Un pour tous, tous pour les Voltigeurs

Un pour tous, tous pour les Voltigeurs
Louis Brousseau, Éric Verrier et Stéphan Leblanc sont en poste depuis maintenant 20 ans au sein du conseil d'administration des Voltigeurs. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. On pourrait les surnommer les trois mousquetaires tant ils incarnent le visage des Voltigeurs. En poste depuis maintenant 20 ans, Éric Verrier, Louis Brousseau et Stéphan Leblanc n’ont jamais compté leurs heures pour permettre à l’organisation de se développer et de rayonner à travers le pays.

Lorsque ce trio est arrivé à la rescousse des Voltigeurs, pendant la saison 2003-2004, la concession était pour ainsi dire à l’agonie. Comme tant de villes avant eux, de Trois-Rivières à Saint-Hyacinthe en passant par Granby, Drummondville s’apprêtait à lancer la serviette avec son équipe de hockey junior. Alors qu’un homme d’affaires de l’extérieur de la région se préparait à acheter le club, la perspective d’un déménagement devenait bien réelle pour la formation ayant vu grandir une panoplie de joueurs depuis 1982.

Partisans de longue date des Rouges, Éric Verrier, Louis Brousseau et Stéphan Leblanc n’ont jamais hésité quand Christian Tourigny a lancé un appel à des hommes d’affaires de la région afin de sauver l’organisation. Le trio a fait partie du fameux «groupe des 13» qui allait éventuellement former le nouveau conseil d’administration du club drummondvillois.

«À ce moment-là, on nous disait que si rien n’était fait, les Voltigeurs seraient vendus et partiraient, se remémore Éric Verrier. Il n’y avait que 600 ou 700 spectateurs dans les estrades. L’équipe n’avait pas réussi à renouveler sa clientèle. Elle perdait de l’argent chaque année. Certains administrateurs avaient même dû avancer des fonds. La Ligue était dans le dossier.»

Comptable de formation, Éric Verrier se plonge alors dans les états financiers de l’organisation pour tenter de trouver des solutions.

«De fil en aiguille, on nous a demandé de finir la saison 2003-2004. La première activité qu’on a organisée, c’était un happening pour la venue de Sidney Crosby au centre Marcel-Dionne. On a appelé notre réseau, puis on a rempli la cabane! À partir de là, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire avec le hockey junior à Drummondville», relate Éric Verrier.

Éric Verrier. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

À la fin de la saison, le groupe d’Éric Verrier et l’acheteur potentiel du club sont convoqués par les dirigeants des Voltigeurs afin de présenter leur plan d’affaires. Appuyés par la Ville de Drummondville et le commanditaire Roger Dubois, les administrateurs prendront une décision cruciale pour l’avenir de la concession.

«La mairesse Francine Ruest-Jutras nous a demandé ce qu’on allait faire de différent de tous les comités de relance qui s’étaient succédé au fil du temps. Ma réponse avait été : la force du nombre! On est 13 et comme on est tous issus de milieux différents, on a un réseau de contacts complètement différents les uns des autres. On va ratisser plus large, puis on va gérer ça comme une business. Parce que pour gérer une équipe de hockey, la passion ne suffit pas. Tu as beau avoir plein de vouloir, si tu n’as pas d’argent, ça ne marchera pas.»

Pour Éric Verrier et Louis Brousseau, les Voltigeurs représentent aussi une affaire de famille. Avant de devenir président et gouverneur de l’organisation, les deux hommes ont vu leur père, René Verrier et Normand Brousseau, occuper les mêmes fonctions durant les années 1980.

«Les Voltigeurs, c’est dans nos gènes, lance Louis Brousseau. Pendant toute notre jeunesse, on a vécu les Voltigeurs par procuration par l’entremise de nos pères. Je trouvais ça triste que les ondes soient aussi négatives autour de l’équipe. On était aussi un peu naïfs! On n’a jamais douté que ça ne fonctionnerait pas.»

Un nouveau modèle

Visionnaires, les nouveaux dirigeants des Voltigeurs s’attellent aussitôt à la tâche. Leur premier objectif : créer de nouvelles sources de revenus pour l’équipe, que ce soit en bâtissant des loges ou en organisant de nouvelles activités de financement.

«Il fallait être créatif, affirme Éric Verrier. Surtout, il fallait éviter de répéter ce qui s’était fait avant. On était rendu le cinquième comité de relance depuis la naissance de l’équipe! Les gens arrivaient avec plein de passion, mais au bout d’un moment, il y avait un essoufflement. Il fallait créer un modèle, un peu à l’image de la Chambre de commerce, où un directeur s’occupe de la poutine interne pendant que les administrateurs gèrent la chambre. Mais pour y arriver, ça prenait d’abord des sous.»

Louis Brousseau, Éric Verrier et Stéphan Leblanc. (Photo : Ghyslain Bergeron)

L’entrée en scène de Sylvie Fortier comme directrice des opérations constitue un premier pas en ce sens. Débarquant de Baie-Comeau, la femme d’expérience apporte une stabilité au sein de l’organisation. «En obtenant de meilleurs résultats financiers, ça nous a permis de grossir l’équipe de permanence. Plutôt que de s’occuper nous-mêmes du renouvellement des billets de saison ou des commandites, comme c’était le cas au début, ce sont eux qui s’occupent maintenant des opérations quotidiennes. Pendant ce temps, c’est du c.a. qu’émanent de grandes idées, celles qui vont créer un rayonnement pour l’organisation et la ville.»

Après des années d’instabilité, voilà que l’organisme sans but lucratif accueille des événements d’envergure tels que des matchs Canada-Russie, le défi mondial des moins de 17 ans, les assises annuelles de la LHJMQ et même une classique hivernale.

Au sein du département hockey, la nomination de Dominic Ricard en tant que dg permet également à l’organisation de passer à la vitesse supérieure. Parmi le personnel veillant au bien-être et au développement des joueurs, la majorité des postes passent du temps partiel au temps plein.

Outre la passion et la vision, Louis Brousseau n’hésite pas à identifier un troisième ingrédient pour expliquer les succès de son groupe : un soupçon de chance! «Dès notre arrivée, on a pu miser sur des vedettes comme Guillaume Latendresse et Derick Brassard. Les jeunes ont commencé à s’identifier à eux, puis à rêver de jouer pour les Voltigeurs. Les expansions nous ont aussi grandement aidés.»

Représentant les Voltigeurs à l’assemblée des membres de la LHJMQ, Louis Brousseau refuse par ailleurs de définir l’organisation comme un petit marché. «On n’a jamais accepté cette idée. On s’est toujours enligné sur les gros marchés comme Québec. On ne prenait pas nécessairement des décisions dans l’intérêt des Voltigeurs, mais plutôt dans celui de la Ligue, puis on s’arrangeait pour suivre cette direction.»

Passer le flambeau

Deux décennies et un championnat plus tard, les Voltigeurs sont non seulement toujours en vie, mais l’organisation est perçue comme un modèle administratif à bien des égards à travers la LHJMQ. «Aujourd’hui, les Voltigeurs sont reconnus dans leur milieu et à travers la Ligue. Les gens sont fiers de s’associer aux Voltigeurs», fait observer Éric Verrier.

Louis Brousseau. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«On s’est donné les moyens de nos ambitions, renchérit Louis Brousseau. On a établi une structure dans l’organisation pour la rendre pérenne. On a réussi à ancrer l’équipe dans son milieu. Notre plus grande fierté, ce sera d’ailleurs quand le building sera rénové. Ça voudra dire qu’on aura réussi à embarquer la Ville avec nous dans ce projet-là, puisqu’il fait du sens pour la communauté.»

D’ici quelques années, le trio souhaite passer le flambeau à une nouvelle génération d’administrateurs. «On ne sera pas éternels! C’est pourquoi on prépare un bon plan de relève. On veut laisser les Voltigeurs entre bonnes mains», explique Stéphan Leblanc.

«Pour le bien de l’organisation, ça va prendre du sang nouveau, ajoute Éric Verrier. Ce qui sera différent cette fois, c’est qu’il n’y aura pas de cassure comme dans le passé. On sera là pour mentorer ceux qui vont nous succéder.»

Au moment où le manque de bénévoles se fait sentir dans toutes les sphères de la société, les trois amigos espèrent que leur histoire donnera envie à d’autres de s’impliquer dans une cause qui leur tient à cœur. «La valorisation et la satisfaction qu’on en retire, ça n’a pas de prix», résume Éric Verrier en guise de conclusion.

Partager cet article