Une infirmière en santé scolaire dit vivre une injustice

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Par Cynthia Martel
Une infirmière en santé scolaire dit vivre une injustice
Mélanie Verrier est infirmière clinicienne en santé scolaire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Une infirmière crie à l’injustice. Mélanie Verrier est la seule de son équipe à la santé publique de Drummondville contrainte à travailler un week-end sur trois au CHSLD Frederick-George-Heriot, depuis la fusion imposée par le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

«Pourquoi seulement moi? Ce n’est pas acceptable que je sois la seule dans tout le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec dans ce genre de fusion. Il y a une grosse inégalité, une grosse injustice! Au printemps, on nous parlait d’un projet pilote, mais clairement ce n’est plus le cas, car de mon côté, ça se poursuit et ils n’ont pas fait cette fusion (santé publique et responsabilité populationnelle) ailleurs sur le territoire», dénonce-t-elle.

Mélanie Verrier en a gros sur le cœur. C’est pourquoi elle a fait appel à L’Express dans l’espoir que le vent tourne pour elle.

La santé publique du CLSC Drummond a fortement été ébranlée l’été dernier : départs précipités à la retraite, congés de maladie, baisse des services… la situation s’est détériorée au moment où les employés ont su qu’ils devaient obligatoirement travailler un week-end sur trois en CHSLD.

«On s’entend que la grosse majorité qui est partie en maladie, c’était en raison de la fusion. Personne ne voulait se retrouver en CHSLD. Ç’a engendré beaucoup d’anxiété et de frustration. Même si on nous disait qu’on allait avoir des formations, ce n’est pas suffisant, on n’a pas les compétences pour ça, c’est complètement un autre univers», insiste Mme Verrier, infirmière clinicienne en santé scolaire.

«Je suis restée, car je me sentais mal de partir en maladie. Je suis surtout restée par souci de servir ma clientèle, les jeunes dans les écoles. Déjà que les services en santé sexuelle étaient perturbés en raison des arrêts des infirmières, je ne voulais pas impacter notre service en santé scolaire», explique-t-elle.

Mélanie Verrier s’est donc retrouvée à couvrir à elle seule les quatre écoles secondaires en mai et juin 2023 puis en septembre, en plus de devoir travailler un week-end sur trois à Frederick-George-Heriot.

«En septembre, les infirmières en congé de maladie sont revenues tranquillement. Mais puisqu’elles étaient en retour progressif, le CIUSSS ne pouvait pas leur demander de faire leur orientation en vue d’aller au CHSLD», fait-elle savoir.

Le 26 septembre 2023, la direction a annoncé aux employés la fin de la fusion entre ces deux secteurs d’activité.

«Nous sommes en février et je me rends encore une fois aux trois semaines au CHSLD. En plus, je suis toujours la seule de mon département à être soumise à cette obligation», déplore l’infirmière clinicienne.

Malgré ses nombreux signalements et questionnements adressés à sa supérieure immédiate, Mélanie Verrier demeure sans réponse à ce jour. Elle ignore à quel moment elle pourra reprendre sa vie professionnelle d’avant.

«En plus de vivre de l’injustice personnelle, je trouve aussi que c’est injuste pour ma clientèle. La semaine que je dois travailler le week-end, bien je ne travaille pas une journée dans la semaine. Donc, c’est une journée de moins où je ne peux pas répondre aux élèves. On se rappellera bien que M. Legault a déjà affirmé que nos jeunes sont en souffrance, puis qu’il faut leur donner tout le soutien et l’aide nécessaires. C’était déjà difficile avant, imagine maintenant, je n’y parviens pas», se désole-t-elle.

Mélanie Verrier est consciente que les infirmières dans les secteurs 24/7 en ont plein les bras et comprend le CIUSSS de vouloir établir une certaine équité. Toutefois, elle comprend mal le choix des fusions.

«Je trouve que c’est cher payé d’envoyer une infirmière clinicienne, comme moi, dans un CHLSD. Parce que parfois, je me retrouve à aider les préposés aux bénéficiaires. En plus, la marche est haute entre le CHSLD et la santé publique. Ça ne va pas du tout ensemble. Mon secteur a autant besoin de moi. Qu’on me comprenne bien, ce n’est pas le fait de travailler une fin de semaine sur trois qui me dérange, mais bien de travailler dans un secteur qui n’est pas du tout connexe au mien tout en sachant que je suis toujours la seule de mon équipe dans cette situation», tient-elle à préciser, estimant que sa contribution ne fait aucune différence au bout du compte.

La fatigue et la colère s’accumulent. Malgré tout, Mélanie Verrier compte tout faire pour que sa situation s’améliore, au bénéfice de sa clientèle.

«J’ai presque atteint ma limite. C’est malheureux à dire, mais je sens un désengagement envers ma profession, mon employeur. C’est plate, mais ce n’est pas vrai que je vais me taire. Je ne pourrai pas continuer à privilégier mon emploi au détriment de ma santé. Mais la question, est-ce que le CIUSSS est vraiment prêt à perdre toute cette expertise?», laisse-t-elle entendre.

Interpellé à propos de la situation de Mme Verrier, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec assure que des démarches sont en cours pour régler le tout.

«La mesure concernant l’horaire du personnel infirmier (une fin de semaine sur trois) est présentement appliquée dans la grande majorité des secteurs et territoires de l’organisation. À la suite de l’expérience vécue à Drummondville pour la santé publique, nous avons tiré des apprentissages et les orientations ont été ajustées. Certaines situations demandent encore des ajustements, comme c’est le cas pour cette infirmière. Nous sommes actuellement en discussion avec la partie syndicale pour régler cette situation le plus rapidement possible», indique Julie Michaud, agente d’information.

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