Grève : au tour des infirmières

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Grève : au tour des infirmières
Cette première séquence de grève se terminera à minuit, dans la nuit du 9 au 10 novembre. (Photo : Ghyslain Bergeron)

GRÈVE. Après les employés représentés par les syndicats membres du Front commun, c’est au tour des infirmières, infirmières auxiliaires, perfusionnistes cliniques et des inhalothérapeutes d’entamer leur débrayage. Il s’agit de la première grève de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) depuis presque 25 ans.

Depuis minuit, des lignes de piquetage sont dressées par les travailleurs devant des établissements de santé partout au Québec. À Drummondville, les syndiqués se font voir et entendre devant l’hôpital Sainte-Croix et le centre d’hébergement Frederick-George-Heriot. Cette première séquence de grève se terminera à minuit, dans la nuit du 9 au 10 novembre.

Sans contrat de travail depuis le 31 mars, ces professionnelles de la santé sont plus déterminées que jamais à faire respecter leurs conditions de travail.

«Il est primordial qu’on ait des avancées à la table. On a atteint un point de rupture dans le réseau de la santé et le gouvernement souhaite dégrader davantage les conditions de travail. La grève, ce n’est pas de gaité de cœur qu’on la fait, c’est parce que nos limites sont atteintes depuis trop longtemps. C’est un moyen de se faire entendre par un gouvernement méprisant, qui ne comprend pas notre réalité», a soutenu par voie de communiqué Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

La dernière offre salariale du gouvernement de François Legault s’établit à 10,3 % sur 5 ans. Mais pour la FIQ, «c’est nettement insuffisant pour pallier la hausse du coût de la vie» puisque cette augmentation ne couvre pas l’inflation.

«On a calculé ça et si on dit que le taux d’inflation tourne autour de 3 % à 4 % par année, bien on va recevoir au final -0,5 %. C’est comme si on donnait notre paie pour aller travailler. C’est ridicule! C’est une des pires offres patronales depuis longtemps. Et ça, c’est sans compter qu’on nous enlève la prime de 3,5 % qu’on a droit», s’est désolé Annie Bernard, infirmière de la santé publique œuvrant au CLSC Drummond, qui manifestait mercredi matin.

Les ratios sécuritaires, le temps supplémentaire obligatoire et la mobilité du personnel sont parmi les principaux points qui achoppent entre le syndicat et le gouvernement.

«Le gouvernement veut prendre une professionnelle en soins et la déplacer n’importe où, quand ça lui chante. C’est comme si chacune d’entre elles était un pion interchangeable. C’est de la folie et on n’acceptera pas ça. C’est inhumain pour les travailleuses et carrément dangereux pour les patients. On est loin de l’employeur de choix que le gouvernement prétend vouloir devenir», a insisté par écrit Julie Bouchard.­

«C’est comme si le gouvernement nous disait carrément que notre rôle principal n’existe plus, que notre expertise n’est plus reconnue. Ça envoie le message qu’on doit être polyvalents et qu’on doit faire ce qu’on va nous demander, selon les besoins du moment», a exposé Annie Bernard.

Annie Bernard est infirmière en santé publique au CLSC Drummond. (Photo Cynthia Giguère-Martel)

«Pour les ratios, ça fait des années qu’on demande cela. C’est une sécurité pour les patients, mais pour nous aussi, comme dans les garderies», a-t-elle ajouté.

Puisque rien ne bouge, la FIQ a déjà annoncé deux journées de grève supplémentaires, à savoir les 23 et 24 novembre.

«Le message que nous lançons aujourd’hui au gouvernement est que s’il continue à faire fi de la santé du réseau public, il nous trouvera toutes sur son chemin. Nos conditions de travail sont les conditions de soins de toutes les Québécoises et de tous les Québécois», a laissé entendre la présidente du syndicat.

«Ce qu’on veut, c’est que la population comprenne qu’on fait ça pour elle. Contrairement aux discours qu’on entend, on n’est pas là pour se plaindre et chialer, on veut simplement que les citoyens aient accès à des soins prodigués par des infirmières qui ont le goût d’être là. Si on est capable d’avoir les conditions qu’on demande, ça va attirer du monde puis les patients vont en bénéficier. C’est une roue qui tourne», a fait valoir l’infirmière en santé publique.

Services essentiels

Par ailleurs, la FIQ tient à préciser que l’exercice de cette grève ne compromet pas les services essentiels. Les soins peuvent être ralentis sur certaines unités, mais tous les soins prescrits par les services essentiels seront prodigués.

«Par exemple, puisque je travaille au CLSC dans un secteur qui ne met pas la vie des patients en danger, j’ai plus d’heures de grève à faire que d’autres collègues. Et pour ce qui est des chirurgies, il n’y a pas de craintes à avoir, il n’y a rien d’arrêté de ce côté, sinon que quelques heures de retard», a conclu l’infirmière Annie Bernard.

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel. N’oubliez pas d’activer les notifications!

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

 

Partager cet article