nous sera aussi un avantage. Quand on participe à des compétitions ailleurs dans le monde, la foule est contre nous. C’est parfois déstabilisant. Cette fois-ci, les spectateurs vont nous appuyer», a ajouté celle qui vise éventuellement l’équipe nationale senior.

Alors que Pivin est décrite par son entraîneur comme une joueuse d’énergie capable d’entraîner ses coéquipières dans son sillon, Deslauriers mise plutôt sur son gabarit et sa polyvalence. L’athlète alterne entre les positions de gardienne et d’attaquante.

Du côté masculin, l’entraîneur Alexis Bertrand a également bon espoir de voir son équipe gagner la finale nord-américaine pour ainsi accéder à la deuxième phase.

«Il y a beaucoup d’inconnu, mais ça reste notre objectif. Les équipes qui participent à ce tournoi sont sous-financées et peu habituées à connaître du succès sur la scène mondiale. C’est donc dur d’évaluer nos adversaires. Je m’attends à des matchs serrés dont l’issue sera difficile à prédire. Chose certaine, le spectacle sera intéressant», a fait valoir l’entraîneur originaire de Lévis, qui a mis fin à sa carrière d’athlète après les derniers Jeux panaméricains.

Un sport en quête de visibilité

Rêvant d’attirer une telle compétition à Drummondville depuis plusieurs années, Stéphane Berteau a approché la Fédération internationale aussitôt que le gymnase triple de l’école Marie-Rivier est devenu réalité, l’an dernier. Avec ces nouvelles installations, les jeunes handballeurs d’ici peuvent désormais s’exécuter sur une surface de jeu réglementaire de 40 mètres de longueur par 20 mètres de largeur.

«Comme notre terrain accueille plusieurs sports, il y a plusieurs lignes qui se chevauchent. C’est pourquoi on va faire habiller le terrain selon les normes du handball international. C’est une première au Québec», a-t-il précisé.

«Nos bénévoles sont déjà prêts à assurer le succès du tournoi sur tous les plans. Je ne suis pas natif de Drummondville, mais j’ai vite remarqué que les gens d’ici sont très fiers. Lorsqu’ils organisent un événement, ils s’impliquent énormément et avec une grande classe», a ajouté Berteau, qui songe déjà à accueillir la finale continentale à l’école Marie-Rivier si le Canada remporte le volet nord-américain.

Alors que Drummondville est reconnue comme une puissance en handball, la situation de cette discipline demeure délicate à travers le Canada. Selon Roger Naoum, président de la Fédération québécoise de handball olympique, plusieurs raisons expliquent ce lent développement.

«C’est un cercle vicieux. Étant donné l’étendue géographique du pays, les regroupements d’équipes nationales sont difficiles et très dispendieux. Certains de nos athlètes décident de tenter leur chance en Europe. Comme nos équipes ne misent sur aucun joueur professionnel, c’est quasi-impossible de performer contre les meilleurs pays du monde», a-t-il déploré.

«Puisque les résultats sont absents sur la scène internationale, Sport Canada ne donne aucune subvention à la Fédération canadienne de handball. Tous les frais sont donc assumés par les athlètes eux-mêmes.»

Pour toutes ces raisons, la compétition drummondvilloise représente une grande richesse pour le développement du handball canadien. «C’est aussi un petit bonbon pour nos athlètes, qui, après tant d’efforts à l’entraînement, ont la chance de jouer devant leurs proches. On espère que les médias nous donneront de la visibilité et que les spectateurs seront au rendez-vous.»

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