Intimidation : les élus dénoncent et en appellent au civisme des citoyens

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Par Cynthia Martel
Intimidation : les élus dénoncent et en appellent au civisme des citoyens
La préfète de la MRC de Drummond et mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste (à gauche), était flanquée d'une cinquantaine d'élus. On voit également à l'avant-plan, Line Fréchette, mairesse de Saint-Majorique, et Ian Lacharité, ex-maire de Wickham. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MUNICIPAL. La démission du maire de Wickham en raison d’intimidation envers lui et sa famille est «la goutte qui fait déborder le vase» au sein de la MRC de Drummond. D’une voix unie, des élus dénoncent vivement cette forme de violence dont sont trop souvent victimes les intervenants du monde municipal.

Flanquée d’une cinquantaine d’élus, la préfète de la MRC de Drummond et mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, y est allée d’un message sans équivoque, vendredi matin en point de presse.

«Trop, c’est trop. La démission du maire de Wickham en raison de l’intimidation dont il a été victime dans sa municipalité, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Personne, quelle qu’elle soit, ne devrait avoir à subir de telles représailles, encore moins quand on parle de gens qui se dévouent corps et âme pour le bien de leur communauté. Je n’en reviens pas que nous devions appeler publiquement à plus de civisme de la part de notre population, mais de l’intimidation, il s’en produit aux quatre coins de notre MRC. Ce n’est probablement pas pire qu’ailleurs, mais, chose certaine, ce n’est plus tolérable, et il faut dénoncer cette situation», s’est-elle indignée.

Intimidation dans le stationnement de l’hôtel de ville, lettres d’insultes et menaces envoyées aux directions générales, pneus d’autos crevés, familles et enfants d’élus menacés et intimidés, attaques sur les réseaux sociaux… voilà autant de situations vécues au cours des derniers mois au sein de la MRC.

«Des comportements semblables, c’est inadmissible. Il est plus que temps d’agir pour rebâtir une société civilisée et sécuritaire. Dans une école, l’intimidation ce n’est pas permis, dans une sphère publique non plus. Cette responsabilité, elle nous incombe à tous, gouvernement et individus, pour que la démocratie s’exerce dans le respect, par respect pour la démocratie», a lancé Stéphanie Lacoste, rappelant que les maires et conseillers œuvrent avec passion et dévouement pour le bien public.

Lors de son intervention, la politicienne a également pris soin de préciser que les membres des conseils municipaux vivent bien avec le fait d’être exposés publiquement à des critiques dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Toutefois, lorsque les émotions prennent toute la place, que le ton monte, que les insultes fusent et que des menaces sont lancées, il y a un grave problème qui ne sert ni les élus ni les citoyens, expose-t-elle.

«La liberté d’expression, on l’encourage. Ce qu’on veut, c’est dialoguer avec nos citoyens, débattre de points de vue, expliquer les raisons qui nous incitent à prendre des décisions pour le bien commun; bref, on souhaite favoriser une saine démocratie. Mais il faut que ça se fasse dans le respect! Quand c’est rendu que des élus craignent pour leur sécurité, on a un gros problème. Échanger, consulter, écouter, oui; se faire insulter, non», a-t-elle insisté en notant que le nombre d’élus démissionnaires au Québec est en hausse vertigineuse.

En guise de soutien, Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités, a tenu à être présent vendredi matin.

Jacques Demers, président de la FQM, et Stéphanie Lacoste. (photo : Ghyslain Bergeron)

«Les situations dénoncées ne sont pas uniques à la MRC de Drummond, malheureusement. Ce que vivent les élus, c’est généralisé dans chacune des régions du Québec. L’appel de ce matin est un appel à tous (…) Il n’y a aucune raison qu’un élu municipal soit plus un punching bag que n’importe quel autre citoyen», a-t-il soutenu, soulignant que d’ici les deux prochaines semaines, la FQM annoncera des pistes de solutions concrètes pour contrer l’intimidation au sein de la sphère municipale.

Du côté de la MRC de Drummond, les élus ont convenu de dénoncer sur-le-champ toute forme d’intimidation et de s’en parler entre eux.

«Malheureusement, on a tendance à minimiser en tant qu’élus ces gestes-là, parce que l’on connaît les gens, donc on les excuse en disant que c’était sur le coup de l’émotion ou que ç’a été fait lors d’un moment d’égarement, mais ça reste que c’est extrêmement violent. C’est lors d’un échange entre certains maires qu’on s’est rendu compte de tout ce qu’on pouvait vivre. Il faut faire plus souvent ce genre de rencontre avec les maires et les conseillers. Ça va permettre de trouver des solutions et passer à travers ces moments plus difficiles», s’est dit d’avis la préfète.

Stéphanie Lacoste souhaite que ce message fort qu’elle a porté au nom des élus soit entendu de la part de l’ensemble de la population.

«On s’engage à faire de notre mieux lorsqu’on est élu, mais je vous le dis, on va en commettre des erreurs, mais on les assume. Par contre, ça ne fait pas de nous des monstres pour autant. On demande à être traité de façon civilisée, comme je m’applique à traiter les gens et mes collègues quotidiennement», a-t-elle conclu.

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