Luce et Francine Morin, deux sœurs de Drummondville, se sont mises en tête de relever le défi Trophée Rose des sables, un rallye à bord d’un 4×4 de dix jours à travers le désert saharien où les obstacles sont le lot du quotidien.
La quarantaine à peine entamée, maman à temps plein et un peu lasse de sa routine professionnelle, Luce Morin a ressenti l’an dernier l’urgence de sortir de sa zone de confort. Envie de se dépasser. «Je suis une mère au foyer, mais pas juste ça, commente Luce. J’ai besoin de me prouver quelque chose à moi-même, de faire quelque chose pour moi, même si ça parait égoïste.»
En écoutant sa sœur argumenter sur son envie de réaliser cette aventure hors de l’ordinaire, Francine s’est laissée séduire. Oui, elle fera partie de cette expédition. À 50 ans, il est temps de prendre une petite pause de sa vie bien rangée, se disait celle qui occupe un poste de responsable de crédit. «C’est l’occasion de faire quelque chose de particulier, que peu de gens feront. Et de nous retrouver, Luce et moi, dans une expérience commune et unique», explique-t-elle.
Elles n’auraient pas pu trouver plus extraordinaire aventure. En octobre prochain, elles s’envoleront pour la France, d’où elles gagneront ensuite le Maroc avec leur 4×4.
Une fois arrivées dans le désert du Maroc, Luce et Francine devront franchir chaque jour l’étape de rallye quotidienne indiquée malgré les obstacles pouvant survenir sur leur route de sable.
Épreuves et solidarité
Depuis plus de 30 ans, Désertours a organisé des dizaines de rallyes réunissant des femmes désirant vivre une expérience active et singulière.
Le rallye de type raid africain est parsemé d’épreuves et axé sur la solidarité. «Ce n’est pas une course de vitesse», prévenait jeudi soir, lors d’une présentation publique, Julie Lamoureux, porte-parole au Québec du Trophée Roses des sables, qui a elle-même effectué le rallye en 2011, en 2012 et en 2014.
Par l’entremise de ce périple quotidien, les organisateurs préconisent un retour à l’essentiel. Les participantes partent chaque matin avec une boussole, une carte et un «roadbook». Le matin comme le soir, elles mangent des mets marocains puis dorment dans une tente hissée en plein désert. La douche quotidienne est rudimentaire.
Pour certaines, c’est un véritable choc. Julie Lamoureux assure toutefois que les participantes sont entourées d’une équipe prête à intervenir en cas de problèmes sérieux. Juste au cas, car le but du jeu est justement qu’elles se débrouillent seules en plein désert.
Deux femmes déterminées
Ni Luce ni Francine ne sont jamais allées en Europe ou en Afrique. Ce voyage vers deux contrées inconnues s’ajoute au périple qui les attend. Elles sont enthousiastes, malgré les 30 000 $ nécessaires à l’expédition qu’elles doivent amasser, incluant une somme de 5000$ qui sera reversée à une cause humanitaire.
Pour Luce, de nature plutôt timide, cette levée de fonds représente un véritable défi. «Je suis quelqu’un qui ne demande pas beaucoup et là, je suis obligée d’aller cogner à des portes.» «On doit même défoncer des portes», précise sa sœur Francine.
Les deux sœurs Morin passent par toutes sortes d’émotions depuis qu’elles se sont officiellement inscrites en février 2016. Leurs conjoints, leurs enfants, leur famille, tous sont épatés de leur audace.
Ainsi depuis l’été dernier, elles ont effectué plein d’activités pour remplir leur tirelire de voyage. Et ce n’est pas terminé. «On est tout le temps en train de chercher du financement et c’est épuisant. Mais nous apprenons à lâcher prise. Ce projet nous amène à devoir nous arrêter une fois dans notre vie», confie Luce.
Luce et Francine apporteront avec elles 50 kilos de produits divers et de matériel scolaire pour offrir aux Enfants du Désert, une organisation caritative.
«Il y a quelque chose qui nous attire là-bas. On ne peut pas abandonner, c’est impensable. Pourtant, plus jeunes, nous n’aurions jamais osé faire ce genre de périple», jure l’aînée des deux sœurs.
Grosse levée de fonds
Au Centre-du-Québec, trois autres équipes féminines sont en train de s’organiser pour prendre part au Trophée Roses des sables en 2018. Elles sont une cinquantaine, en moyenne, à partir du Québec, chaque année.
Pour réunir l’argent nécessaire, les idées ne manquent: vente de chocolats ou d’objets, tournoi de golf, souper spaghetti, ou encore commandite auprès d’entreprises.
Un courage exemplaire
Simone Garo, une résidente de Saint-Théodore-d’Acton, repartira pour un deuxième rallye en 2018. Dans son cas, il s’agit presque d’un exploit sinon d’un courage exceptionnel.
En 2004, la jeune maman a eu un grave accident de la route qui l’a presque défiguré. Le 12 janvier, elle subissait sa 27e chirurgie. Le corps médical qui l’entoure l’a autorisé à vivre l’aventure malgré tout.
Loin de ses trois enfants, ce défi lui donne l’occasion d’effectuer un travail intérieur. «C’est le plus beau cadeau de femme que tu peux te faire que de décrocher du quotidien, dit-elle. Il faut être sur placer pour comprendre. C’est quelque chose d’intense, c’est de l’adrénaline tous les jours.»
