Le nombre de psychoses toxiques en hausse à Drummondville

Par Maxime Rioux
Le nombre de psychoses toxiques en hausse à Drummondville
Dre Marie-Claude Parent est chef du département de psychiatrie de l’Hôpital Sainte-Croix et responsable de la Clinique pour jeunes psychotiques.

Pour combler les besoins d’une clientèle grandissante et afin de travailler dans un environnement plus approprié, la somme de 450 000 $ sera utilisée pour transformer la Clinique pour jeunes psychotiques située à l’Hôpital Sainte-Croix et procéder à l’ajout de spécialistes. Une somme de 200 000 $ est déjà amassée, mais la population sera notamment sollicitée par l’entremise de la Fondation Sainte-Croix afin de recueillir les 250 000 $ manquants.

Depuis décembre 2010, la clinique des jeunes psychotiques accueille une clientèle âgée de 18 à 35 ans. La présence d’un tel organisme permet notamment de raccourcir certains séjours hospitaliers en psychiatrie et d’assurer un suivi des patients qui sont déjà en traitement.

«Il s’agit ni plus ni moins d’une clinique permanente où se dérouleront aussi des rencontres visant à aider les usagers avec leurs habiletés personnelles ou à gérer leur stress. Par exemple, certains d’entre eux pourront assister à 12 rencontres en 12 semaines. Des jeunes qui ont vécu une psychose et qui sont en début de pathologie pourront aussi s’y rendre au besoin, explique André Allard, directeur des services hospitaliers et adjoint au directeur des services professionnels. Il est important d’offrir les meilleures conditions possibles à cette clientèle qui, malheureusement, rate souvent des rendez-vous pour diverses raisons liées à leur quotidien.

Ce projet de transformation prévoit également la mise aux normes des locaux. Un système de climatisation ainsi que des gicleurs seront notamment installés. Un espace sera conçu et réservé aux psychiatres et autres spécialistes qui travailleront en ce lieu.

Chef du département de psychiatrie à l’Hôpital Sainte-Croix, la Dre Marie-Claude Parent est également responsable de la Clinique des jeunes psychotiques depuis son ouverture.

«Nous sommes plus proactifs que jamais et ce projet nous permettra de continuer en ce sens. Nous souhaitons réduire les périodes de temps avant qu’une intervention soit faite auprès des personnes qui vivent une psychose. Nous voulons éviter que des psychoses demeurent non traitées», explique-t-elle.

Ainsi, la somme de 450 000 $ investie dans ce projet servira non seulement à transformer les lieux, mais aussi, à agrandir l’équipe de la spécialiste en santé mentale.

À ses côtés se retrouveront sous peu un ergothérapeute, une infirmière, un psychologue et un travailleur social.

Drogues et maladies mentales

Si les consommateurs de drogues ne sont évidemment pas les seules personnes à vivre des troubles mentaux, ils nécessitent toutefois plus souvent que les autres les services de spécialistes en santé mentale.

«Il y a une prévalence de 1 % de schizophrénie dans la région de Drummondville. La psychose, elle, représente environ 2 % à 3 % de notre clientèle. Il faut savoir qu’une psychose n’est pas toujours rattachée à la schizophrénie : elle peut notamment survenir dans des cas de dépressions sévères ou s’inscrire comme un trouble lié à la bipolarité d’un individu», explique la Dre Parent.

Fait troublant, la spécialiste note une augmentation des psychoses induites, notamment des psychoses toxiques, souvent liées à la consommation de drogues.

Qui plus est, certains médecins résidents en psychiatrie, qui étaient de passage à l’Hôpital Sainte-Croix après avoir travaillé dans d’autres villes, ont affirmé que les psychoses toxiques semblaient plus nombreuses à Drummondville.

«Nous n’avons pas de statistiques claires à cet égard», a toutefois tenu à souligner la Dre Parent.

Celle-ci concède néanmoins que les drogues sont bien présentes puisque de nombreux consommateurs intoxiqués et ayant perdu le contrôle sont forcés d’effectuer des visites impromptues à l’urgence de l’Hôpital Sainte-Croix.

«Si la drogue n’existait pas, nos journées à l’urgence seraient beaucoup moins remplies, avoue la spécialiste. Il est important de savoir qu’une personne qui vit un épisode psychotique lié à la drogue et qui cesse sa consommation par la suite pourra, le plus souvent, continuer sa vie sans revivre un tel événement. Par contre, les gens qui continuent de prendre des drogues à la suite d’une psychose augmentent leur chance de 50 % d’aller vers une schizophrénie dans les 10 ans qui suivront le premier événement.»

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