Un certain 11 septembre dans la vie d’André Pelchat

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Par Jean-Pierre Boisvert
Un certain 11 septembre dans la vie d’André Pelchat
André Pelchat portant le T-shirt que lui ont fait parvenir les Français reconnaissants de Lacapelle-Marival. (Photo : Gracieuseté)

DRUMMONDVILLE. Le matin du 11 septembre 2001, André Pelchat était guide accompagnateur à New York pour un groupe de 40 Français leur vantant les beautés de cette ville merveilleuse, extravagante et… sécuritaire!

Celui qui fut durant plusieurs années agent de communication à la Corporation du développement communautaire à Drummondville était à l’époque guide accompagnateur pour l’agence de voyage Misa Tours basée à Victoriaville, où il habitait.

Bien que l’événement historique, qui a vu s’écrouler de manière spectaculaire les deux tours du World Trade Center (WTC), s’est déroulé il y a 19 ans, les souvenirs de cette journée folle sont encore bien présents dans son esprit.

Secondant la guide newyorkaise Simone Harris, dont il traduisait les propos, André Pelchat avait la responsabilité de voir à ce que tout se passe bien pour ces visiteurs provenant de la région de Lacapelle-Marival (sud de la France).

«Il était prévu que notre autobus devait s’arrêter au World Trade Center vers 9 h 15, mais nous avions un retard parce que les Français ont voulu arrêter au bureau de poste pour acheter des timbres à coller sur leurs cartes postales. Ce retard nous a sans doute sauvé la vie», souligne-t-il (NDLR : les deux avions ont frappé à 8 h 14 et 10 h 03).

«On a rien vu, sinon un nuage de fumée. On croyait au début à un incendie. Ma priorité était de confirmer la présence de 40 personnes dans un restaurant de China Town, mais ça ne répondait pas. Je ne savais pas que les antennes de cellulaires du WTC ne fonctionnaient plus. J’ai trouvé un téléphone public pour appeler à l’agence à Victoriaville qui savait plus que moi ce qui se passait grâce à la télévision. On m’a dit : New York va être bouclée, il faut que vous sortiez de New York. Après avoir trouvé quatre restaurants dans le même coin pour le dîner, nous avons réalisé qu’il serait impossible de retourner à notre hôtel à Newark (New Jersey). On a fini par dénicher un hôtel en ville qui avait des chambres libres en raison de l’annulation d’un groupe. Arrivés sur place, l’hôtel nous a dit qu’il n’y avait plus de chambres disponibles, étant donné que ceux qui devaient quitter avaient décidé de garder leurs chambres. Les avions ne volaient plus. Nous n’avions plus le choix que de retourner à notre hôtel d’origine via le Washington Bridge. Ça nous a pris huit heures, comparativement à 20 minutes pour faire le chemin inverse le matin. Notre chauffeur d’autobus était brûlé, c’était sa toute première excursion. Quelle initiation pour lui! Chemin faisant, j’écoutais les nouvelles à la radio et je traduisais. Quand j’ai appris que quatre avions avaient perpétré quatre attentats-suicides aux États-Unis, ça, je ne l’ai pas traduit. Je ne voulais pas faire monter la tension», de confier celui qui, fort d’un bac en histoire de l’Université Laval, n’était pas sans pouvoir imaginer les fâcheuses conséquences qui allaient découler de cette attaque aussi insultante pour l’égo américain que le fut Pearl Harbor.

Ce ne fut pas moins compliqué le lendemain pour André Pelchat et son groupe de touristes.

Il poursuit : «Rien ne volait. On ne pouvait pas partir. Durant quatre jours, les budgets s’épuisaient. La directrice de l’hôtel a été formidable. Non seulement elle ne nous a rien facturé pour les chambres, mais elle est venue dans l’autobus pour nous accompagner à sa banque où elle a dû négocier pour que cette dernière accepte l’échange d’argent. Le samedi matin (15 septembre), on apprend que Sabena, une compagnie belge, aura des places disponibles dans un avion à destination de la France en partance de Montréal à 14 heures. On saute dans l’autobus qui n’a mis que cinq heures à faire le trajet jusqu’à la frontière où le douanier, comprenant notre situation, à estamper rapidement les passeports sans poser de questions».

Une autre mauvaise surprise  

«Arrivés à Dorval, on nous apprend qu’il n’y a plus de places pour ce vol. Chez Misa Tours, on vérifie et un fax de Sabena nous avait pourtant bien signifié qu’il y aurait des sièges disponibles. C’était leur erreur et la compagnie a payé les chambres d’hôtel. Le lendemain, on nous dit qu’un avion était disponible en partance de… Boston! Une collègue m’a remplacé et moi je suis retourné à Victoriaville. J’ai dû passer une semaine ensuite à raconter mon histoire à des amis, dans des restaurants où j’ai mangé gratuitement», se souvient-il.

André Pelchat s’est plus tard amené à Drummondville où il a travaillé pour La Piaule et la Corporation du développement communautaire et rencontré sa conjointe Claire Tessier, alors intervenante au CALACS La Passerelle. Ils habitent maintenant à L’Avenir.

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