Johanne Blouin quitte l’enseignement après deux décennies

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Par Claude-Hélène Desrosiers
Johanne Blouin quitte l’enseignement après deux décennies
Johanne Blouin. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ACTUALITÉS. Point d’orgue sur sa profession d’enseignante. Johanne Blouin a beau quitter l’enseignement au Cégep de Drummondville; la carrière de chanteuse qu’elle poursuit depuis près de 50 ans va, elle, en crescendo.

Ce printemps, le Cégep de Drummondville s’apprête à dire au revoir à une enseignante chevronnée du Département de musique, la célèbre chanteuse Johanne Blouin. Après avoir inspiré et guidé de nombreux étudiants souhaitant perfectionner le chant, Mme Blouin quitte l’enseignement afin de se consacrer à de nouveaux projets.

«Pendant 21 ans, j’ai eu le privilège d’enseigner à des étudiants extraordinaires et d’avoir pu participer à un bout de chemin de vie avec eux. Ils m’ont apporté beaucoup comme, je l’espère, leur avoir apporté beaucoup. C’est avec un sentiment de mission accomplie et non sans une certaine émotion que je laisse ma place à une équipe fantastique qu’est celle du Département de musique», affirme Johanne Blouin. Elle voit en effet l’enseignement comme un privilège et une occasion de donner au suivant.

Johanne Blouin. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Sa mère était chanteuse; son père, musicien. Johanne Blouin a baigné dans le jazz. Le fait d’avoir pu transmettre ses connaissances à ses élèves l’émeut. «Savoir que ça va se poursuivre, ces connaissances-là, c’est quand même quelque chose», s’exclame-t-elle.

Elle a compté comme élèves, entre autres, Heidi Jutras (choriste pour plusieurs célébrités, Cirque du Soleil, La Voix), Jean-Alexandre Boisclair (La Voix), Mary-Pier Guilbault (Cirque du Soleil, Cavalia, La Voix), Rosalie Ayotte (Star Académie), Mélissa Martin et Rosie Lafrance-Marcotte (animatrices radio à deux stations différentes), Sarah Bourdon (auteure-compositrice-interprète)… «Je rencontre d’anciens élèves un peu partout… Par exemple, j’étais invitée à l’émission de Véronic DiCaire, j’arrive sur le plateau et le bassiste est un ancien élève du Cégep à qui j’ai enseigné le chant comme instrument complémentaire», dit-elle en souriant.

Dans le cours de la populaire artiste, les étudiants ont tous travaillé fort et évolué vocalement. «Mais ce n’est pas juste un cours de chant! Dans ce local de cours, il s’est dit beaucoup de choses! Des larmes ont coulé, des rires ont fusé… Le chant, c’est directement connecté aux émotions. Dès qu’un élève passe la porte, je sais comment il se sent», raconte-t-elle.

Mme Blouin se remémore une étudiante qui est arrivée au premier cours en affirmant qu’elle était alto. Après trois notes, elle savait qu’elle avait plutôt une soprano devant elle et a pu la diriger en conséquence. «C’est aussi le côté humain, c’est très valorisant! C’est de transmettre la culture, le savoir, et de voir que c’est reçu, que c’est intégré».

«Pendant la pandémie, ça a été très dur, mais on s’est tenus, et personne n’a lâché. Il y en a qui ont vécu à peu près tout leur DEC à distance. En chant, ce n’est pas évident. Il y avait un rideau en plastique ici, l’élève entrait et chantait avec un masque derrière le rideau. Les élèves souffraient de solitude. À cet âge, les contacts sociaux sont si importants», partage-t-elle. «Ça n’a pas été un passage facile, mais les professeurs ont été des piliers et les étudiants ont été braves».

Johanne Blouin. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Dans le Département de musique, il y a de la vie. Les professeurs sont passionnés et engagés; ils organisent des spectacles, des classes de maître. Selon Johanne Blouin, donner ses 15 cours et arrêter ça là, c’est impossible. Les élèves doivent aller sur scène, il faut les exposer afin qu’ils apprennent le métier. Les mettre en contact avec des artistes québécois importants a aussi fait partie de l’apprentissage de ses élèves. «Au fil des ans, j’ai fait venir des amis artistes : Bruno Pelletier, Luc de Larochellière, Daniel Bélanger, Lulu Hugues, Kim Richardson, John McGale du groupe Offenbach, Vic Vogel, France D’Amour… Ça a toujours été de belles expériences».

Présentement, il y a une cinquantaine d’élèves en chant. Quand Mme Blouin a commencé, il y avait 8 élèves. Juste avant la pandémie, le nombre d’élèves est monté jusqu’à 65. «Quand j’ai commencé à enseigner, j’avais peur que les gens de l’industrie musicale pensent que ma carrière n’allait pas bien. Mais en fait, c’est le contraire qui s’est passé. Ça m’a donné une corde de plus à mon arc», avance-t-elle.

Finalement, tous ces aspects de sa vie l’auront servie, et lui ont beaucoup donné, humainement.

La pétillante blonde conclut ainsi : «On continue».

Le 9 mai à 19h, Johanne Blouin fera un dernier spectacle avec ses élèves. Il y aura aussi une dizaine d’anciens élèves qui viendront chanter.

À la salle Georges-d’Or du Cégep de Drummondville, entrée gratuite.

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