Impôt foncier : une deuxième augmentation de plus de 4 % en deux ans

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Impôt foncier : une deuxième augmentation de plus de 4 % en deux ans
Francis Adam, directeur général de la Ville de Drummondville, la mairesse Stéphanie Lacoste et Benoit Carignan, trésorier. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. Pour la deuxième année consécutive, les Drummondvillois devront faire un effort de plus pour maintenir la qualité de leurs services municipaux. La montée inflationniste couplée aux augmentations dans pratiquement tous les postes de dépenses amènent les élus à augmenter l’impôt foncier de 4,9 % pour l’année 2024. L’an dernier, la hausse était de 4,43 %.

Adopté en séance extraordinaire lundi soir, le budget de fonctionnement 2024 de la Ville de Drummondville s’est avéré un «exercice laborieux», selon l’expression de la mairesse Stéphanie Lacoste, notamment en raison du dépôt d’un nouveau rôle triennal d’évaluation* qui a fait exploser le coût des maisons.

De façon précise, la valeur de la résidence moyenne sur le territoire de Drummondville est maintenant établie à 345 000 $ comparativement à 223 000 $ fixé lors du précédent exercice. Il s’agit d’une augmentation historique de 49,7 %.

Pour rééquilibrer le tout et éviter de poster en début d’année une facture tout aussi historique aux contribuables, la Ville a abaissé le taux de la taxe foncière pour l’établir à 0,602 $ par tranche de 100 $ d’évaluation (secteur résidentiel), comparativement à 0,872 $ en 2023.

Dans son ensemble, la hausse moyenne du compte de taxes correspondra à 4,9 %, ce qui est sous l’Indice des prix à la consommation (IPC), a-t-on tenu à préciser.

Pour fins de planification, l’augmentation du compte de taxes sera d’environ 118 $ pour le propriétaire d’une maison évaluée à 345 000 $.

«On sait que les citoyens ne seront pas nécessairement contents, commente Mme Lacoste. En même temps, ça s’explique et la communication fait partie de notre travail. Il faudra dire aux citoyens que leur patrimoine immobilier a augmenté et que s’ils vendaient, ils auraient nécessairement un gain. On habite sur un territoire où il y a des services. Tout ça a un coût et il faut le payer collectivement.»

(Photo : Ghyslain Bergeron)

«C’est vrai que les comptes de taxes ont augmenté de plus de 9 % en deux ans, mais il faut réaliser que l’IPC a augmenté de près de 14 %. On doit naviguer avec ça de notre côté aussi pour nos opérations. Juste la facture de la police, elle a augmenté de 730 000 $ à la suite d’un décret ministériel», met en relief Francis Adam, directeur général de la Ville.

Pour ce qui est des commerces et industries, les entrepreneurs recevront aussi une facture plus salée. En aperçu, un commerce moyen d’une valeur de 1,5 M$ subira une augmentation de 6 % pour une facture rehaussée de 1400 $. Puis, une industrie d’une valeur moyenne de 3,8 M$ verra quant à elle son compte de taxes augmenter de 7 % pour une facture additionnelle de 4000 $ en 2024.

La mairesse n’a pas manqué de souligner que la Ville fait face pour la première fois, et de manière marquée, aux contrecoups de la pandémie.

«Nous aussi quand on ouvre des enveloppes d’appel d’offres, on a des augmentations. Il a fallu qu’on soit rigoureux pour élaborer l’exercice. Nous avons eu des demandes budgétaires équivalent à 2,4 M$. Nous avons fait un exercice de priorisation pour réduire ça à 800 000 $, et ce, pour respecter la capacité de payer des gens», assure-t-elle.

Hausse du budget du 15,7 M$

Dans sa globalité, le budget 2024 prévoit des revenus et des dépenses de l’ordre de 164,9 M$, en hausse de 15,7 M$ par rapport à l’an dernier. À nouveau, la Ville prévoit tirer la majeure partie de ses revenus de l’impôt foncier et des tarifications de services, dans une proportion de 75,7 %, pour un total de 124,8 M$.

Une part importante des nouvelles dépenses est destinée aux travaux publics à la sécurité publique (pompiers et Sûreté du Québec) ainsi que pour les loisirs (voir ci-dessous).

Dans le contexte où les familles cherchent à préserver leurs sous, la Ville a choisi de rehausser son financement aux centres communautaires, au maintien des arénas, des patinoires et des parcs, des éléments importants de la qualité de vie.

«Nos services deviennent extrêmement pertinents et importants lorsque les familles ont moins d’argent pour des sorties payantes, comme on le voit actuellement. C’est important qu’elles puissent faire des activités gratuites comme aller à la bibliothèque, aller marcher le long de la Rivia ou aller patiner», exprime Stéphanie Lacoste.

Dans un tout autre ordre d’idée, la Ville de Drummondville a fait le choix de payer davantage de dépenses au comptant.

«C’est en lien avec notre cadre financier. À chaque dépôt de rôle, on souhaite payer un peu plus nos immobilisations payées comptant. L’an dernier, on en a payé pour 6,8 M$ et on passe cette année à 10 M$. Cela nous permet d’éviter le fardeau de l’emprunt et de nous protéger des hausses des taux d’intérêt», informe Benoit Carignan, trésorier à la Ville.

Tarification

Concernant les différentes tarifications de services, elles connaissent une hausse globale de 1,5 %. Pour l’eau potable, la Ville poursuit le plan qu’elle a lancé l’an dernier basé sur le principe d’utilisateur-payeur afin de récolter des sommes qui viendront qu’à financer la nouvelle usine d’eau potable. En 2024, il en coûtera 156 $ (+ 10 $) aux résidences pour ce service. Trois paliers allant de 0,393 $ à 0,590 $ le mètre cube d’eau utilisé ont été établis pour les entreprises.

Quant à la collecte des bacs roulants de matières résiduelles, le service coûtera 178 $ (+ 15 $) par unité de logement en 2024.

En terminant, malgré le spectre du ralentissement économique, la Ville de Drummondville soutient qu’elle est en bonne santé financière.

«Je tiens à dire que nos finances sont saines. Notre développement continue et c’est ce qui fait qu’on passe relativement bien à travers tout ça. Le fait d’avoir un cadre financier depuis 2015 est très aidant. On est capable de travailler sur des hypothèses. On sait où on s’en va», conclut Francis Adam, directeur général.

Politique de gestion de la dette

Pour la première année, la Ville de Drummondville adopte une Politique de gestion de la dette. Elle permettra d’intégrer une somme totale de 30 M$, qui sera répartie au cours des prochaines années à compter de 2025.

«C’est pour s’assurer que nos investissements se feront dans l’objectif d’avoir des augmentations raisonnables du compte de taxes. Tout est arrimé avec notre cadre financier qu’on a créé en 2015», explique M. Adam.

«Sans lier les conseils municipaux qui nous suivront, si des décisions différentes se prennent, il faudra qu’elles soient adoptées publiquement. C’est une question de transparence», ajoute la mairesse.

En 2022, la Ville signale que la dette par unité d’évaluation était de 5901 $, en hausse de 385 $ sur un an.

Les principaux postes de dépenses

  • Administration générale : 17,6 M$, en hausse de 1,3 M$
  • Sécurité publique : 22,3 M$, en hausse de 1,1 M$
  • Travaux publics : 39,6 M$, en hausse de 2,3 M$
  • Loisirs et vie communautaire : 17,7 M$, en hausse de 2,4 M$
  • Service de la dette : 28 M$, en hausse de 1,7 M$

 

*Déposé aux trois ans, le rôle d’évaluation résume l’inventaire des immeubles situés sur un territoire. En force pour les années 2024, 2025 et 2026, il reflète cette année l’emballement du marché immobilier survenu entre juillet 2019 et juillet 2022.

 

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel. N’oubliez pas d’activer les notifications!

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

Partager cet article