Jason Lavallée de retour au sommet de son art

Jason Lavallée de retour au sommet de son art

Champion en titre du circuit Pro Tour

COURSES DE MOTONEIGE. Dans le monde des courses de motoneige sur glace, Jason Lavallée n’a plus besoin de présentations. Après une interruption de deux ans en raison d’un grave accident, le Drummondvillois de 36 ans a effectué un retour triomphal l’hiver dernier. À l’approche du Grand prix ski-doo de Valcourt, l’expérimenté pilote domine à nouveau outrageusement ses adversaires… et continue de s’amuser comme à ses débuts.

«J’ai été élevé là-dedans. Dans ma famille, on est des mordus. Quand j’étais p’tit gars, mon père m’amenait voir les courses tous les ans à Valcourt. C’est là que j’ai attrapé la piqûre», partage Lavallée, de passage dans les bureaux de L’Express.

Ayant commencé à faire des courses de motoneige en 1997, Jason Lavallée a rapidement fait parler de lui en gagnant le championnat du monde en 1999 et en 2000 dans la classe Vintage 800. Celui qui a fait ses débuts avec l’équipe du Drummondvillois Georges Samson avant de faire le saut avec une écurie de Toronto a remporté un premier titre sur le circuit de l’est américain dans la catégorie semi-pro en 2005.

Victime d’un grave accident survenu à Boonville, dans l’État de New York, en 2011, Lavallée aurait pu y laisser sa peau. Le voilà toutefois de retour au sommet de son art, alors qu’il court désormais pour l’un des meilleurs préparateurs de motoneige sur glace au monde, l’Américain Chuck Villeneuve.

«À la suite de cet accident, je suis tombé dans le coma. Les docteurs m’ont interdit de continuer. J’ai complètement arrêté pendant deux ans. Puis, l’année passée, mon ami Felipe Roy, qui court pour une équipe de New York, a eu un accident de travail qui lui a crevé un œil. Il m’a demandé d’être son remplaçant pour l’année. Je n’ai pas pu dire non. Finalement, j’ai gagné le championnat», raconte-t-il.

Vainqueur de pratiquement toutes les courses, Lavallée n’a toutefois pas pu prendre part à la finale à Valcourt, lui qui a de nouveau été victime d’une violente sortie piste dans la courbe numéro 2. «Je suis chanceux d’être encore en vie et de pouvoir marcher. Le principal c’est que je n’ai pas blessé aucun spectateur. À 100 miles à l’heure, j’avais un bon ange gardien», lance le sympathique colosse.

Champion en titre dans la classe Pro Champ 440, Lavallée est donc à nouveau le meneur au classement du circuit Pro Tour cette année. Après avoir fait bonne figure au prestigieux championnat mondial d’Eagle River, au Wisconsin, il a entamé la saison par un week-end parfait à Cornwall, en Ontario. Il a poursuivi sur sa lancée la fin de semaine dernière, à Boonville, avant que la finale soit annulée en raison de la pluie verglaçante.

«Évidemment, on aimerait bien gagner le championnat encore cette année. J’ai une très bonne équipe. J’ai un plaisir fou avec mon propriétaire. Le problème, c’est ma condition physique. Mes genoux sont finis et j’ai beaucoup de bobos. Je prends donc ça une journée et une course à la fois», confie-t-il.

«En général, les coureurs de notre circuit, on course d’ailleurs pour le plaisir. Personne ne veut se blesser ou se tuer. On travaille tous le lundi matin. Dans l’Ouest américain, c’est autre chose. Ce sont des pilotes de compagnie qui gagnent leur vie avec ça. Ils sont prêts à tout pour gagner. C’est parfois dangereux.»

Mécanicien au garage familial Lavallée Réparation de Drummondville, Jason Lavallée se sert de sa vaste expérience dans ce domaine à son avantage pendant les courses.

«Je suis capable de m’adapter vite aux conditions de piste. Plusieurs pilotes n’ont jamais bricolé de leurs mains. Ils n’ont jamais appris à ajuster leur ski-doo. Quand ils en ont besoin, je leur propose mon aide. Certains jeunes viennent même pratiquer sur ma piste. Je leur donne des bons trucs. Évidemment, je ne peux pas donner tous mes secrets : j’en garde quelques-uns dans ma manche», relate celui qui a notamment prodigué ses conseils à Sabrina Blanchet, une jeune sensation de Québec membre de l’équipe drummondvilloise Samson Racing.

Actuellement, Lavallée est d’ailleurs le deuxième pilote le plus expérimenté sur le circuit de l’est américain.

«Aujourd’hui, les jeunes pilotes sont très rapides, mais il leur manque d’expérience. Ils ne font pas de motoneige de trail pour le plaisir. Moi, quand j’ai fini les courses, je vais me promener partout au Québec. J’ai appris à conduire dans différentes sortes de sentiers», indique-t-il.

«Dans le monde de la motoneige, c’est tout un ensemble qui fait que tu gagnes. Ça ne prend pas juste un bon moteur. Ça prend de la persévérance, un bon jugement et surtout de l’expérience pour juger les conditions de glace. La piste se détériore très vite. Le gars qui va gagner la course, c’est souvent celui qui va avoir le mieux ajusté sa machine. Ça prend donc une bonne équipe technique.»

«Quand on commence la fin de semaine, la glace est parfaite, poursuit-il. Le samedi, il y a des trous de 30 centimètres sur la piste, et le dimanche, ils atteignent 50 centimètres. Il faut user de technique. Pour ne pas frapper les trous, il faut rouler à haute vitesse et passer par-dessus. C’est à basse vitesse que nos machines sont dangereuses.»

Bon ami de Jacques Villeneuve, Jason Lavallée voue un immense respect à cette légende de la course de motoneige. Celui qui est en rémission d’un cancer a annoncé sa retraite définitive cette semaine à la suite d’un violent accident survenu à Boonville.

«À 61 ans, je lui lève mon chapeau. C’est un chauffeur exceptionnel. Le châssis de sa machine date de 1982. C’est une machine très technique à chauffer. La moindre erreur ne pardonne pas.»

C’est donc avec le vent dans les voiles que Lavallée se prépare à participer au Grand prix de Valcourt, du 20 au 22 février. «C’est une course difficile, car les meilleurs pilotes de l’Ouest américain sont là. On a quand même de bonnes chances d’être sur le podium. C’est une piste à haute vitesse. Ça va être une bonne fin de semaine de courses. Il va y avoir de l’action et de l’adrénaline en masse», lance-t-il en invitant les amateurs de sensations fortes à parcourir les 55 kilomètres qui séparent Drummondville et la capitale mondiale de la motoneige.

«Les gens sont bienvenus et peuvent même venir me voir dans les paddocks. Je vais répondre à leurs questions avec plaisir.»

À 186 km/h sur un ovale de glace

Mettant aux prises des as de la glisse sur motoneiges, snocross, motos, VTT et tout-terrains, le Grand prix ski-doo de Valcourt en sera à sa 33e édition durant le week-end du 20 au 22 février. Chaque année, des milliers de spectateurs s’y donnent rendez-vous pour assister aux prouesses des meilleurs pilotes canadiens et américains. Dans la catégorie Pro Champ 440, les athlètes coursent sur un anneau de glace de 805 mètres et atteignent une vitesse de pointe de 186 km/h.

Un coureur «invincible»

Récemment, le rédacteur en chef du site web spécialisé holeshotquebec.com, Jean-Nicolas Perron, a parlé du vétéran Jason Lavallée en termes on ne peut plus élogieux. «Il y a de ces coureurs qui semblent invincibles, tant par leurs aptitudes que par la confiance qu’ils dégagent au volant de leur motoneige. Jason Lavallée de Drummondville en fait partie. Le weekend dernier à Cornwall, […] Lavallée n’a pas fait de course, il a tout simplement possédé la piste.»

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