Patio Drummond a triplé son chiffre d’affaires et doublé ses effectifs en moins de dix ans

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Par Lise Tremblay
Patio Drummond a triplé son chiffre d’affaires et doublé ses effectifs en moins de dix ans
Sur cette photo, Tommy Lemaire, directeur de la maintenance; Alisson Lemaire, directrice des ressources humaines; Philippe Girardin, directeur de l’innovation, ainsi que Yvan Lemaire, président. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. L’entreprise Patio Drummond a compris que pour être en avant de la parade, l’innovation et la rigueur doivent faire partie de chacune des décisions.

En poste depuis un peu moins de dix ans, Philippe Girardin, le directeur de l’innovation, fait de grandes enjambées pour amener cette entreprise située à l’extrémité sud de Drummondville au sommet de l’industrie. La vision est claire; la démarche structurée.

«On a triplé notre chiffre d’affaires et on a doublé le nombre de nos employés en dix ans», informe M. Girardin lors d’un entretien avec L’Express. Ce dernier fait partie d’un trio qui a assuré la relève de l’entreprise.

Observant que ses clients, tels que Canac, BMR et Rona, achetaient de trois fournisseurs différents, il a choisi d’aller à la table à dessin pour concevoir les produits qui manquaient à l’offre.

Patio Drummond compte 120 employés. (Photo Ghyslain Bergeron)

«La business était splitée entre trois ou quatre fournisseurs et on a réalisé qu’on était capable de faire tout ce qu’ils faisaient. On s’est mis en action. C’est comme ça qu’on a été capable de prendre notre première expansion. On est devenu un one step shop pour nos fournisseurs. On a facilité leur expérience d’achat en leur permettant de tout acheter chez nous», explique le directeur, qui était chargé à son arrivée du développement des affaires.

Sous son impulsion, Patio Drummond a développé plusieurs nouveaux produits puis a développé de nouveaux créneaux. La démarche s’est avérée profitable puisque le chiffre d’affaires de l’entreprise a doublé rapidement.

«Les gens nous demandent souvent quelle est notre recette d’innovation. Ce n’est pas compliqué : on le fait. On n’en parle pas durant six mois. On avance. On se plante parfois, mais on est toujours en action. Au lieu de faire comme les autres, on cherche à être différents et on ne se gêne pas pour parler d’environnement», exprime Philippe Girardin.

Imaginer, évaluer, agir et s’ajuster. Voilà la règle que s’est donnée l’entreprise qui attire actuellement les regards de partout au Québec.

«Quand notre volume a augmenté, on s’est dit qu’il fallait maintenant s’attaquer à la production. C’est ainsi qu’on s’est industrialisé. On optimisait déjà nos processus, mais il fallait passer à un autre niveau», ajoute M. Girardin.

Patio Drummond a donc décidé d’investir plus de 13 M$ dans la robotisation.

Philippe Girardin, directeur de l’innovation. (Photo Ghyslain Bergeron)

«On a été la première business au Québec à faire l’audit 4.0. La SDED nous a aidés. Dans la PME, on est des pionniers», fait-il observer.

Parallèlement, l’entreprise a commencé à recruter des travailleurs étrangers. Ceux-ci habitent d’ailleurs dans des maisons que l’entreprise a achetées tout près de l’usine.

Béton carbonégatif

Soutenant que l’entreprise est «constamment en évolution», M. Girardin informe que son effort est maintenant concentré vers la conquête de nouveaux marchés et le développement de produits de béton écologiques.

«C’est notre obsession. On souhaite réduire notre empreinte carbone. Toutes nos décisions sont basées là-dessus. On souhaite devenir un meilleur citoyen de la planète. Pour fabriquer du béton, on utilise de la poudre de ciment, mais on sait que ça émet beaucoup de CO2. On a un rôle à jouer pour faire mieux et se différencier de nos compétiteurs», affirme-t-il.

Produisant déjà du mobilier urbain composé de matières recyclables à 40 %, l’équipe de Patio Drummond avise que l’environnement se trouve dorénavant au cœur de chacune de ses décisions.

L’équipe de Patio Drummond est en avant de la parade. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Pour nous, c’est juste normal de penser à la planète, ajoute Philippe Girardin. Ça fait partie de nos valeurs. C’est correct d’avoir des objectifs de croissance, mais plus nous allons fabriquer du béton vert, plus nous allons aider le monde. Ça donne un sens à ce qu’on fait.»

Le béton vert de Patio Drummond est carbonégatif et il fait jaser l’industrie. Appelé CarbiCrete, il a été développé par des ingénieurs de l’Université McGill.

«Nous avons investi à peu près 20 M$ dans le développement de cette nouvelle technologie. Chaque fois qu’on produit vingt blocs de béton, c’est comme si on plantait un arbre parce qu’on y séquestre du CO2. C’est quand même cool», lance Philippe Girardin, qui précise que ces blocs sont  actuellement utilisés pour monter des murs d’ingénierie dans le milieu de la construction.

Si l’entreprise a commencé avec une production de 240 blocs de béton vert par jour à l’automne 2023, elle en fabrique actuellement 3600 quotidiennement.

Les perspectives de vente étant très élevées, elle envisage de construire à court terme une toute nouvelle usine spécifiquement pour cette niche. Il va sans dire que plusieurs autres millions seront nécessaires.

«On sait qu’on est en avance sur notre temps, mais c’est l’avenir. Ça me fait penser aux autos électriques. Ç’a décollé quand les gouvernements ont créé des programmes de subventions. Ce sera la même chose avec le béton vert. Quand il y aura des incitatifs à l’achat, ça va décoller», termine M. Girardin.

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