MOTONEIGE. Sabrina Blanchet n’a pas froid aux yeux. La pilote de 26 ans est l’une des rares femmes à faire sa marque dans le milieu des courses de motoneige sur ovale de glace. À l’approche du Grand prix de Valcourt, L’Express Magazine a rencontré la reine de la glace au garage de l’équipe Samson Racing.
Originaire de Québec, mais installée à Drummondville depuis quelques années, Sabrina Blanchet a grandi dans une famille de mordus de vitesse. Son grand-père, le légendaire Gaston Ferland, a été un grand champion de motoneige au sein de l’équipe de Bombardier. Son père participait quant à lui à des courses de régates pendant la période estivale.
«C’est vraiment une affaire de famille, raconte Sabrina Blanchet. Quand j’étais petite, on était toujours aux courses. Aujourd’hui, mon grand-père vient encore me voir courser. Pour lui, c’est vraiment une fierté. Il a réussi de grands exploits dans sa carrière. Maintenant, je suis fière de marcher sur ses traces.»
C’est dès l’âge de sept ans que Sabrina Blanchet a commencé à participer à des courses de motoneige au sein de l’équipe de George Samson. Rapidement, la jeune sensation a commencé à faire parler d’elle des deux côtés de la frontière.
«J’ai été assise sur la motoneige et la première course que j’ai faite, je l’ai gagnée! À partir de là , on a fait des compétitions aux États-Unis. On a gagné pas mal de courses et on a grimpé d’une classe à l’autre. Chaque fois, on a signé plusieurs victoires et on a gagné des championnats», relate cette véritable passionnée de vitesse.
«Les courses, c’est de l’adrénaline à l’état pur! On s’entend que c’est assez rapide. Ce sont des machines qui roulent à 100 miles à l’heure. La compétition est très forte. Se retrouver les uns à côté des autres sur la ligne de départ, c’est un feeling vraiment trippant», continue celle qui arbore le numéro 79.
Selon Sabrina Blanchet, la force physique, l’endurance et la concentration font partie des clés du succès pour piloter une motoneige de course. «Je m’entraîne à l’année longue pour pouvoir compétitionner avec mes adversaires. Les gars ont la force physique et l’endurance nécessaires pour performer. Si je veux être à la hauteur, je n’ai pas le choix de m’entraîner», explique celle qui gagne sa vie en travaillant dans un garage.
«Pour le reste, je suis quelqu’un d’assez focus dans la vie. Je ne suis pas trop stressée. Ça me permet de bien gérer les imprévus et de m’adapter à chaque situation.»
Après avoir tout raflé dans les catégories juniors, la talentueuse pilote a fait la pluie et le beau temps dans les classes «semi-pro champ» et «sport champ». Depuis quelques années, la Drummondvilloise est en action dans la prestigieuse division «pro champ». Elle course également dans plusieurs catégories «vintages».
Après une longue pause forcée en raison de la pandémie, Sabrina Blanchet est récemment devenue la première femme à remporter le championnat du monde de motoneige «vintage» dans la catégorie «Super Mod 440». La compétition réunissait les meilleurs pilotes de la planète à Eagle River, au Wisconsin.
Un sport casse-cou
Ambitieuse et déterminée, Sabrina Blanchet est fière d’avoir fait sa place dans un milieu d’hommes. Elle ne cache toutefois pas qu’il y a encore du chemin à parcourir pour éliminer les stéréotypes.
«Comme dans n’importe quel sport, on se fait parfois dire des affaires plates. Mais comme je suis assez performante, ça n’arrive pas trop souvent. Quand je fais une erreur ou un accident, ça peut arriver. Quelqu’un m’a déjà dit que les femmes, ça va dans les chaudrons, pas sur une piste de course! Mais au fil des ans, j’ai fait mes preuves et je me suis fait respecter», exprime-t-elle en se réjouissant aussi des succès de la jeune Drummondvilloise Alicia Robitaille dans le milieu des courses de motoneige.
Comme tous les pilotes, Sabrina Blanchet a été victime de quelques accidents au fil des ans, dont un qui aurait pu avoir de graves conséquences à l’âge de 18 ans. Malgré le danger inhérent au sport motorisé, elle n’entend pas accrocher son volant de sitôt.
«Je me suis plantée souvent, mais tu te fais éjecter, tu te relèves et c’est correct. Une fois, pendant une pratique à Valcourt, une courroie a éclaté et est venue casser mon gros orteil. Le choc a tellement été fort que j’ai perdu connaissance. Je suis tombée et je suis rentrée à 100 miles à l’heure dans les bottes de foin», raconte-t-elle tout bonnement.
«Je me suis réveillée à l’hôpital, où on me faisait passer des scans. J’avais six fractures au bassin, deux vertèbres, un tibia et une cheville cassés. J’en ai eu pour deux mois à m’en remettre. Sur le coup, j’ai pensé arrêter, mais quand tu aimes ça, tu aimes ça!»
En plus de pratiquer le sport popularisé par Jacques Villeneuve, Sabrina Blanchet pilote également des bolides de stock-car sur terre battue. Pendant la période estivale, on peut la voir en action dans les classes STR et Lightning sprints.
«La motoneige, ça reste ma première passion. C’est le sport que je prends le plus au sérieux. Le stock-car, c’est surtout pour garder le rythme pendant l’été. Au début, c’était pour s’amuser, mais de plus en plus, on veut gagner des courses.»
Éternellement reconnaissante envers l’homme d’affaires George Samson, qui lui a ouvert les portes dans le milieu de la motoneige, Sabrina Blanchet identifie également le pilote Jason Lavallée parmi ses modèles. «Sans George, je ne serais pas ici aujourd’hui. C’est lui qui m’a tout appris dans le métier. Pour ce qui est de Jason, c’est comme un grand frère pour moi. Je me disais qu’un jour, j’allais courser avec lui en pro champ», confie-t-elle.
En vedette à Valcourt
En plus de courir un peu partout aux États-Unis, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, Sabrina Blanchet sera l’une des principales têtes d’affiche dans le cadre du 40e Grand prix Ski-Doo de Valcourt. De retour après une absence de deux ans, la compétition réunira les as de la glisse sur motoneige, snocross, moto et VTT, du 10 au 12 février, sur le mythique circuit Yvon-Duhamel.
«Valcourt, c’est une de mes pistes préférées. J’ai toujours bien performé sur cette piste. Je me sens comme à la maison et j’adore l’ambiance! C’est comme mon deuxième championnat du monde. Même les gars des États-Unis trippent sur Valcourt. C’est la course où tu veux toujours bien performer», affirme la favorite de la foule.
«C’est une piste spéciale à conduire, mais un coup que tu as pogné le truc, ça va bien. Il y a deux coins vraiment serrés et deux grands coins. Il faut que tu t’ajustes d’un tour à l’autre. C’est vraiment différent des autres pistes», conclut la première femme à avoir atteint le podium dans la classe «pro champ» à Valcourt.