Municipalités et fermes se concertent pour la rétention de travailleurs agricoles

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Par Cynthia Martel
Municipalités et fermes se concertent pour la rétention de travailleurs agricoles
(Photo : Deposit)

AGRICULTURE. L’Union des producteurs agricoles (UPA) du Centre-du-Québec lance un projet pilote assez unique dans la province. Des municipalités et des fermes de la région seront jumelées pour faciliter l’intégration et la rétention des travailleurs en milieu agricole.

Le projet Agri-intégration regroupe 15 municipalités et fermes centricoises, soit trois jumelages par MRC. Dans Drummond, la Ville de Drummondville est jumelée à Les Jardins et les fermes d’à côté. Saint-Germain-de-Grantham a également manifesté son intérêt.

«On doit dans les prochains jours sélectionner la ferme. Il reste aussi un jumelage à concrétiser, avis aux intéressés!» lance Guylaine Martin, agronome et responsable du projet.

Pour être précis, le projet pilote ne vise pas à attirer de la nouvelle main-d’œuvre. «C’est plutôt dans le but de chouchouter ceux qui sont déjà à l’emploi, mais qui ne proviennent pas de la région, afin qu’ils se sentent bien au travail et qu’ils se sentent à leur place dans leur ville d’accueil», explique Mme Martin.

En plus de rendre agréable l’intégration des travailleurs dans leur milieu de vie, les employeurs seront outillés pour mettre en place les bonnes pratiques en gestion des ressources humaines.

L’objectif est de diminuer le taux de roulement de personnel tout en vitalisant les municipalités. Pour ce faire, diverses stratégies ont été ciblées. Parmi elles, la vidéo promotionnelle de chacune des municipalités participantes.

«Dans cette vidéo, les employés pourront découvrir leur ville d’accueil sous différents angles, que ce soit par la présentation des infrastructures sportives et culturelles, les services municipaux disponibles, la vision de la municipalité, etc.», énumère l’agronome.

La Ville de Drummondville a d’ailleurs versé une somme de 1000 $ à l’UPA pour permettre notamment la réalisation de la vidéo.

«On est vraiment contents d’y contribuer, car ce n’est pas tant nommé le milieu agricole, bien que je sois sensible à ce domaine étant donné que je viens de Saint-Nicéphore où il y a plusieurs terres.

C’est un beau projet qui met en valeur les agriculteurs d’ici et notre ville. C’est aussi un bel exemple de concertation», exprime la mairesse Stéphanie Lacoste.

De surcroît, un budget est alloué pour offrir de l’accompagnement personnalisé aux travailleurs.

«Cette personne peut être par exemple un employé du Carrefour jeunesse emploi ou encore un employé municipal qui pourrait accompagner la personne à la bibliothèque ou bien faire découvrir certains services municipaux, selon les besoins. Bref, il s’agit d’un service personnalisé», indique-t-elle.

Les travailleurs ont aussi accès à un programme d’apprentissage et des formations continues.

Ouvrir la voie à d’autres initiatives

L’UPA espère que ce projet pilote ira au-delà du domaine agricole. Autrement dit, qu’il servira de point de départ à de nombreuses autres actions pour l’intégration de travailleurs de tous les secteurs confondus.

«On souhaite que les municipalités continuent de mettre sur pied des initiatives d’intégration tout en consolidant celles en place. Il y en a d’ailleurs déjà de très bonnes qui font leur preuve, je pense entre autres aux tours de ville organisés par Drummondville et les matchs de soccer entre travailleurs internationaux à Wickham. J’ai envie de dire aux municipalités : Servez-vous de ce projet pilote pour l’étendre à d’autres titres d’emploi, par exemple pour accueillir une nouvelle coiffeuse ou un nouveau soudeur», suggère Mme Martin.

Parallèlement à toutes ces initiatives, l’UPA sensibilisera les conseillers en emploi et en orientation pour défaire les mythes sur l’agriculture.

«L’agriculture a évolué. Ça réunit maintenant plusieurs titres d’emploi, ça ne se résume plus à travailler aux champs ou traire une vache. C’est bien plus que ça et nous avons besoin de plus en plus de main-d’œuvre qualifiée maintenant que c’est davantage mécanisé. Vous savez, ce n’est pas parce qu’on aime travailler avec les animaux qu’on doit nécessairement devenir vétérinaire ou qu’on aime le plein air qu’on doit aller en foresterie. Le domaine agricole peut plaire à bien plus de gens que l’on pense», considère l’agronome.

Le projet pilote, estimé à 260 000 $, se poursuit jusqu’au 31 décembre.

«On pense qu’on est les seuls à avoir imaginé ce projet au Québec et on en est bien fiers», conclut Guylaine Martin.

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