AGRICULTURE. Les producteurs de lait de chèvre ont encaissé un autre dur coup : après avoir appris récemment qu’Agropur cesserait de s’approvisionner au Québec, l’entreprise Liberté a décidé de faire de même. Une éleveuse de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, Maude Caron, n’y va pas de main morte et affirme qu’elle assiste «à la destruction quasi-totalité du secteur».
Liberté transformait 17% du lait de chèvre québécois. Avec la décision d’Agropur prise il y a quelques semaines, c’est donc dire que les producteurs de la Belle province ont perdu 40% du marché. Maude Caron signale que le choix de Liberté touche plusieurs producteurs du Centre-du-Québec qui faisaient affaire avec ce transformateur. Liberté a justifié sa décision par des considérations de prix et de stratégies de collaboration avec ses partenaires.
De son côté, l’éleveuse de la région parvient à maintenir ses opérations, puisque Liberté n’était pas sont transformateur. Les effets de la décision se font déjà sentir sur le terrain, informe-t-elle, puisque plusieurs éleveurs caprins ont déjà commencé à vendre leurs bêtes.
Elle ajoute que même si Saputo est revenu sur sa décision en décidant d’acheter du lait de chèvre québécois, le transformateur n’a pas encore fait connaître le volume de lait qu’il commanderait aux producteurs.
«Le consommateur va acheter du lait de chèvre ontarien ou des fromages européens, mais il va payer le même prix en magasin que si le produit était fabriqué au Québec, argue Maude Caron. Ce sont les transformateurs comme Agropur, Liberté et les distributeurs qui vont en profiter pour en mettre plus dans leurs poches, car ils vont avoir payé la matière première moins cher.»
Garder espoir
Même si le contexte est plus que difficile pour les éleveurs caprins québécois, Maude Caron garde tout de même espoir de voir la situation s’améliorer, grâce au soutien de la population et de l’intervention de la sphère politique. Certains citoyens ont même décidé de boycotter Agropur, souligne-t-elle.
«J’espère que la situation peut changer avec la nomination d’André Lamontagne comme ministre de l’Agriculture. Je lui ai déjà envoyé un message. Je sais que certaines personnes ont envoyé un message à Sébastien Schneeberger aussi pour qu’il nous écoute. Avec Agropur et Liberté, c’est le Centre-du-Québec qui est le plus touché. J’espère qu’ils vont être sensibles et qu’ils vont travailler fort pour proposer des solutions pour que les producteurs ne perdent pas tout.»
Contacté vendredi matin par L’Express, le nouveau ministre responsable du Centre-du-Québec qui occupe aussi le poste de ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a réitéré son souhait de faire une différence pour les éleveurs caprins. Il se disait déjà préoccupé par la situation en tant que citoyen, avant d’être nommé ministre.
