Frères de la Charité : le tribunal autorise une action collective et lève le voile sur l’identité de sept accusés

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Frères de la Charité : le tribunal autorise une action collective et lève le voile sur l’identité de sept accusés
Sept hommes ayant fait partie de la congrégation des frères de la Charité sont visés à ce moment-ci par le recours collectif, qui a été autorisé par la Cour supérieure. (Photo : Deposit)

JUSTICE. La Cour supérieure de Montréal vient de donner le feu vert à une action collective contre les frères de la Charité, dont plusieurs ont enseigné à Drummondville dans les années 1950 à 1980. Sept hommes sont accusés d’agression sexuelle.

«Il y a eu plusieurs années d’attente, car la congrégation avait d’abord contesté le recours et demandé l’anonymat pour les agresseurs qui sont visés par les dénonciations de nos victimes. Le juge a tranché en refusant cette demande de confidentialité et en permettant que les victimes nomment publiquement le nom de leur agresseur», explique Me Justin Wee, du cabinet d’avocats Arsenault Dufresne Wee de Montréal.

C’est l’héritier du demandeur, désigné sous les initiales A.B. dans les documents judiciaires, qui s’est vu accorder le statut de représentant pour toutes les victimes ayant été agressées sexuellement par des membres de cette congrégation.

Aujourd’hui décédée, la victime, qui a levé le drapeau rouge sur ces années inacceptables, alléguait avoir été agressée à l’âge de 12 ans par le Frère Raphaël, qui enseignait au Collège Saint-Frédéric de Drummondville. À au moins cinq reprises, ce religieux aurait inséré une main dans le sous-vêtement du jeune garçon. Ces gestes lui ont causé anxiété, humiliation et culpabilité en plus de l’avoir plongé dans des épisodes de dépression.

Me Justin Wee du cabinet ayant initié le recours collectif. (Photo Gracieuseté)

À la suite d’un appel invitant les victimes des frères de la Charité à se révéler, le cabinet d’avocats a été en mesure d’en inscrire plus d’une dizaine au recours collectif. Il est d’ailleurs toujours possible de le faire en toute confidentialité et gratuitement à écrivant un courriel à cette adresse : actioncollective@adwavocats.com.

Présumés agresseurs

À ce jour, sept présumés agresseurs ont été inscrits au tableau des victimes qui a été présenté au tribunal pour les fins du recours collectif. Il s’agit du Frère Raphaël (Collège Saint-Frédéric, vers 1950), du laïc Joseph Fournier (vers 1980), du Frère Joseph Fournier (Collège Saint-Bernard, vers les années 1978-1980), du Frère Roland Roberge (Collège Saint-Bernard, vers les années 1975-1980), du Frère Thibault (Collège Saint-Bernard, vers les années 1975-1980), du Frère Albert Bibeau (Collège Saint-Bernard, vers les années 1966-1970) ainsi que du Frère Antonin (Collège Saint-Bernard, vers les années 1966-1968).

«Quand vous regardez cette liste-là, il y a un laïc qui s’appelle Joseph Fournier. Trois victimes disent avoir été agressées par lui au Collège St-Bernard. Il y en a sûrement d’autres et ça doit être dénoncé. Ce recours est l’occasion unique d’en parler et de mettre en lumière ce qui s’est passé réellement», indique Me Wee, qui ajoute que «les victimes n’auront pas à témoigner devant la cour», étant donné l’autorisation du recours collectif.

Rappelons que ce sont les frères de la Charité qui ont fondé le Collège Saint-Bernard en 1962. L’établissement a cependant été laïcisé en 1998. La congrégation a aussi fondé le Mont-Saint-Antoine, un ancien collège de réforme situé à Montréal. Là aussi, il y aurait de nombreuses victimes alléguées d’agression sexuelle.

Outre l’action collective contre les frères de la Charité, le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats mène d’autres luttes contre des congrégations religieuses ou des diocèses au Québec. Plus de 1 500 victimes sont inscrites dans les différents recours.

«Plus le temps passe, plus les victimes vieillissent. Cependant, on réalise que lorsque des victimes de plus de 70 ans nous contactent, elles n’ont plus peur. Ça envoie un message aux agresseurs que les abus ne resteront jamais impunis. Elles n’ont plus peur et cela est le début de la guérison. Cela est très important : l’action collective va permettre l’accès à la justice pour toutes les victimes», termine Me Justin Wee.

Partager cet article