Maison d’hébergement : le conseil municipal refuse à majorité le projet

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Par Cynthia Martel
Maison d’hébergement : le conseil municipal refuse à majorité le projet
Le 380, rue Elvin aurait pu accueillir 15 jeunes de 18 à 30 ans leur permettant d’acquérir l’expérience nécessaire pour débuter dans la vie. (Photo : Louis-Philippe Samson)

HABITATION. Il n’y aura pas de maison d’hébergement au 380 de la rue Elvin. Le conseil municipal de Drummondville a refusé à majorité le projet dans sa forme actuelle, lundi soir.

La salle du conseil était pleine à craquer au point où une vingtaine de personnes n’ont pu entrer. Des résidents de ce secteur se sont déplacés par dizaine, sachant qu’une résolution visant à autoriser cette habitation collective de 15 chambres dans le domaine du Sapin vert figurait à l’ordre du jour. Ils étaient prêts à argumenter une fois de plus et défendre leur opinion, mais à leur grande satisfaction, ils n’ont pas eu à le faire. Sept élus contre quatre se sont opposés au projet, estimant principalement, tout comme ces citoyens, que la rue Elvin n’est pas un endroit approprié pour une telle maison d’hébergement ayant pour objectif de briser et prévenir le cycle de l’itinérance chez les jeunes de 18 à 30 ans.

C’est la conseillère Catherine Lassonde qui a demandé le vote.

«À titre de présidente du comité consultatif d’urbanisme, j’étais déjà contre l’arrivée de ce projet avant même que vous le connaissiez. Ce n’est pas le nombre de lettres que j’ai reçues au cours des dernières semaines qui m’ont fait changer d’avis. Je suis d’accord qu’un tel projet s’implante à Drummondville, mais pas à cet endroit précis», a-t-elle souligné.

Alexandre Desbiens (district 2), Sarah Saint-Cyr Lanoie (district 5), Jean-Philippe Tessier (district 6), Yves Grondin (district 8) et Mario Sévigny (district 10) ont également exprimé leur désaccord.

«Bien évidemment, la réinsertion sociale de nos jeunes me tient à cœur, là n’est pas la question. Mais quant à moi, pour mener à terme un tel projet, il est primordial de travailler en collaboration avec la population. Dans ce cas-ci, selon mon interprétation, tout n’a peut-être pas été mis en œuvre pour que ce soit le cas et par conséquent, cela n’a pas favorisé l’acceptation sociale du présent dossier», a fait valoir M. Desbiens.

«Une chose que je tiens à dire, c’est que je n’ai jamais été influencé par la peur de qui que ce soit. On est tous des citoyens et dans tous les quartiers, il y en a qui sont plus dangereux que d’autres et moins dangereux, donc tout le monde a droit à une chance égale. Toutefois, j’ai quelques préoccupations qui concernent entre autres l’endroit et la notion de mobilité. J’ai l’impression que les gens qui y habiteraient se sentiraient loin des services dont ils ont besoin. Ce serait de les désavantager de les éloigner des services. On ne parle pas de gens avec une grande richesse, ils ne pourraient pas se déplacer comme ils veulent et je pense aussi à l’épicerie, ce n’est pas des gens qui vont pouvoir acheter au IGA. Même que 15 chambres à mon avis, c’est trop, ça ne se rapproche pas de la réalité de la vie quotidienne que ces gens vont connaître une fois réintégrés. Je pense qu’on peut faire mieux», a pour sa part communiqué M. Sévigny.

Évidemment, le conseiller du secteur, Daniel Pelletier (district 11) a maintenu sa position en votant lui aussi contre.

Ils étaient près de 100 à assister à la séance lundi soir. (Photo Cynthia Giguère-Martel)

Les citoyens avaient de la difficulté à contenir leur joie. Malgré les demandes répétitives de la mairesse de demeurer calmes, les interventions des conseillers ont été entrecoupées d’applaudissements nourris, ce qui a visiblement irrité le conseiller municipal Yves Grondin.

«Je n’avais pas prévu émettre de commentaire, mais la façon dont les choses se déroulent, je vais parler. Il y a probablement plusieurs raisons différentes de dire non à ce projet-là ce soir. Une des raisons, c’est votre attitude. Ça fait trois fois que la mairesse vous dit de faire attention, que ce n’est pas le temps d’applaudir. On vous demande le respect et vous n’êtes pas capable de l’offrir, comme à la séance d’information de mardi dernier. Je pense que les jeunes qui devraient aller rester près de chez vous ne méritent pas d’avoir des voisins comme vous autres. C’est ma raison pourquoi je vais voter contre», a-t-il fulminé avant de se faire applaudir à son tour.

Trouver un plan B

Déçue mais déterminée à trouver une solution, la mairesse a réitéré sa «pleine et entière coopération» pour la suite des choses aux partenaires à la tête de ce projet, à savoir l’Office d’habitation Drummond, Innov Habitat Drummond et la Maison Habit-Action.

«La démocratie a parlé, mais ça reste que les enjeux sociétaux demeurent, dont la crise du logement. Nos jeunes, nos bons jeunes qui pourraient faire partie de ce projet-là paralysent en ce moment les services de première ligne. Je comprends les préoccupations des citoyens, je suis empathique, mais ces jeunes-là ont le droit d’avoir une vie décente, un logement, une qualité de vie», soutient Stéphanie Lacoste.

«On ne parle pas de réinsertion sociale, je le répète, c’est un projet permettant de donner un coup de main à des citoyens qui sont sur le bord de s’en sortir. D’ailleurs, les gens qui sont contre le projet n’ont pas arrêté de dire que c’en était un bon. C’est un des rares projets en prévention qu’on avait sur le territoire de la Ville de Drummondville. J’y crois, je n’ai pas perdu foi alors on va retrousser nos manches pour trouver la meilleure place et des solutions», a-t-elle poursuivi au terme de la séance.

Rappelons qu’en seulement deux semaines, ce dossier a fait couler beaucoup d’encre. Après avoir été informé du projet par un court document distribué par la Ville, le 23 octobre, un petit groupe de citoyens s’est mobilisé pour mettre au courant le plus de résidents possible. Une semaine plus tard, une soixantaine de personnes du secteur s’est réunie pour dénoncer l’implantation de la maison d’hébergement. Le conseiller Daniel Pelletier y prenait part en affichant clairement son opposition.

Durant ce rassemblement de près de 90 minutes, les aspects de la quiétude, de la sécurité du quartier et le manque de services à proximité ont été abordés. Les citoyens confondaient également à ce moment le terme «maison d’hébergement» à «maison de transition».

Puis, le 8 novembre, une séance d’information s’est tenue à l’école La Poudrière. Plus de 150 personnes y ont assisté. Le ton a monté à quelques reprises. Au terme de cette rencontre de près de trois heures, les citoyens du secteur n’approuvaient toujours pas le projet, même après avoir reçu toutes les explications. Ils se disaient toujours autant préoccupés.

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