MAGAZINE. Trois jeunes entrepreneurs ont pris la décision de rapatrier leur production de brosses à dents de la Chine à Drummondville afin de réduire leur empreinte écologique. Grâce à une addition d’actions, OLA Bamboo souhaite faire sa part pour sauvegarder l’environnement.
Les fondateurs ont convenu qu’ils devaient contribuer à la réduction des déchets de plastique dès la création de l’entreprise en septembre 2016. Lorsqu’ils ont commencé à produire leurs brosses à dents en 2021, celles-ci étaient faites de bambou importé de Chine. Dans la dernière année, ils ont lancé un nouveau modèle fait d’érable rouge du Québec afin de favoriser encore plus les produits locaux.
«Toutes les décisions que l’on prend pour l’entreprise tournent autour de cette valeur environnementale. En remplaçant le bambou par de l’érable qui pousse en Estrie, on ne peut pas avoir plus local que cette bosse à dent. Malgré toutes ces choses que l’on a accomplies, on réalise qu’il y a encore beaucoup d’éducation à faire en termes d’achat local», commente Simon-Pier Ouellet, vice-président ainsi que superviseur de la production et de l’expédition chez OLA Bamboo.
Ce modèle en érable, la OLA Cycle, représente un projet sur lequel la compagnie souhaite mettre plus d’emphase au cours de la prochaine année puisqu’il s’agit d’un produit de l’économie circulaire.
«Nous sommes les seuls au monde à proposer une brosse à dents issue de l’économie circulaire. D’un point de vue environnemental, on peut difficilement faire mieux. Nous avons justement commandé une étude sur l’impact environnemental de chacun de nos produits. Déjà, la fabrication d’une brosse à dents en bambou au Canada, comparativement à la Chine, représente une empreinte carbone 57 % moins élevée. Avec la OLA Cycle, on peut s’attendre à ce que ça soit encore plus écologique», prévoit le président Jean-Philippe Bergeron.
«Depuis nos débuts en 2016, ce sont plusieurs millions de brosses à dents qui ont été vendues par OLA Bamboo, ajoute-t-il. Une brosse à dents a peut-être un effet très limité sur l’environnement. Cependant, en faisant la somme, ce sont autant de brosses à dents en plastique que l’on a remplacées. Le nombre vient à avoir un effet plus important. C’est l’addition qui provoque cet avantage environnemental.»
Par ailleurs, depuis 2020, l’entreprise a investi près d’un million de dollars afin de fabriquer ses brosses à dents à Drummondville. Elle a aussi adapté ses appareils pour travailler l’érable, qui possède des caractéristiques bien différentes du bambou.
«Le déménagement a changé notre structure. Nous sommes passés d’une compagnie d’import-export à une entreprise de fabrication. Après avoir beaucoup investi et fait un virage à 180 degrés, il faut prendre le temps de se stabiliser. Il y a sept ans, aucun de nos produits n’était fabriqué au Canada et, aujourd’hui, c’est 80 % de notre volume de vente qui l’est», indiquent les cofondateurs.
Débuts modestes
Au départ, rien ne destinait ce trio d’amis à devenir entrepreneur. Jean Philippe Bergeron était enseignant, Simon-Pier Ouellet était journaliste et Vicky Jodry, responsable du marketing, était animatrice à la radio lorsqu’ils ont fondé l’entreprise comme complément de revenus en 2016. À ce moment, ils importaient des brosses à dents de la Chine qu’ils réexpédiaient à leurs clients au Québec.
«On s’est lancé à l’aveugle. Au départ, on voulait en faire un sideline. On n’a pas immédiatement tout lâché pour se lancer en affaires. On faisait ça à temps perdu, les soirs après le travail», raconte Simon-Pier Ouellet.
«On se disait que si ça pouvait payer un voyage dans le Sud une fois par année, ce serait parfait. Finalement, sept ans plus tard, nous ne sommes pas encore partis en voyage», poursuit en riant Jean-Philippe Bergeron.
Au courant de l’année 2017, un passage à l’émission «Dans l’œil du Dragon» donnera un nouvel élan à ces jeunes entrepreneurs. Après avoir accepté l’offre de Caroline Néron, l’entreprise a écoulé son stock de 45 000 brosses à dents en à peine deux jours. Voyant leur entreprise prendre rapidement de la vitesse, Jean-Philippe Bergeron a été le premier à quitter son emploi pour travailler à temps plein pour OLA Bamboo. Suivant l’exemple de son associé, Simon-Pier Ouellet a lui aussi quitté son emploi en 2018, et Vicky Jodry a fait de même après une autre année, en 2019.
C’est en raison de la fermeture des usines durant la pandémie que les entrepreneurs ont réalisé ce virage à 180 degrés décrit plus tôt. C’est ainsi que Drummondville a été choisie comme nouvel emplacement pour établir la production de brosses à dents. D’abord installés à Gatineau, les entrepreneurs ont choisi de se rapprocher de leurs principaux clients, mais également de leur famille.
«Drummondville présente une situation géographique parfaite pour nous. On se retrouve à environ 50 minutes de nos principaux marchés. C’est un très gros avantage», commente M. Bergeron.
Les yeux rivés sur 2023
Avec le spectre d’une récession à l’horizon, OLA Bamboo garde les yeux rivés sur ses objectifs en 2023. Toujours dans l’objectif d’utiliser au maximum ses ressources, l’entreprise a l’intention de lancer la production de cotons-tiges fabriqués à partir des retailles de bois des brosses à dents. Elle espère aussi percer le marché canadien grâce à la OLA Cycle.
«En ce moment, notre deuxième marché en importance, après le Canada, est la Grèce. En 2023, on souhaite pousser un peu plus du côté des États-Unis. On est à développer des partenariats et à organiser notre stratégie. À travers ça, on surveille l’évolution de la situation économique et l’inflation», signale Jean-Philippe Bergeron.
L’usine drummondvilloise d’OLA Bamboo produit près de 450 000 brosses à dents par année. Les fondateurs compteront sur l’automatisation de certaines tâches pour améliorer la production au cours de l’année.
